Depuis janvier 2018, les taux des crédits immobiliers, quelle que soit la durée, n’ont quasiment pas varié. Cette stabilité va-t-elle se poursuivre en 2019 ? Ou la remontée attendue aura-t-elle finalement lieu ? Le point de vue des courtiers spécialisés.

Les mois se suivent et se ressemblent : début janvier, le maître-mot des courtiers spécialisés dans le crédit immobilier est encore et toujours « stabilité ». Seul Cafpi croit percevoir une légère tendance à la baisse dans les barèmes reçus des banques début janvier : « 0,10% en moyenne sur 15, 20 et 25 ans par rapport au mois de décembre ». « Les banques maintiennent leurs politiques conquérantes en ce début d’année », confirme Cécile Roquelaure, directrice de la communication et des études d’Empruntis, qui constate tout juste « quelques légères hausses » dans « quelques établissements bancaires régionaux ».

Des barèmes de plus en plus complexes

Pour Emprunt Direct, les taux n’ont quasiment pas bougé en un an. « Les établissements bancaires n’ont finalement fait varier que de manière imperceptible leurs grilles d’une année sur l’autre, même si on a pu constater, au gré des temps forts de l’année immobilière et des variations des marchés obligataires, quelques ajustements des grilles », détaille Alban Lacondemine, président fondateur. « En janvier 2018, les emprunteurs prétendaient sur 10 ans à des taux allant de 0,80% à 1,15 %, contre des taux allant de 0,75% à 1,15% aujourd’hui. De même sur 20 ans, les acquéreurs pouvaient espérer des taux allant de 1,30% à 1,65% et peuvent aujourd’hui emprunter à un taux allant de 1,25% à 1,55% », développe le courtier.

Les politiques de taux des banques ont tout de même évolué sur un point au cours de 2018 : leurs barèmes sont devenus de plus en plus complexes. « Les banques privilégient, en termes de négociation, les clients haut de gamme ou en devenir (des jeunes à revenus évolutifs) », note ainsi Cécile Roquelaure. « C’est aussi pour cette raison qu’en 2018, les décotes ont atteint un pic. Les établissements bancaires n’ont pas peur de proposer régulièrement des taux de 20 centimes inférieurs à leur barème lorsque le profil du client les intéresse ».

Les taux du marché en janvier 2019

Empruntis - 1,10% pour un crédit immobilier sur 10 ans ; 1,35% sur 15 ans ; 1,60% sur 20 ans ; 1,85% sur 25 ans ; 2,55% sur 30 ans.

Emprunt Direct - 1,15% sur 10 ans ; 1,40% sur 15 ans ; 1,55% sur 20 ans ; 1,80% sur 25 ans ; 2,35% sur 30 ans.

Meilleurtaux - 1,10% sur 10 ans ; 1,40% sur 15 ans ; 1,60% sur 20 ans ; 1,80% sur 25 ans.

Voir par ailleurs le baromètre mensuel de cBanque

Des taux partis pour rester stables en 2019

Début d’année oblige, les courtiers se prêtent au jeu des prédictions. Cette remarquable stabilité des taux va-t-elle se poursuivre en 2019 ? Oui, répond Cécile Roquelaure (Empruntis), qui estime que « pour l’heure, le marché immobilier n’est pas propice à une augmentation des taux d’emprunt ».

Principal argument en faveur de ce scénario de stabilité : la conjoncture économique, et ses conséquences sur le marché des taux. « Le scénario central (…) jusqu’à la fin de l'année 2018 consistait en une remontée des taux de la Banque centrale européenne au cours du deuxième semestre de l'année 2019 », rappelle Alban Lacondemine. « Mais depuis quelques semaines, le changement de ton des banques centrales suite à un trou d’air conjoncturel contrarie quelque peu cette perspective. (…) La remontée des taux directeurs de la BCE pourrait, de fait, être retardée, voire reportée, ce qui serait susceptible de se traduire par un affaiblissement de la pression haussière sur les marchés de taux », conclut-il.

Immobilier neuf : Cafpi espère un geste du gouvernement

Plus que l’évolution des taux, c’est celle du marché de l’immobilier neuf qui inquiète Cafpi. Il « pourrait continuer à fléchir » en 2019, annonce Philippe Taboret, porte-parole du courtier. Ce dernier craint notamment une fuite des primo-accédants, avec l’entrée en vigueur en janvier de deux mesures qui leur sont défavorables : la suppression des APL Accession et la baisse de quotité du PTZ en zones B2 et C.

Dans ce contexte, Cafpi demande au gouvernement de revenir sur ces deux mesures, et même d’aller plus loin en rétablissant « le PTZ ancien, sous conditions de travaux, dans les zones tendues » : « Cela permettrait aux primo-accédants d’intégrer les centres-villes tout en participant à l’effort de réhabilitation des logements vétustes et énergivores. »