il est trop tard pour faire une analyse constructive,
Trop tard? Il n'est jamais trop tard.
Hum, Michelin.... Le secteur automobile est de nouveau malmené suite à la dernière salve assassine de Trump contre la Chine!
S'y risquer maintenant, est-ce bien prudent?
Pourtant, au sein du secteur auto/équipementiers, Michelin est sans doute le meilleur titre à acheter.
PER de 9, rendement > 4%, si on fait un bond de quelques années dans le futur, les cours actuels apparaitront certainement comme ayant été une belle opportunité pour un titre de cette qualité.
Cependant, les soubresauts actuels ne sont sans doute pas terminés!
On le voit aux avis des analystes suite à la récente présentation des chiffres du S1 2019 :
Oddo est acheteur avec un objectif de cours de 135€, quand AlphaValue passe à alléger avec un objectif de cours réduit de 111 à 102€.
Des résultats du S1 qui nous apprennent que :
Les ventes ont progressé de 0,8% à périmètre constant, et de 11% grâce aux acquisitions en 2018 des sociétés Fenner et Camso.
Pour un secteur auto moribond, afficher une hausse de 0,8% est une excellente nouvelle. C'est le moins que l'on puisse dire.
Le principal facteur de soutien de l'activité de Michelin est le pneu de remplacement. Un segment d'activité qui reste actif, même en période de récession.
Un autre facteur positif pour Michelin est l’acquisition du britannique Fenner (1,48 Md€) spécialisé dans les tapis roulants (notamment pour l’industrie minière), et du canadien Camso (1,25 Md€) dans les pneus et matériaux de spécialités pour les engins agricoles, les avions, le BTP, l'industrie, ou les activités minières. Des marges jusqu'à 2 fois supérieures à celles des pneus classiques.
Les ventes sur ce secteur bondissent de 52% grâce à l'intégration de Fenner et Camso.
Moins agréable à lire dans ces résultats est
le bénéfice net qui recule de 8% sur 2018.
Un CA qui progresse, mais qui génère moins de bénéfices : La marge recule légèrement à 12,2%, contre 12,5% en 2018.
"Les ventes de pneumatiques pour l'automobile, qui représentent près de la moitié du chiffre d'affaires, ont progressé de 1% à 5,7 milliards d'euros. La marge opérationnelle a toutefois baissé d'un point dans cette division, à 10,3%, par rapport au premier semestre de l'an dernier." a indiqué le directeur financier de Michelin.
En cause, selon lui, la hausse du coût de certaines matières premières utilisées dans la fabrication des pneumatiques.
Une autre cause, qu'il ne dit pas, est à chercher dans les offres promotionnelles faites sur les prix des pneus de voiture... Dont j'ai profité récemment avec un rabais de 20€ pour 2 pneus Michelin achetés.
Dans le contexte économique actuel, Michelin juge le marché mondial "
plus difficile que prévu", et a abaissé ses prévisions d'activité pour 2019 sur les marchés Tourisme (-1%), Camionnette (-1%), et Poids lourds (-2%).
L’impact devrait être d’environ 100 M€ au niveau du Résultat d'Exploitation (REX).
Par contre, la performance dans les pneus de spécialité (22% de l'activité) qui a été supérieure aux attentes des analystes, n'est pas revue en baisse. La concurrence est moins forte que dans les pneus de voitures. Un secteur du marché des pneus spécialisés qui progresse régulièrement de 3 % tout en offrant des marges confortables.
A noter que Michelin va regrouper l'ensemble de ses activités pneus de spécialités avec Camso. Elle sera dirigée depuis le Canada et deviendra le leader mondial du secteur.
A plus long terme :
Un élément d'inconnue réside dans le récent changement de PDG.
Jean-Dominique Senard a transformé le groupe au cours de ses 15 ans de mandat et l'a propulsé au tout premier rang des leaders mondiaux du secteur. Le nouveau PDG pourra-t-il maintenir l'entreprise à un tel niveau?
Et le caoutchouc? Une source d'inquiétude d'ici quelques années.
Les cours du caoutchouc ont été en 2018, en moyenne, 1/3 plus bas que sur la période 2005 à 2018.
Au plus bas au deuxième trimestre 2018, ils s'établissaient à 1,34 €/kg en juin 2018.
Ils remontent régulièrement depuis la fin 2018 pour être à 1,71 €/kg en juin 2019.
Selon Michelin (document de référence 2018), une baisse de 0,1USD (0,09€) par kg sur le cours du caoutchouc naturel génère une baisse de l’ordre de 90 millions USD sur les coûts d’achat (80 M€).
En 1 an, les cours ont augmenté de 0,37€ (0,41USD). Le surcoût lié à la matière première s'élèverait donc à quelque-chose comme 360 millions USD, soit 323 M€.
Si les cours du caoutchouc restent dans des variations habituelles des cours, à plus long terme, 2022 à 2025, des risques pèsent sur la production, et donc sur le prix de cette matière première.
En cause :
La forte hausse des cours en 2010/2011 avait entraîné d'importants efforts de plantation d'hévéas entre 2010 et 2013.
Le cycle de vie de l'arbre fait qu'il est arrivé à maturité et offre actuellement une production maximale.
La rentabilité étant faible, les superficies replantées actuellement sont en chute libre. D'où des inquiétudes fortes concernant les approvisionnements à l’horizon 2025.
Afin de sécuriser ses approvisionnements en caoutchouc naturel, Michelin a acquis 35% de SIPH (Société internationale de plantations d'hévéas) en 2017, et en détient 92% en association avec la société ivoirienne Sifca.
Graphiquement, on prend du recul avec une UT Hebdo :
Quelques lignes importantes :
La résistance LT horizontale en pointillés rouges vers 103€. Elle a pris naissance sur le + haut de 2007.
Un canal haussier (en mauve) débuté après le krach de 2008 et marqué par 1 ligne de support et 1 ligne de résistance.
Et un superbe support haussier de TLT (ligne continue verte) que je n'avais pas encore identifié parce qu'il faut visualiser l'ensemble du graphique depuis son origine pour le voir.
Débuté en 1987, il aligne des + hauts en 1997 et 1998. Puis des points bas en 2013, 2014, 2015, 2016 et fin 2018 vers 82,60€.
Et en UT Jour :
Non visibles en Hebdo, j'ai tracé en violet les lignes directrices de court terme :
2 lignes baissières parallèles. On est dans un petit canal baissier depuis avril.
1 support horizontal de CT à 96,30€.
En conjonction avec le support baissier, les cours sont venus les toucher ce vendredi.
On entre en survente et les volumes gonflent.
La bougie de vendredi est un doji porteur d'eau. Les 2 longues mèches traduisent l'indécision totale des investisseurs.... Et il y a de quoi!!
Rebond possible à très court terme avec 2 lignes de blocage sur 103,10€, puis vers 108€.
Pour qui veut entrer sur le titre, un retour sur le support TLT serait un très beau niveau d'entrée.
Situé vers 84€ actuellement, il est en légère pente haussière.
Alors, Michelin aujourd'hui : C'est le verre à moitié vide, ou à moitié plein?
Conjoncture économique mondiale oblige, il parait quand même un peu plus à moitié vide, que l'inverse!!