En ce qui me concerne, j'en pense que c'est une entreprise candidate à un rachat d'ici quelques années.
Il ne faut pas voir négativement cette remarque. C'est plutôt positif pour l'investisseur.
Le passé récent est trufé de telles opérations dans le monde de l'énergie :
Futuren racheté par EDF.
Quadran (non coté), né en 2013 par la fusion de JMB Énergie et d'Aérowatt, a été racheté par Direct Energie en 2017.
Poweo, également absorbé par Direct Energie.... Qui sera, à son tour absorbé par Total en 2018.
La liste n'est pas close.
D'ici là, laissons Neoen produire et prospérer :
Producteur indépendant d'énergie renouvelable en France, son activité se concentre sur la production d'énergie solaire et éolienne : 2/3 dans le solaire et 1/3 dans l'éolien.
3 principales zones d'activité :
-Europe de l'Ouest : France, Portugal et Irlande;
-Australie;
-Amériques : Salvador, Mexique, Jamaïque, Argentine et aux Etats-Unis.
Le groupe vient d'annoncer (21/02/2019), un CA de 227,6 M€ pour 2018, en hausse de 63% sur 2017.
Dès son introduction, l'action a été recherchée.
Les fonds levés à cette occasion financeront la montée en puissance des capacités de production électrique du groupe qui envisage de produire 5 GW en 2021 contre 2 GW actuellement
Si la société ne délivre pas de dividende pour l'instant (prévu en 2022), elle est rentable depuis plusieurs exercices.
Le PER de Neoen est de 16 si on anticipe un résultat net de 10 pour 2018 (7,4 en 2017).
Les comptes seront publiés le 17 avril.
La capitalisation boursière est de 1,68Md€.
Ses concurrents sont plutôt un peu moins chers, boursièrement parlant, mais aussi plus petits :
-Electro Power Systems (EPS) PER de 12 pour une capi de 149M€
-Albioma (ABIO) PER de 14 pour une capi de 600M€. est spécialisée dans la biomasse
-La Française de l'Energie (LFDE), très petite société avec 77M€ de capi est plutôt sur un autre registre : production de gaz de houille dans les bassins miniers fermés de la Lorraine et du Nord de la France.
-Le concurrent offrant le plus de ressemblance est Voltalia : 436M€ de capi. Le PER actuel n'est pas représentatif. Il devrait être de 10 en 2020.
Un problème : la dette.
Le ratio dette nette/EBITDA s'élevait à 9,6 fin 2017.
disons le tout net, c'est gigantesque.
Le groupe met en avant la durée des contrats, souvent pour des durées allant de 10 à 25 ans, alors que les investissements sont faits avant que ces infrastructures n'entrent en production. Neoen annonce 5,2 Mds€ de revenus garantis sur ces contrats.
Certes, actons l'argument!
Grâce à ces revenus garantis, Neoen espère arriver à un ratio de dette nette/EBITDA d'environ 8 d'ici la fin 2021.
C'est mieux, mais c'est encore extrêmement élevé, et on peut parier que cette situation persistera puisque l'accroissement de la production ne peut se faire que pas la construction de nouvelles infrastructures.
Si les taux restent bas, et on peut penser qu'ils vont le rester : Tout va bien.
L'inverse handicapera sérieusement Neoen.
La PPE, un avantage... Et, peut-être, un inconvénient, mais pas pour l'investisseur.
Neoen doit profiter pleinement de la PPE, la programmation pluriannuelle de l’énergie.
La PPE n'est autre que la stratégie de la France pour l’énergie et le climat à horizon 2019-2023 et 2024-2028.
Elle fixe pour principal objectif de réduire de 35% la consommation d’énergies fossiles d’ici à 2028, par rapport à 2012, afin d’atteindre -40% d’ici 2030.
Elle doit aussi servir à réduire notre
"dépendance au nucléaire, pour que la France ne passe pas à côté des renouvelables", a expliqué le ministre de l’Environnement lors de sa présentation le 27 novembre 2018.
Le plan électricité intéresse particulièrement Neoen puisqu'il prévoit la fermeture de 14 réacteurs nucléaires d’ici à 2035, et le
passage à 40% d’électricité renouvelable en 2030 (contre 17% actuellement).
Le choix du gouvernement en faveur de l’éolien terrestre et maritime, ainsi que du solaire photovoltaïque a clairement été acté.
La production d'électricité devra passer de 50 gigawatts aujourd'hui à 74 gigawatts en 2023, puis à plus de 102 gigawatts en 2030 pour satisfaire à ces projections gouvernementales.
Neoen a donc de beaux jours devant lui.
Mais cette PPE pourrait aussi contenir les germes d'une menace pour Neoen.
Elle n'est pas seule à produire, ou s'intéresser à l'électricité issue des éoliennes et autres capteurs photovoltaïques.
Et ces autres entreprises s'y intéressant sont autrement plus puissantes :
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EDF, 38Mds€ de capitalisation, plus de 20 fois la taille de Neoen, fourbit ses armes et prévoit de développer 30 gigawatts de capacité photovoltaïque d'ici à 2035.
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Total, 150Mds€ de capi (100 fois Neoen) vise 10 gigawatts en dix ans.
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Engie, 30 Mds€ de capi, prévoit de produire 2,2 gigawatts en 2021. Engie qui a, par ailleurs, annoncé un important virage stratégique vers les énergies renouvelables.
Dans un marché atomisé (il y a des dizaines d'entreprises non cotées en France), et appelé à se développer fortement, on peut déjà parier que la concentration va aller de concert avec le développement du secteur. A ce jeu, ce sont les plus gros qui s'y développeront le plus par les capitaux qu'ils pourront mobiliser.
Au passage, les petits seront mangés par les plus gros.
Vu de l'investisseur, cette perspective est plutôt positive, bien évidemment.
Le titre a été introduit en bourse le 16 octobre à 16,5 euros par action, mais à coté pour le 1er jour à 17,2€.
Graphiquement, il est bien trop tôt pour faire la moindre projection.