N’ayant pas le budget nécessaire pour financer votre voyage ou bien ne souhaitant pas, pour ce faire, débloquer votre épargne, vous pensez contracter un prêt à la consommation. Bonne ou mauvaise idée ?

Ils vont faire leur retour. A l'approche des vacances d'été, les établissements spécialisés cherchent à vous vendre leurs crédits loisirs, voyages ou vacances. Une pratique que déplore l’Union nationale des associations familiales (Unaf). « Le danger est de tomber dans les pièges du marketing, de la publicité et du crédit qui invitent les ménages à se faire plaisir aujourd'hui et minimiser les conséquences sur leur situation financière de demain, s’inquiète Fabien Tocqué, coordinateur du pôle défense des consommateurs. Les familles qui n'ont pas de capacité de remboursement sont les premières victimes... Ces dernières étant plus fréquemment la cible des crédits renouvelables qui sont intrinsèquement difficilement maîtrisables ».

Effectivement, bien que leur nom soit associé à un projet précis, ces offres de prêt spéciales loisirs sont en réalité rarement des crédits affectés à l’instar des prêts auto ou travaux par exemple. Or, ces derniers sont en principe assortis d’un taux d’intérêt plus faible par rapport aux crédits non affectés. Illustration chez Cetelem. Pour 4 000 euros remboursables en 18 mois, le taux annuel effectif global (TAEG) mis en avant pour un prêt vacances est de 3,29%, contre 2,90% dans le cadre d’un prêt travaux ou 2,80% si le prêt finance un véhicule d’occasion de moins de 2 ans (1).

Le danger du crédit renouvelable

La situation est encore pire pour l'emprunt de sommes moins élevées. Si vous n’avez besoin que de quelques centaines d’euros, l’établissement de crédit suggère fréquemment de souscrire un crédit renouvelable. Un produit encore plus onéreux car une fois passée la période promotionnelle, le taux d’intérêt frôle le seuil de l’usure qui tourne autour de 20%. Ce produit est, qui plus est, difficilement gérable. Baptisé crédit permanent par ses détracteurs, le prêt renouvelable fonctionne comme une réserve de trésorerie. Une fois accordée, cette réserve est accessible sans condition et se reconstitue au fil des remboursements.

Comme l’Unaf, l’association Cresus, qui vient en aide aux personnes en difficultés financières, met en garde les ménages contre les dangers du crédit renouvelable. « En cas de pépins et sans possibilité de contacter son conseiller bancaire, comme cela peut être le cas en vacances à l’étranger, le risque est en effet de n’avoir d’autres alternatives que de taper dans le renouvelable », regrette Maxime Pekkip, chargé de mission prévention du surendettement au sein de Cresus. Toutefois, ce dernier tempère : « on ne devient pas surendetté en finançant ses vacances à crédit. Les personnes en situation de surendettement doivent en moyenne 43 000 euros à leurs créanciers. Donc à moins de s’être vraiment fait plaisir pendant leurs congés, cela ne représente pas la réalité du phénomène. Les gens endettés ne sont pas des cigales, ils sont terrorisés », insiste Maxime Pekkip.

Pour ce porte-parole de Cresus, anciennement conseiller en gestion de patrimoine, contracter un emprunt pour financer un voyage ne se destine pas aux personnes connaissant un trou d’air dans leur budget. Bien au contraire. « Les offres de crédit vacances s’adressent aux ménages ayant les moyens de les souscrire. Typiquement, les personnes qui ont de la trésorerie par ailleurs, mais qui n’ont pas intérêt à la débloquer pour des raisons fiscales notamment », souligne Maxime Pekkip. D’ailleurs, les données fournies par BNP Paribas Personnal Finance (dont Cetelem et Cofinoga sont des marques) plaident plutôt en ce sens. « Cette catégorie vacances, loisirs et voyages est minoritaire, moins de 10%... les demandes sur le site de Cetelem étant majoritairement liées à des prêts travaux et automobiles, souligne Renaud Ferran, responsable du marketing digital de BNP Paribas Personnal Finance. En ce qui concerne les offres via des agences de voyages, il s’agit de facilités de paiements en 3 fois associées à des cartes bancaires. Globalement le voyage à crédit est très peu utilisé en France ».

Eloge de la sobriété

Si le danger des vacances à crédit ne s’observe pas dans les statistiques, il reste un phénomène à surveiller. « Certains parents se privent de vacances pour envoyer leurs enfants en séjours de vacances couteux et parfois à crédit. Et si la situation financière du ménage est précaire, il y a un risque qu'à un moment donné toute la famille doive par la suite limiter ses dépenses énergétiques, voire d'alimentation », déplore Fabien Tocqué. Les séjours en famille « sont nécessaires pour le bien-être et la cohésion familiale. Mais il n'est pas nécessaire de s'offrir des vacances extrêmement couteuses, ni donc de s'endetter pour passer du bon temps », rappelle l'Unaf.

Des prestations et aides externes peuvent également vous aider à financer votre séjour. Rapprochez-vous de votre CE si vous en avez un dans votre entreprise. Outre l’attribution de chèques vacances, celui-ci peut parfois vous faire bénéficier de tarifs négociés auprès de voyagistes ou encore vous rembourser une partie de vos frais de transport.

Si votre budget est serré, l’anticipation et la calculatrice sont vos alliés pour préparer vos congés d’été. « En cas d'hésitations, les familles peuvent contacter des structures comme les points conseils budget qui sont à même de les aider pour anticiper leur budget vacances », recommande le coordinateur du pôle défense des consommateurs de l’Unaf.

Dernière recommandation, en cas de dépenses imprévues sur votre lieu de vacances. « Il est possible de demander à son banquier une augmentation ponctuelle de son découvert autorisé. Augmentation qu'il est libre de refuser, mais s'il l'accepte, il s'agit d'une forme de crédit de faible montant qui ne coûte pas trop cher car les agios se situent autour de 10-13% », suggère l'Unaf. Si la somme dépasse votre découvert autorisé, mieux vaut la financer à crédit. « Le pire est de dépasser son autorisation de découvert, car là s'ajoutent aux intérêts débiteurs des frais d'incident qui font grimper le taux d'intérêt parfois à 1 000% et au-delà », rappelle Fabien Tocqué.

(1) Simulations réalisées sur le site de Cetelem le 26 juin 2019.