MAJ Genfit... Le secteur de la Nash s'agite!
La bataille des labos autour de la Nash s'accélère.
Appelée maladie du foie gras, il faudrait plutôt parler de la maladie du soda. On imagine facilement que le lobby industriel des sodas fait tout pour éviter de voir son secteur industriel ainsi ciblé dans une maladie qui touche de plus en plus de monde.
L'OMS estime qu'à terme, la Nash pourrait toucher 20% de la population des pays développés.
La sédentarité, les mauvaises pratiques alimentaires, et surtout la sur-consommation de sucre, sodas en tête, sont responsables de cette maladie.
"L'excès de sucre dans le sang qui, en arrivant au foie se transforme en graisse, est le principal pourvoyeur de la maladie du soda.", dit le Dr Dominique Lannes, gastro-entérologue.
A ce jour, aucun traitement n'existe, hormis la transplantation de foie.
"La Nash pourrait représenter un marché pharmaceutique de plus de 25 Mds$ d'ici à 2026 aux Etats-Unis, en Europe occidentale et au Japon, avec une croissance annuelle moyenne de 45% par an", a évalué le cabinet d'études GlobalData.
Les labos, grands et petits, y travaillent avec ardeur :
En 2018, Novartis a conclu un accord de recherche avec Pfizer (pour tester des combinaisons de médicaments dans la Nash), et en a conclu un autre avec Allergan pour tester la combinaison de leurs 2 principaux produits que sont Tropifexor et Cenicriviroc.
Roche a racheté fin 2018 Jecure Therapeutics, une biotech californienne travaillant sur la Nash.
Madrigal, autre biotech américaine, semble disposer d'un produit prometteur qui va entrer en phase III.
AstraZeneca a racheté des droits de commercialisation d'Ionis
Novo Nordisk et Gilead viennent de signer un accord de collaboration dans cette maladie.
Intercept, Gilead, Allergan et Genfit : 4 labos en pôle position dans la Nash.
Les américains Intercept, Gilead, Allergan et le français
Genfit sont les plus en avance dans leurs programmes de recherches.
Ceux d'
Intercept, dévoilés récemment, ne sont pas à la hauteur des espérances et sont accompagnés d'effets secondaires importants.
Les recherches faites par
Gilead viennent de se terminer sur un échec et
Allergan a repoussé à fin 2020 la publication de ses résultats.
Il reste Genfit dont les résultats devraient être annoncé fin 2019.
Genfit va publier en fin d'année les résultats de phase III de son médicament Elafibranor.
Son seul concurrent actuel, Ocaliva d'Intercept, est efficace sur la fibrose (stade 4 : dernier stade avant la cirrhose), mais pas sur la résolution de la Nash (stade 3), et est assorti d'effets secondaires importants.
Les résultats de Genfit sont donc attendus avec espoir et intérêt, d'autant plus que FDA et EMA (les autorités de santé américaine et européenne), souhaitent un traitement au plus vite et ont mis en place des processus d'approbation accélérés.
Oddo BHF estime que
"Elafibranor pourrait devenir, sous réserve de résultats d'efficacité positifs de phase III, le produit de référence autour duquel se construiront les futures combinaisons de traitements contre la Nash".
Le titre avait chuté en 2015 suite à des résultats de phase II peu exploitables. Sans remettre en cause l'Elafibranor, le retard provoqué par ce revers a lourdement pesé sur l'entreprise.
La phase III va arriver à son terme en fin d'année. Il y a 6 mois, Genfit avait publié des résultats positifs en phase II dans le traitement d'une maladie rare du foie. Elle a obtenu à cette occasion le statut de
"breakthrough therapy designation" de la part de la FDA.
Ce statut permet d'accélérer le développement d'un médicament lorsque celui-ci peut potentiellement apporter une amélioration significative par rapport aux thérapies existantes.
La société a également annoncé qu’aucun problème de sécurité n’avait été observé sur son produit.
Fin mars, Genfit a réussi son introduction sur le Nasdaq et a levé à cette occasion 155 Ms$. Ce qui lui permet de disposer de 320 Ms€ de fonds pour, notamment, permettre de terminer la phase III de l'Elafibranor. Une phase, si elle est couronnée de succès, qui est synonyme de demande d'autorisation de mise sur le marché (AMM) permettant ensuite la commercialisation du nouveau produit.
Acteurs et analystes boursiers commencent à s'enthousiasmer autour de cette course au traitement d'une maladie qui devient un fléau mondial.
Cotée maintenant au Nasdaq, 5 analystes américains ont entamé le suivi de Genfit avec des objectifs allant de 55 $ (Barclays) à 112 $ (cours actuel de 25 $).
En France, Oddo BHF a repris le suivi de Genfit avec une recommandation Achat en visant 55€.
Portzamparc, suite à l'intro sur le Nasdaq, a confirmé son conseil d'achat sur l'action Genfit en visant 61,2€.
Pourquoi xx,2€? On peut s'interroger sur la décimale dont est assorti cet objectif de cours!
"Anes à listes", ou analyses sérieuses?
10 analystes suivent le titre : Tous sont à Achat ou à Accumuler sur le titre.
Les conseilleurs ne sont pas les payeurs et savent changer d'avis très vite, surtout que ce domaine des biotech, imprévisible par définition!
A 20€, on comprend que les analystes, souvent optimistes par nature, n'imaginent pas une chute du titre et s'offrent des horizons bien plus lointains en conseillant l'achat du titre.
Genfit reste un pari :
Celui du succès de son médicament Elafibranor dans le traitement d'une maladie qui pourrait toucher à terme, selon l'OMS, 20% de la population des pays développés. Le marché est donc immense pour le labo qui produira le 1er médicament efficace contre la Nash.
Genfit est un pari, mais un pari tentant aux cours actuels en sachant que
l'on peut y perdre sa mise, tout autant que l'on pourra la multiplier par 4 ou 5 à horizon d'1 an.
Graphiquement :
Tombé de 65€ à 25€ en 2015, le titre a évolué depuis dans un grand triangle pour laisser place depuis septembre 2018 à une latéralisation des cours entre 17,5€ et 23,7€.
Il est probable que la spéculation va faire varier sensiblement le titre au cours des prochains mois.
Le risque est aussi important que l'espoir qu'il faut porter à ce médicament, Elifibranor, qui, rappelons-le, représente 90% de la valeur de la société.