Légataire à titre universel et erreur de la compagnie sur les bénéficiaires

Laverdure

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Bonjour,

Les faits :
Une "cousine" à la mode de Bretagne (exactement la fille d'un cousin de mon arrière-grand-mère) est décédée et a laissé un contrat d'assurance-vie avec une clause bénéficiaire par défaut, savoir les enfants, le conjoint, etc, à défaut mes héritiers. Après la souscription de ce contrat, ma cousine a rédigé un testament pour distribuer son patrimoine car, au moment de la rédaction de ce testament, son mari, sa fille unique, son petit-fils unique sont décédés. Elle n'a plus aucun héritiers réservataires.

Elle a donc désigné à son testament les personnes qui lui étaient le plus proche affectivement : le fils de son mari issu d'un précédent mariage, son avocat (d'ailleurs, est-ce bien déontologique que l'avocat soit sur le testament d'un de ces clients ?), mes parents aujourd'hui décédés donc maintenant mon frère, ma soeur et moi-même.

Le notaire chargé de la succession a dévoilé le testament et la phrase est :" je lègue XX% à celui-la, XX% à celui-ci, etc". Ainsi, en terme patrimoniale, nous sommes héritiers d'un bois et d'un bout de terre non constructible quelque part.

Le problème :
A la demande de la compagnie d'assurance, le notaire a établi une dévolution successorale où les cinq personnes désignées au testament sont qualifiées de "légataires à titre universel". Ce sont des légataires qui, à la différence du légataire universel, n'ont pas vocation au tout de la succession.

Quand bien même, il est évident, y compris pour le notaire, que ma cousine souhaitait nous désignait comme légataires universels, il ne pouvait pas interpréter le testament et était obligé de nous désigner en tant que légataire à titre universel.

Or, pour la compagnie d'assurance et au contraire du droit de la succession, les légataires à titre universel ne sont pas considérés comme héritiers et ne peuvent pas se réclamer du mot "héritiers" de la clause bénéficiaire.

Ma question :
La compagnie d'assurance est-elle légitime à considérer que les légataires à titre universel ne sont pas héritiers alors que le droit de la succession l'admet totalement ?
Si la question doit être posée devant un juge pour interpréter les dernières volonté de ma cousine, quels seraient les arguments ? La jurisprudence est-elle abondante ?

Dernière question rapide :
Dans les échanges de courriers et démarches auprès de la compagnie, nous avons, un jour, reçu un courrier de sa part nous demandant des documents pour pouvoir procéder au paiement du capital : demande de prestations, déclaration partielle de succession à adresser aux impôts, etc. Dans l'entête de cette lettre, le contrat est bien désigné et nous sommes stipulés en tant que bénéficiaire avec un numéro unique pour pouvoir déposer les documents, ce que nous avons fait sans problème. Plusieurs fois par téléphone, nous avons eu confirmation que nous sommes bien désignés en tant que bénéficiaire.

Or, la compagnie nous adresse après une lettre disant qu'elle a commis une erreur, que nous sommes pas bénéficiaires.

Question donc : il me semble fort que si une compagnie d'assurance émet une lettre d'acceptation, cette lettre est irrévocable quelque soit les développement ultérieure. Le simple fait de nous avoir désignés comme bénéficiaire à un moment donné, quand bien même c'est erreur, oblige-t-il la compagnie à nous indemniser à hauteur de ce que nous aurions du recevoir ?


Mille excuses pour ce très long post !!! Mille mercis par avance pour vos réponses !!
 
Bonjour,
si je comprends bien le testament est muet sur l'assurance vie, et est rédigé bien par bien; dans ce cas, ce qui n'est pas dans le testament, suit les règles des successions et l'assurance vie est règlée par sa clause bénéficiaire;
il en serait autrement si le testament était rédigé sous la forme: je lègue tous mes biens à...à...à....à.... avec des % ou des quotités; et comme il est postérieur à la clause bénéficiaire (dont on suppose qu'elle n'avait pas été acceptée par les bénéficiaires), il s'appliquerait; mais comme il désigne certains biens parmi la totalité de la succession, tout ce qui est hors du testament suit la loi;
Concernant l'AV il faut donc suivre la clause et non le testament, si j'ai bien compris l'écriture du testament; donc ce sont ses héritiers "légaux", sans tenir compte des clauses testamentaires, qu'il faut rechercher

Question donc : il me semble fort que si une compagnie d'assurance émet une lettre d'acceptation, cette lettre est irrévocable quelque soit les développement ultérieure. Le simple fait de nous avoir désignés comme bénéficiaire à un moment donné, quand bien même c'est erreur, oblige-t-il la compagnie à nous indemniser à hauteur de ce que nous aurions du recevoir ?
j'en doute fortement, les lésés gagneraient à coup sûr, la loi étant plus forte qu'un écrit
 
Dernière modification:
Ci-joint une chronique faisant suite à l'arrêt de cassation du 10/02/2016, n° 14-27057 et 28272 qui pourrait, si vous ne l'aviez pas déjà vu, vous intéresser : https://www.aurep.com/newsletters/assurance-vie-legataire-heritier-beneficiaire/

Oui, je l'avais lu, c'est ce qui m'a permis de comprendre la nuance entre légataire universel et à titre universel.

et est rédigé bien par bien; dans ce cas, ce qui n'est pas dans le testament, suit les règles des successions et l'assurance vie est règlée par sa clause bénéficiaire;

Et bien non, aucune distinction n'est donnée, pas de mention de tels ou tels biens. La formulation est : "Je lègue XX% à Lui, XX% à elle, etc. Dans le testament, il n'est fait mention nul part de telle ou telle propriété, tel meuble et encore moins de l'AV. Par contre, la seule chose qui manque et c'est finalement tout le problème, c'est le mot "tous" dans "je légue TOUS mes biens à ..."

j'en doute fortement, les lésés gagneraient à coup sûr, la loi étant plus forte qu'un écrit

D'où mon expression "indemnisation" et non pas capital. Pour se mettre en conformité, la compagnie verserait le capital à ces héritiers légaux. A nous, la compagnie verserait une indemnité en réparation de son erreur.
 
. La formulation est : "Je lègue XX% à Lui, XX% à elle, etc. Dans le testament, il n'est fait mention nul part de telle ou telle propriété, tel meuble et encore moins de l'AV.
je pensais bien que cela se jouait la dessus...donc tout se concentre non pas sur cette phrase, mais sur l'ensemble du testament;
Je pense que pour avoir un avis il faudait la teneur exacte de l'ensemble des termes y compris de l'intitulé; par ailleurs sous quel forme le testament a été rédigé et stocké? un notaire a enregistré au fichier des dernières volontés? ou bien est ce un notaire qui l'a rédigé? ou un simple document privé (olographe)
 
A nous, la compagnie verserait une indemnité en réparation de son erreur.

Pour percevoir une indemnité de quiconque il faut un préjudice. Dans cette "erreur" quel est votre préjudice ?
Vous avoir fait espérer que vous alliez percevoir un capital alors que ce n'est peut être pas le cas ? Je ne suis pas sur qu'un juge aille dans ce sens et attention à la procédure abusive, il faut mieux prendre un avocat spécialiste avant de se lancer dans ce qui pourrait être considéré comme un effet d'aubaine.
 
Bonjour, cela me donne une idée: on pourrait attaquer la FDJ?... ;) cela serait plus sûr que le hasard des jeux ou de la bourse...
Ah ah ! Voila une idée qu'elle est bonne !!! :)

je pensais bien que cela se jouait la dessus...donc tout se concentre non pas sur cette phrase, mais sur l'ensemble du testament;
Je pense que pour avoir un avis il faudait la teneur exacte de l'ensemble des termes y compris de l'intitulé; par ailleurs sous quel forme le testament a été rédigé et stocké? un notaire a enregistré au fichier des dernières volontés? ou bien est ce un notaire qui l'a rédigé? ou un simple document privé (olographe)
C'est un testament rédigé par la main de ma cousine et déposé chez un notaire. Elle n'a malheureusement pas été conseillée dans la rédaction. Je suppose qu'il a été déposé dans ce fichier des dernières volonté. Les termes sont simples et tiennent dans une demi-page. Pour chacune des personnes mentionnées, c'est "Je légue XX% à Untel ou ses héritiers en cas de décès" sans mention de tel ou tel meuble ou immeuble et sans la mention "je légue l'ensemble de mes biens à ..."

A nous, la compagnie verserait une indemnité en réparation de son erreur.

Pour percevoir une indemnité de quiconque il faut un préjudice. Dans cette "erreur" quel est votre préjudice ?
Vous avoir fait espérer que vous alliez percevoir un capital alors que ce n'est peut être pas le cas ? Je ne suis pas sur qu'un juge aille dans ce sens et attention à la procédure abusive, il faut mieux prendre un avocat spécialiste avant de se lancer dans ce qui pourrait être considéré comme un effet d'aubaine.

Nous prospectons déjà des avocats. En fait, vous devez savoir que nous fûmes très proches de ma cousine au contraire du lien de parenté distants qui nous liait. Au moment de sa mort, ceux inscrits sur le testament furent les plus proches personnes qu'elle connaissait : son mari, son avocat (??!!) et mes parents qui s'occupaient d'elle. Toutes ces personnes sont décédées maintenant et nous intervenons en tant qu'héritiers desdites personnes. On pense alors légitimement que les dernières volontés de ma cousine furent de distribuer ses biens entre nous. Du coup, cette éviction nous cause un préjudice.
 
. Pour chacune des personnes mentionnées, c'est "Je légue XX% à Untel ou ses héritiers en cas de décès" sans mention de tel ou tel meuble ou immeuble et sans la mention "je légue l'ensemble de mes biens à ..."

désolé, mais sans l'exactitude complète du texte et titre, on ne peut absolument pas avoir une idée; je comprends que vous ne vouliez pas rendre public le testament, mais chaque mot a son sens et les formulations dicteront l'interprétation;

Du coup, cette éviction nous cause un préjudice.
c'est la loi qui vous évince le cas échéant, ce n'est pas l'assureur....
Vous pourriez évoquer un préjudice, si suite au courrier de l'assureur, vous vous seriez engagé sur un achat que vous n'auriez pas pu faire sans cela( jugement par exemple envers des organismes par rapport à des personnes agées qui reçoivent par la poste le fait qu'elles ont gagné 3000 euros (ou 20 000) et qui sur cette base ont fait des cadeaux à leurs petits enfants, sans avoir compris qu'elles gagneraient cette somme si, à l'issue du tirage au sort....)
 
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