La baisse historique des taux immobiliers fait une pause en ce début de mois d’octobre, selon certains courtiers spécialisés. Sur fond, parfois, de surcharge de dossiers dans les banques.

« Les baisses que nous constations il y a encore quelques semaines semblent ralentir ». Le constat est posé par Maël Bernier, directrice de la communication de Meilleurtaux.com, sur la base des barèmes envoyés par les banques partenaires du réseau de courtage. Confirmation chez un concurrent, Emprunt-Direct.com : « les taux, s’ils restent proches de leurs niveaux planchers, tendent à stopper leur repli (…) ».

Même s’il n’y pas consensus - un réseau comme le Partenaire constate de son côté que les taux « continuent de baisser pour la plupart des durées » - il semble bien que la tendance qui, depuis de longs mois, a porté les taux immobiliers à des niveaux jamais vus auparavant, fasse une petite pause actuellement.

Les taux fixes moyens pratiqués dans les banques en octobre

  • Sur 15 ans : 1,30% selon Cafpi ; 1,10% selon Meilleurtaux ; 1,10% selon Emprunt-Direct
  • Sur 20 ans : 1,50% selon Cafpi, 1,25% selon Meilleurtaux ; 1,25% selon Emprunt-Direct
  • Sur 25 ans : 1,55% selon Cafpi, 1,47% selon Meilleurtaux ; 1,50% selon Emprunt-Direct.

Taux moyens constatés par les réseaux de courtage, sur la base des barèmes fournis par les banques.

A consulter : le baromètre des taux immobiliers

La file d’attente s’allonge

Comment expliquer ce très léger tassement ? Pour Alban Lacondemine, c’est la conséquence de l’effet d’aubaine historique qui a porté des centaines de milliers d’emprunteurs vers les banques. Certains établissements, pour qui 2019 est d’ores et déjà un millésime exceptionnel, « souhaitent (…) soigner leurs marges en ce dernier trimestre de l’année », souligne le président fondateur d’Emprunt Direct.

Certaines enseignes peinent également à suivre le rythme. « Certains établissements restent très actifs, mais d’autres sont totalement en surchauffe et préfèrent passer leur tour », constate Maël Bernier, qui prévient : « Les emprunteurs doivent savoir que [ces] banques sont totalement surchargées par les dossiers et qu’en conséquence, le traitement des dossiers est fortement ralenti. Aussi, il faut anticiper des délais beaucoup plus longs que d’habitude pour obtenir une offre de prêt immobilier et ces délais sont encore plus longs si vous souhaitez effectuer un rachat de prêt immobilier. »

Et cela ne devrait pas s’arranger avec le retour confirmé des renégociations de crédit : elles ont représenté par exemple 27% des demandes en septembre chez Le Partenaire.

Prix en tension dans l’ancien

Cet embouteillage ne devrait pas empêcher 2019 de devenir une année record, en production de nouveaux crédits comme en nombre de ventes.

Dans l’ancien, « la barre du million de ventes (…) devrait être franchie », confirme Cafpi, qui annonce une « fin d’année ultra-dynamique ». En septembre, le courtier a ainsi traité 4 500 dossiers, un chiffre en hausse de 12,5% par rapport à septembre 2018. Plus des deux tiers concernent des primo-accédants. « L’équation est simple, la baisse des taux et le rallongement des durées observés depuis un an [leur] ont permis (…) de conserver un pouvoir d’achat intéressant, les aidant ainsi dans l’achat de leur logement et renforçant de fait le dynamisme du marché immobilier », explique Philippe Taboret, directeur général adjoint du réseau.

Ce qui est vrai dans l’ancien ne l’est pas tout à fait dans le neuf, modère toutefois Cafpi, qui regrette par avance la disparition prévue pour 2020 du PTZ neuf dans les zones B2 et C. « Il faut au contraire accompagner la construction de logements neufs, car la concentration de la demande dans l’immobilier ancien, crée un déséquilibre du rapport entre l’offre et la demande, entraînant une augmentation des prix », conclut Philippe Taboret.