(...) Aucune grande entreprise privée ne fonctionne ainsi. Aucune grande entreprise privée ne paye pas ses salariés quand ils viennent travailler le dimanche, sans récupération possible. Je travaille le dimanche, je ne suis pas payé. Et je n'ai aucun droit à récupération. (...)
Devant cela, les gouvernants n'ont pas d'autres choix que de compatir, mais ne font rien. Comme si la page était tournée, que c'était juste un moment où on exprime son désarroi et que ça ira mieux après. Et l'année suivante, on apprend que les coupes budgétaires ont été augmentées. (...)
Ce n'est pas du mépris pour le personnel soignant, c'est du mépris pour la société entière. Car tout le monde est perdant dans l'histoire. (...)
Ce que vous décrivez est profondément symptomatique d'un management inexistant et d'une incapacité totale d'une structure à se remettre en cause, au bénéfice du service rendu, ici le traitement des patients. On la retrouve à ma connaissance dans bien des structures publiques ou para-publiques qui sont totalement incapables d'évoluer, éventuellement aidées en cela par des organisations syndicales d'un autre âge dont la tâche au quotidien est de tout faire pour ne rien changer et dégoter éventuellement une augmentation au passage.
Je compatis sincèrement à ce que vous vivez. J'ai lu qu'il y aurait deux non-soignants pour un soignant dans la fonction publique hospitalière ? Cela doit expliquer bien des choses, en particulier le fait que chacun défende son pré carré, son service, sa direction plus ou moins utile, et son budget associé. Lorsque les coupes budgétaires arrivent, les hauts responsables font le minimum de vagues possibles et décident généralement de ne rien bousculer en appliquant le même pourcentage de baisse à tout le monde ou presque (c'est également pratiqué dans la police, la justice, les collectivités territoriales à ma connaissance, et sans doute ailleurs). C'est certes égalitaire, mais c'est surtout facile, et ça ne résout évidemment en rien le fond du problème. Et c'est pire l'année suivante, puisque ça entraîne des effets de bord, dont celui pour chaque chef de service de dépenser tout son budget, même n'importe comment, pour montrer qu'il sert bien à quelque chose et qu'il aura le même l'année d'après. On se retrouve donc dans des situations ubuesques où les voitures de patrouille de gendarmerie n'ont plus de carburant en octobre... alors que des gens peu utiles sont toujours dans des bureaux ou ailleurs à réaliser un travail sans vraie valeur ajoutée. Et on ira ensuite pleurer dans les médias sur l'inadéquation des budgets aux besoins, sans avoir rien traité, en espérant grapiller quelques millions d'euros l'année suivante. Le tout dans un océan de normes et de nouvelles contraintes législatives... parce que l'État en parallèle ne simplifie rien, malgré quelques chocs de communication.
C'est en cela que je disais que le système public dans son ensemble se défend bien : il sait se développer avec une relative facilité, trouvant de nouvelles idées de dépenses et de services associés et habituant petit à petit les Français à un niveau élevé de prestation via quelques politiciens dépensiers qui ne rendent de comptes à personne ensuite, mais il n'a aucune capacité réelle à se contracter lorsque les temps sont plus durs. Chacun rentre alors en mode défensif, renvoyant les efforts à faire sur les autres, espérant être épargné, justifiant son utilité parfois franchement peu justifiable encore quelques années en mode "c'est déjà ça de pris". Comme les bénéficiaires directs et indirects sont nombreux, il est plus simple de ne rien changer, y compris aux plus hauts niveaux de décision. Il n'y a alors plus que deux solutions : faire travailler les gens gratuitement, ce que même le méchant privé ne fait pas à cette échelle, et augmenter les ressources financières et donc les impôts ! (pour revenir au sujet de la file
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