Première victime du repli de la construction de logements, le marché des maisons ne va pas rebondir cette année et risque de reculer encore par la suite, a prévenu jeudi sa principale fédération, qui en tient la réduction d'aides publiques pour responsable.

« Le marché est frappé de plein fouet par les mesures budgétaires prises fin 2017 », a déclaré Patrick Vandromme, président des Constructeurs et Aménageurs (LCA, fédération qui regroupe un gros millier d'entreprises et est liée à la Fédération française du bâtiment FFB) lors d'une conférence de presse de bilan annuel.

Après deux années d'essor, la construction de logements s'est repliée l'an dernier en France : si les immeubles limitent ce déclin, il est particulièrement marqué pour les maisons individuelles. Selon les chiffres de LCA, qui se basent sur une étude auprès de 300 constructeurs, les ventes de maisons ont reculé de 11,3% l'an dernier dans le « secteur diffus » (qui recouvre les ventes de maisons hors programme immobilier plus large). La baisse est particulièrement marquée en Bretagne et Normandie, mais se ressent partout. « C'est quasiment une ville de 45.000 habitants qui n'a pas été construite », a commenté Patrick Vandromme.

Déclin du moral des ménages

La fédération tient surtout pour responsable la réduction de plusieurs aides publiques à la propriété, décidée fin 2017 au début du quinquennat d'Emmanuel Macron, même si elle évoque aussi le déclin du moral des ménages.

Le gouvernement a notamment resserré le périmètre géographique du prêt à taux zéro (PTZ). A partir de l'an prochain, il ne sera plus possible d'en bénéficier dans les zones les moins « tendues », c'est-à-dire celles où l'offre de logement est jugée suffisamment en adéquation avec la demande. Or c'est dans ces zones, le plus souvent péri-urbaines ou rurales, que sont beaucoup présents les constructeurs de maison, alors que les promoteurs se concentrent essentiellement sur les zones tendues.

Pour l'avenir immédiat, vu que le PTZ sera maintenu partout cette année et que le bas niveau des taux d'intérêt encourage toujours à emprunter pour acheter, la fédération prévoit une stagnation des ventes en 2019. C'est pour la suite qu'elle se montre plus inquiète : elle estime que 2020 sera « l'année de tous les dangers » si le recentrage des aides n'est pas amendé par le gouvernement. « 2019, on saura gérer. Le souci, là c'est l'inquiétude, c'est pour 2020 », a conclu Patrick Vandromme. « Si rien ne se passe, (...) on sera aux alentours de -20%. »