Les constructeurs de maisons individuelles, qui s'attendaient déjà à un net recul de leur activité en 2018, ont encore abaissé vendredi leurs prévisions de ventes, en tenant responsable la réduction d'aides publiques comme le prêt à taux zéro.

« Nos craintes exprimées depuis fin 2017 se sont confirmées : la dynamique de croissance entamée en 2015 est brisée », prévient dans un communiqué la principale fédération du secteur, les Constructeurs et Aménageurs (LCA), liée à la Fédération française du bâtiment (FFB). La fédération a donc pris la décision de réviser ses prévisions à une fourchette comprise entre -12% et -15%, soit entre 115 000 et 120 000 ventes, contre 8% à 10% précédemment, tirant les conséquences d'un déclin de presque 14% sur les sept premiers mois de 2018 par rapport à la même époque un an plus tôt.

« Des taux encore relativement sages pendant un an »

Ce recul, qui ne se traduit pas encore par une baisse des recettes car celles-ci sont alimentées par les bonnes performances de 2017, s'inscrit dans un contexte général d'essoufflement du logement neuf depuis le début d'année. Le nombre de permis de construire, notamment, recule et a accentué sa baisse cet été. « Attention, on commence à amorcer la chute », a prévenu lors d'une conférence de presse, Patrick Vandromme, patron de LCA-FFB, « on va se retrouver en 2018 au niveau de 2008, du temps de la crise des subprimes », a-t-il constaté.

En termes de ventes de maisons individuelles, l'année 2019 continuera de baisser mais à un niveau assez similaire à la baisse de 2018, selon la fédération « avec des taux encore relativement sages pendant un an ». Mais le vrai problème concernera l'année 2020, estime Patrick Vandromme - qui correspondra à l'arrêt complet du PTZ dans le neuf hors grandes villes - où une « période beaucoup brutale » est donc à prévoir.

Rétrécissement géographique du PTZ

Si la promotion immobilière résiste au phénomène, avec un petit redressement des ventes au second trimestre, les constructeurs de maisons individuelles le subissent de plein fouet. Les économistes citent plusieurs raisons parmi lesquelles la stabilisation des taux de crédit, certes très bas, et la réduction de certaines aides publiques à la propriété cette année, dont le rétrécissement géographique du Prêt à taux zéro (PTZ) ainsi que la suppression de l'APL accession.

Cette dernière « solvabilisait beaucoup de projets », a expliqué Benoît Catel, DG du Crédit Foncier, lors de sa conférence de presse conjointe avec la LCA-FFB. Celui-ci estime à 20 000 le nombre de projets qui ne pourront pas être financés en 2018 en l'absence d'aides à l'accession. C'est d'ailleurs cet élément que le secteur met depuis des mois en avant pour expliquer la chute du marché, désormais sensible dans toutes les régions. « On a souvent dit que les PTZ et les aides, ça ne servait à rien parce que ça fait augmenter les prix (...) mais on constate dans la réalité, qu'une fois supprimés, les opérations ne se font plus. Il n'y a pas d'effet d'aubaine », a conclu Benoît Catel.