Les risques liés à l'endettement ont atteint un niveau élevé et pourraient augmenter sur les six mois à venir, selon un rapport d'évaluation des risques du système financier français publié lundi par la Banque de France.

Dans son rapport semestriel, la banque centrale française a considéré ce risque à un niveau élevé, tout comme celui des marchés. Les risques liés à l'endettement sont classés en première position dans la hiérarchie des risques financiers tandis que les risques de marché sont considérés « d'un niveau quasi équivalent » à ces derniers. Leur perspective, soit leur évolution au cours des six prochains mois, ressort à la hausse, selon cette évaluation.

« La question de la soutenabilité de la croissance soutenue de l'endettement des entreprises et des ménages se pose », affirme l'institution financière publique, car « sa hausse ininterrompue contribue à une fragilisation macroéconomique progressive » et à un affaiblissement des capacités de résistance de l'économie française. D'autant que la faculté de l'Etat « à mobiliser les ressources publiques pour amortir de futurs chocs économiques ou financiers devient également plus limitée avec l'accumulation des déficits depuis la crise », s'inquiète-t-elle.

La Banque de France appelle à la vigilance

Côté entreprises, cette hausse du crédit « augmente le risque de défaut et/ou les difficultés de refinancement en cas de choc macroéconomique » tandis que du côté des ménages, des signaux « d'assouplissement progressif » des critères d'octroi du crédit appellent à la vigilance. « Vous avez un quart des ménages qui reçoivent des crédits alors qu'ils sont déjà soumis à une charge d'endettement, intérêts et remboursement compris, la plus élevée », a illustré Yvan Odonnat, directeur général adjoint de la Stabilité financière et des opérations à la Banque de France, lors d'une conférence de presse.

L'institution se montre également préoccupée par une nouvelle accumulation de risques sur les marchés, nourrie notamment par l'environnement de taux bas. Ce contexte porte la valorisation des actifs financiers à des niveaux élevés et soutient un phénomène de faible volatilité durable. Or « les périodes de faible volatilité sont propices à une prise de risque accrue », explique la Banque de France, qui a constaté ces dernières années une nette augmentation de la part des obligations de qualité moyenne (notées de BBB+ à BBB-) ainsi que de l'émission de titres à haut rendement et du développement de prêts à effet de levier (prêts à taux d'intérêt élevés accordés à des entreprises très endettées).