Au-delà de votre âge et de votre état de santé, certains indices, liés à votre mode de vie, peuvent alerter votre banque et entraîner des surprimes pour l'assurance de votre prêt immobilier. Florilège.

C'est une des conséquences inédites de la conjoncture exceptionnelle que nous vivons actuellement. Avec le niveau historiquement bas des taux de crédits immobiliers, le poids relatif de l'assurance de prêt - celle qui vous couvre en cas de difficultés de remboursement lié à un problème de santé - dans le coût total de votre projet d'achat immo est de plus en plus important. Jusqu'à dépasser, dans quelques cas particuliers, le coût du crédit à proprement parler. Conséquence : plus que jamais, c'est le moment de s'intéresser de près à son assurance emprunteur. En commençant par comprendre les logiques qui sous-tendent la manière dont son taux est calculé.

Comme toute assurance, le coût de l'assurance emprunteur reflète en effet le risque que prend l'assureur en vous couvrant. Et son appréciation repose sur le croisement de plusieurs facteurs. Certains concernent tous les emprunteurs. Le montant emprunté , par exemple, est essentiel. Le curseur est souvent placé autour de 250 000 euros : au-delà, il y a toutes les chances que votre assureur se fasse beaucoup plus prudent… et inquisiteur.

Autre critère décisif : l'âge. Cela paraît logique : plus vous vieillissez, plus votre espérance de vie en bonne santé diminue et plus la tarification risque d'augmenter. « Entre deux emprunteurs en bonne santé, l'un de de 30 ans et l'autre de 45 ans, en assurance délégué, le coût peut varier du simple au double », note Maël Bernier, qui observe ce marché pour le courtier Meilleurtaux.com. Plus que l'âge au moment de la souscription du prêt, c'est d'ailleurs l'âge de fin de remboursement qui importe.

Mais il existe aussi des facteurs plus spécifiques, souvent liés à votre mode de vie, qui peuvent être pris comme prétexte pour déclencher des surprimes.

Votre goût pour le tabac

C'est une étape incontournable : avant d'assurer le remboursement de votre prêt, la banque ou l'assureur avec qui vous avez choisi de travailler vous fera passer un questionnaire de santé. Et immanquablement, on vous posera la question de votre usage du tabac.

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A quoi vous expose le fait de fumer ? Pas systématiquement à une surprime. « Les assureurs ne font pas toujours de différences entre fumeurs et non-fumeurs », détaille Maël Bernier. « Le fait de fumer, a fortiori si vous empruntez une somme importante, va en revanche déclencher un examen médical approfondi, avec prise de sang, visite chez le cardiologue, etc. C'est en fonction des résultats de cet examen qu'une éventuelle surprime pourra être décidée. » Ainsi, entre un fumeur qui n'a pas de soucis et un autre qui fait de l'asthme ou de la bronchite chronique, le taux appliqué peut varier du simple au double.

La tabagie devient toutefois de plus en plus pénalisante à mesure que l'on vieillit. « Mieux vaut arrêter de fumer avant 40 ans. », conseille Maël Bernier. « Si vous êtes quadragénaire, en bonne santé, non fumeur, avec un bon rapport taille-poids, il est encore possible d’emprunter avec une assurance à 0,15% », poursuit la porte-parole de Meilleurtaux. Si vous fumez, en revanche, cela vous coûtera beaucoup, beaucoup plus cher : le double, au bas mot.

Rappel enfin : le fait d'arrêter de fumer ne suffit pas à se déclarer non-fumeur. Au regard des assureurs, il vous faut être totalement abstinent depuis au moins deux ans pour retrouver une « virginité » tabagique : pas de distinction entre fumeur occasionnel et régulier. Et cela ne concerne pas que la cigarette, mais aussi le cigare, la pipe et même la cigarette électronique.

Votre goût pour le sport

C'est assez contre-intuitif. Le fait de faire du sport est plutôt un gage de bonne santé. Mais, dans certains cas, cela peut être pris en compte pour déclencher une surprime. Tout dépend, en fait, de la dangerosité de votre sport, et de l'intensité de votre pratique.

Exemple avec le ski : si vous le pratiquez une ou deux fois par an, pendant vos vacances à la montagne, il n'y aura pas de soucis. Si, en revanche, vous faites de la compétition, ou que vous aimez le hors-piste, cela peut alerter votre assureur. Même chose avec l'équitation ou le cyclisme.

Certains sports, moins fréquents mais considérés comme plus dangereux, peuvent même vous contraindre à souscrire une couverture spécifique, même dans le cadre d'une pratique de loisirs : c'est le cas par exemple de la plongée sous-marine, de l'alpinisme, du kitesurf ou encore de l'ULM.

Votre profession

Il y a des sports dangereux, il existe aussi des métiers qui, par leur nature même, vous expose à des risques de blessures, de maladies ou de décès, et peuvent justifier une surprime. Citons les secteurs les plus exposés : le bâtiment (notamment les métiers pratiqués en hauteur, comme couvreur ou charpentier), le maintien de la sécurité (policier notamment), le transport de fonds, l'agriculture, etc. Certains métiers potentiellement considérés à risque sont plus étonnants. « La pratique de la coiffure, par exemple, peut générer une surprime, en raison de la station debout prolongé et de l'usage de produits chimiques », explique Maël Bernier à titre d'exemple.

Il faut se souvenir, enfin, que ce qui est assuré, ce n'est pas seulement l'activité en elle-même, mais aussi le risque d'interruption de cette activité. Exemple avec les chirurgiens. La pratique en elle-même ne présente pas d'énormes risques. En revanche, les causes pouvant empêcher la pratique sont nombreuses : impossible, en effet, d'opérer si l'on s'est coupé du doigt en tranchant du pain.

Vos modes de déplacement

Autre critère de risque pouvant entraîner une hausse du prix de l'assurance emprunteur : le mode et la fréquence des déplacements, souvent liés d'ailleurs à la profession. On vous demande d'ailleurs, dans les questionnaires préalables, d'évaluer le nombre de kilomètres parcourus en voiture annuellement.

« La fréquence et l'intensité des déplacement professionnels peuvent aussi entraîner des surprimes », confirme Maël Bernier. « Prendre l'avion souvent et en long courrier, faire beaucoup de kilomètres en voiture - au-delà de 25 000 kilomètres - constitue un facteur d'alerte pour un assureur ».

Conclusion : ne mentez pas… mais faites jouer la concurrence !

Face à la multiplicité des indices pouvant entraîner une surprime d'assurance de prêt, une question : faut-il être totalement transparent ? Dois-je vraiment confier à mon assureur que je pratique la plongée sous-marine, ou que je fume un cigare de temps en temps ? « La réponse est oui », tranche Maël Bernier, qui déconseille fortement de mentir par omission. « Certes, la surprime peut vite arriver », poursuit la porte-parole de Meilleurtaux. « Mais pas pour une cause unique : c'est souvent un faisceau d'alertes qui sera pris en compte ». Rappel : omettre délibérément des informations de ce type peut coûter cher. Si l'assureur parvient à le prouver, le contrat est considéré comme nul : vous n'êtes donc pas couvert, tout en perdant définitivement les primes déjà payées.

Il ne faut pas non plus hésiter à signaler tout changement de situation, défavorable ou non : si vous avez repris la cigarette, mais aussi si vous arrêtez les compétitions d'équitation, il faut le faire savoir à votre assureur, afin qu'il réévalue votre prime. Avec toujours un impératif : être parfaitement couvert en cas de besoin.

Un dernier conseil enfin : faites jouer la concurrence. Il peut exister en effet des nuances dans la politique de risque des assureurs. Cela tombe bien : le droit au changement d'assurance de prêt devrait prochainement progresser.

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