Heineken - NL0000009165 HEIA

poam5356

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Staff MoneyVox
Heineken (1ère cannette) : Alors, ça mousse ?

Remontons le temps : 1864 pour être précis.
Gerard Adriaan Heineken reprend cette année-là l'exploitation d'une brasserie dans le centre d'Amsterdam.
Attentif à la qualité de sa production, il est le 1er brasseur au monde à s'équiper d'un laboratoire pour contrôler la qualité de sa bière.
C'est dans ce laboratoire qu'une souche de levure sera créée en 1889 et donnera sa saveur à la bière produite. Elle est toujours utilisée de nos jours.
Il ne se doutait pas que son nom deviendrait une marque mondialement connue.

Aujourd'hui, Heineken est le N°2 mondial derrière le groupe Anheuser-Busch InBev, mais est le 1er exportateur de bière dans le monde.
13 000 bouteilles de la marque sont vendues chaque minute sur le globe.
3 marques principales : Heineken, bien sûr, distribuée dans plus de 170 pays, Amstel (110 pays) et Murphy's (80 pays).

S'en tenir à ces 3 marques serait extrêmement réducteur pour le groupe Heineken, jugez-en :
Aux 3 noms cités, viennent s'ajouter Pelforth, Afflgem, Desperados, Fischer, 33, Adelscott, Buckler, George Killians...En tout, ce sont plus de 300 autres marques de bières différentes produites à l’international par Heineken.
Blonde, blanche, brune, rousse, aromatisée, fruitée, bière d'abbaye, bière maltée, sans alcool.... Toute la gamme est disponible chez Heineken.
Le groupe emploie plus de 70000 personnes à travers le monde, dont 4 000 en France, et compte près de 125 brasseries situées dans plus de 70 pays.
3 sont en France : à Marseille, en banlieue de Strasbourg et à Mons-en-Barœul.
Depuis 2010, Heineken a investi plus de 120 millions d’euros dans ses trois brasseries françaises, dont la production annuelle cumulée avoisine les 6 millions d’hectolitres.


Forces de l'entreprise :
La capacité d'innovation du groupe en fait sa force 1ère et est gravée dans l'ADN de Heineken. Son fondateur avait déjà, en son temps, innové en ayant recours à un laboratoire d'analyses.
En 1968, Heineken abandonne les fûts en bois au profit des fûts en métal. Un changement qui s'imposera rapidement au monde brassicole.
Tout comme la capsule à vis, banale aujourd'hui : C'est une marque du groupe, la 33 Export, qui la met au point en 1972.
Dans les années 2000, pour ne pas se faire distancer par son concurrent belge, le n°1 mondial Anheuser-Busch InBev, Heineken a fait le pari de présenter des innovations tous les 18 mois.
Une stratégie payante pour Heineken :
Depuis 2014, Heineken (en bleu) fait mieux que ses 2 principaux concurrents que sont Anheuser-Busch InBev (en rouge), et Carlsberg (en mauve) :

Heineken_1.gif


La maîtrise marketing à travers le packaging ou le conditionnement est une autre force de Heineken.
Sa bouteille verte, tout le monde a l'image en tête dès que l'on cite le nom Heineken.
Elle a été dessinée en 1945 et marque la naissance des premières techniques marketing en Europe.

Il reste que Heineken tisse des liens forts avec les fournisseurs et les instituts de recherche dans le monde afin d'accroître la rapidité de distribution, gage de qualité du produit, et de pouvoir répondre aux attentes des consommateurs.

La bière, un marché mature.
La consommation mondiale de bière s'est stabilisée entre 1,8 et 1,9 milliard d'hectolitres après le record de 1,9 milliard d'hectolitres atteint en 2014.


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Heineken (2ème cannette)

La consommation mondiale de bière s'est stabilisée entre 1,8 et 1,9 milliard d'hectolitres
Par contre, en valeur, le marché mondial s'est apprécié de 20 % en valeur depuis cinq ans, passant de 522 milliards de dollars en 2012, à 622 milliards en 2017.

La raison ? Une offre nouvelle :
Haut de gamme, bières de spécialité, bières artisanales, les brasseurs compensent la baisse des volumes par une offre nouvelle plus rémunératrice et qui touche de nouvelles populations. Les 2 spécialités le plus en vue actuellement étant les bières artisanales la bière sans alcool.

Le créneau des bières artisanales : Les "craft beers".
Les petites brasseries régionales renaissent un peu partout en France. Entre 2005 et 2013, il s'en créait environ 50 par an. Depuis 2014, c'est environ 100 par an.
Le phénomène n'est pas isolé : Aux Etats-Unis, les brasseries artisanales étaient plus de 5.000 fin 2016, selon l'Association des brasseurs.
D’après The Beverage Information Group’s 2017 Beer Handbook, aux Etats-Unis, le marché de la bière craft (artisanale et traditionnelle) a crû de 6% en 2016 alors que dans le même temps, le marché général de la bière baissait de 0,3%.
Les bières craft sont aussi en plein essor en France. "Les bières artisanales ne représentent encore que 5 à 6 % du marché français, mais connaissent un engouement exponentiel. Avec une croissance à deux chiffres, ce segment encore petit tire le développement du marché", souligne Pascal Sabrié, directeur général d’Heineken France.
Les grands brasseurs suivent cette tendance en créant à leur tour des brasseries artisanales, ou en les rachetant.
Par exemple, Heineken s’est félicité dernièrement du rachat de la totalité du brasseur américain Lagunitas, "en tête du marché des bières Indian Pale Ale (IPA), le sous-secteur qui grandit le plus rapidement au sein des bières artisanales".
Heineken, qui a également racheté la brasserie traditionnelle libanaise Almaza, ou qui remet en lumière des bières artisanales oubliées : La Pélican dans le Nord, Ancre en Alsace et la Phénicienne à Marseille, pour n'en citer que quelques-unes.

Autre segment en fort progrès, la bière sans alcool :
Des bières sans alcool, ou aromatisées, qui visent un public féminin encore à conquérir.
Selon Joao Abecasis, PDG de Kronenbourg SAS, Le sans alcool, c'est 2% du marché de la bière en France, mais déjà 10% des marchés voisins, espagnol et allemand.
ABInBev prévoit même que cette part du sans alcool représentera 20 % des ventes de ABInBev à horizon 2025.
Ce sont ces bières qui concentrent les meilleures marges.

Fort de son succès avec les bières sans alcool, Heineken va lancer le mois prochain (avril 2019) une nouvelle bière sans alcool : la bière Affligem 0.0.
Si le directeur général d’Heineken France, Pascal Sabrié, s'enthousiasme à cette idée, c'est sans doute parce que la marque Affligem a vu ses volumes de ventes croître 3 fois plus rapidement que le segment des bières d'abbaye, qui sont, elles-mêmes, en croissance à deux chiffres en 2018.
Ce qui profitera à la France. Aucune usine française n'étant équipée pour la production de bière sans alcool, Heineken va investir 6 millions d'euros dans son usine historique de Schiltigheim (banlieue de Strasbourg) afin d'y produire de la bière sans alcool.

Dernière raison qui devrait favoriser une hausse de la consommation de bière dans le futur : le réchauffement climatique qui est propice à la consommation de bière.

Quelques points noirs quand même :
Le marché de la bière est fortement corrélé à l'activité économique. Les périodes de contraction de l'économie entrainant une pression sur le pouvoir d'achat des ménages ont un impact sur la consommation de bière.
Les risques météorologiques peuvent contrarier les récoltes de céréales utilisées par les brasseurs. Des étés chauds favorisent le consommation de bière. Cependant, à plus long terme, le réchauffement climatique pourrait avoir des conséquences sur les zones de production des céréales. Une hausse significative des prix de certaines céréales utilisées en brasserie aurait alors un impact négatif très important sur les coûts de production de la bière.

Les contraintes réglementaires prises par certains pays, comme l’interdiction de fumer dans des lieux de consommation, peuvent avoir un impact sur l'activité de ces lieux.

L'impact le plus fort sur la consommation reste l’augmentation des taxes pouvant toucher la bière.
La hausse importante des taxes en France en janvier 2013 (augmentation du droit d’accise de 160%) a entrainé un recul du marché de la bière de 3% dans le pays, avec une baisse plus prononcée, de 8%, dans les cafés, hôtels et restaurants.
Cette taxe, le droit d’accise, s'ajoute à la TVA, mais s'applique avant le calcul de la TVA.
Les prix de la bière ont alors augmenté en moyenne de 10,6% entrainant une chute de la production des brasseries de 30 % sur le premier trimestre 2013 par rapport à la même période 2012.
A noter que ces droits varient selon les alcools.... Les productions nationales fortes étant moins taxées que les autres.
En théorie, les taxes devraient être liées au degré d’alcool, mais le vin, protégé par d’influents lobbies, est proportionnellement beaucoup moins taxé que les autres produits : Le vin est taxé à 0,91%, quand la bière l'est à 10%.
Ce qui fait hurler les brasseurs et que dénonce un rapport de la Cour des comptes de 2016 qui écrivait "la fiscalité française est davantage orientée vers une protection de la production nationale que vers des objectifs de santé publique".


Le marché de la bière en 2019 dominé par un géant, et 2 challengers, loin derrière :
Ventes des principales entreprises de bière dans le monde en 2018 (en milliards de US$)
- Anheuser-Busch 56,4Mds$
- Heineken Holding 24,7Mds$
- Asahi Group Holding 19,4Mds$
- Kirin Holdings 16,6Mds$

Avec une opération à près de 96 milliards d'euros (l'une des plus importantes de l'histoire), le belgo-brésilien Anheuser-Busch InBev (n°1 mondial) a mis la main sur le britannique SABMiller (n°2 mondial) en 2015.
Heineken et Carlsberg se retrouvent n°2 et 3, mais loin derrière l'ensemble AB InBev / SAB Miller.
Le nouvel ensemble contrôlant plus du tiers du marché mondial de la bière a une position préivilégiée pour négocier de meilleures conditions tarifaires sur les céréales.
Un avantage qui risque d'accentuer encore l'écart entre le n°1 et ses challengers.
A noter que SAB Miller avait approché Heineken en 2014 en vue d'une opération capitalistique entre les 2 groupes. Une stratégie de SAB Miller visant à se mettre à l'abri d'une OPA potentielle de son rival Anheuser-Busch InBev. La famille Heineken l'a refusé. SAB Miller fusionnera l'année suivante avec AB InBev.


Heineken en 2019 :
Heineken a publié au titre de 2018 un bénéfice net ajusté à 2,42 milliards d'euros (soit 4,25 euros par action) et un profit opérationnel ajusté à 3,87 milliards, en croissances organiques respectives de 12,5% et de 6,4%.
A près de 22,5 milliards d'euros, le chiffre d'affaires net ajusté du brasseur néerlandais s'est accru de 6,1% en organique, dont une progression de 4% des volumes et une augmentation de 2% du revenu par hectolitre.
La direction va proposer un dividende en hausse de 8,8% à 1,60 euro par action au titre de 2018
Heineken, deuxième brasseur mondial, a déclaré le 13 février anticiper une hausse de son bénéfice d'exploitation identique à celle de 2018 (+6,4%) après une progression de ses ventes dans toutes les régions.

Après des années de crise, le marché de la bière a confirmé l'an dernier un retour à meilleure fortune, près de 3% de hausse en volume. Heineken semble bien armée pour continuer son parcours haussier initié il y a 155 ans dans une petite brasserie d'Amsterdam par un certain Gerard Adriaan Heineken.


Heineken HEIA NL0000009165
Heineken en chiffres :
PER 2019 21,76
Rendement 2019 1,92%
Capitalisation 50,469 Mds€
La bière représente 85% du CA. Le reste est partagé entre vins, spiritueux et boissons non alcoolisées (15% du CA)
Europe 76%
Amériques (N et S) 12%
Afrique, Moyen Orient 7,5%
Asie, Pacifique 4,5%


Graphiquement parlant maintenant, en UT Hebdo pour cadrer le terrain de jeu :

Heineken_24_03_2019_W.gif

2 beaux supports haussiers (pointillés verts) de long terme.
Un canal haussier débuté en 2015, coiffé par une ligne de résistance en pointillés rouges
Un double top vers 93,50 (ligne horizontale en pointillés rouges).
Des indicateurs en, ou proche, du surachat.
Ils incitent à la prudence alors que les cours viennent de marquer un double top sur 93,50


En UT Jour :

Heineken_24_03_2019_D.gif

Nous retrouvons le décor planté en UT Hebdo dans cette vue journalière :
Le canal haussier en violet.
Le double top sur 93,50 (ligne horizontale rouge et pleine)
Les 2 supports LT en pointillés verts (vers 72 et 70), bien en dessous du canal haussier en vigueur actuellement.

Le titre a connu une forte hausse depuis le début de l'année en passant de 75 à 93€, soit 24% de hausse.
Un chiffre bien plus élevé que ne l'ont été les indices des places boursières de la zone euro.
Le RSI est en surachat.
La prudence recommande l'attentisme à court terme.
Heineken est un titre de grande qualité et est une valeur de choix dans le domaine défensif de la consommation/alimentation et boissons.
 
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Présentation géniale comme d'habitude, et cette fois très rafraîchissante !
Deux questions naïves :
Quel niveau d'entrée serait raisonnable ? Le support du canal haussier actuel ?
Quelle valeur privilégier entre Heineken et Pernod-Ricard ? (parce que les deux ensemble, ça fait une trop grosse cuite !)
 
Présentation géniale comme d'habitude, et cette fois très rafraîchissante !
Un peu normal, car il s'agit du leader européen de production de bière, mais diffusant à l'international avec des usines déconcentrées ...

Les voyageurs constateront que l'on peut en commander dans pratiquement tous les pays du globe, même à Bouaké en Côte d'Ivoire .....

J'ai une petite blagounnette (réelle), si vous le voulez et le demandez gentiment ....
 
:ROFLMAO:
Allons-y... pour la blagounette.
Alors commençons par planter le décor, à savoir une rencontre de tous les comptables et financiers d'un groupe brassicole implanté en Afrique de l'Ouest (groupe 33 et bière Flag la Gazelle) ....

Le séminaire se déroule à proximité de Bouaké, e nous sommes de fait hébergé à Gagnoa où le groupe dispose d'un dépôt ...

Et lors d'un temps de repos (une soirée ...), le gérant de ce dépôt nous explique qu'il existe un bar assez fréquenté qui fait de la résistance, et ne veut rien entendre le la bière du groupe ....

Nous somme donc une bonne trentaine, et une visite de ce lieu se trouve improvisée, avec comme consigne de commander la bière du groupe, le bar ne distribuant que de la Heineken ....

Ladite trentaine parque ses 6 véhicules devant le bar, alors qu'il n'y a pas grand monde (quelques couples ...)

La patronne est d'abord réjouie de cette clientèle inattendue, jusqu'à temps qu'elle reconnaisse un visage connu (le gérant du dépôt de Gagnoa) ....
Et bien entendu, elle nous demande ce que nous souhaitons boire, et un à un les clients que nous sommes commande un bière du groupe, et elle n'en a pas ....

Une fois épuisée la liste des convives, nous prenons la décision de repartir sans consommer, à la quête d'un bar qui distribue la bière convoitée ....

La semaine qui aura suivi, elle aura commandé de la bière, pour faire un essai, et bien entendu, le gérant de Gagnoa lui aura fait des conditions satisfaisantes ....

C'est tout pour ce soir ....
Pour tenter d'étancher votre soif de curiosité ....
 
Présentation géniale comme d'habitude, et cette fois très rafraîchissante !
Merci :biere:

Quel niveau d'entrée serait raisonnable ? Le support du canal haussier actuel ?
Je n'ai représenté que les grandes lignes sur les 2 graphiques ci-dessus.
On a une ligne de support sur 82€. Elle correspond pile poil au gros gap haussier ouvert le 12 février.
Un retour sur ce niveau semblerait être pas mal pour qui souhaiterait s'intéresser au titre.

Heineken_24_03_2019.gif


Quelle valeur privilégier entre Heineken et Pernod-Ricard ? (parce que les deux ensemble, ça fait une trop grosse cuite !)
Aïe, flûte : question piège. J'aime bien les 2
je ne sais pas dire laquelle privilégier, elles sont très proches :

Heineken_vs_Pernod_Ricard.gif

Il y a plus de volatilité chez Heineken.
Sinon, c'est très proche, d'un point de vue boursier.
A noter que ce sont 2 entreprises familiales. Toutes les 2 font partie de l'indice Family Business.
Elles ont donc des points communs du fait de cette particularité de l'ancrage familial, comme, par exemple :
Une politique d’investissements permanents : 93% des entreprises familiales continuent à investir même en période de récession.
Ce sont des entreprises au management stable (étant familiales, on se doute que le management est familial, ou verrouillé par la famille fondatrice).
Le turn-over est également plus faible, ce qui permet à ces entreprises familiales de bénéficier de l’effet d’expérience et de capitaliser sur les acquis.
Elles sont généralement proches de leurs clients et fournisseurs qui leur sont fidèles.
Tout ceci a fait écrire au cabinet d'audit KPMG que :
"L’entreprise familiale est LE patrimoine de la famille. Il se gère donc en tant que tel, ce qui pousse les dirigeants à le valoriser prudemment mais en permanence (politique de “bon père de famille”)."
Des particularités qui donneraient à ces actions une surperformance moyenne de 8% sur leurs concurrents non familiaux sur leur domaine respectif en Europe. Ce sont Crédit Suisse et Oddo qui ont étudié le phénomène et qui sont arrivés à ce constat.

Nos 2 entreprises ont, probablement, des méthodes de gouvernance et de gestion identiques, et exercent dans des secteurs très proches. Ce sont des défensives, mais avec un biais de croissance, comme Air Liquide, par exemple.
En conclusion : je n'en choisis pas une, je prends les 2!
 
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