Dans son enquête typologique annuelle sur le surendettement, la Banque de France constate une paupérisation des ménages concernés par le surendettement, et trace en creux l'évolution de leur profil.

Des dépôts de dossiers en baisse de 22% en 3 ans, un encours global de dettes en baisse de 12,7% sur la même période. Certes, 181 123 nouveaux dossiers ont encore été déposés en 2017, et l’excès de dettes touche encore 343 habitants de plus de 15 ans sur 100 000 en France. Mais la situation s’améliore un peu sur le front du surendettement, selon les chiffres 2017 dévoilés par la Banque de France.

Lire aussi : Surendettement : le poids des dettes immobilières rattrape celui du crédit conso

Les ménages avec enfants surexposés

Conséquence : cette amélioration tend à « concentrer le bénéfice de la procédure sur des populations en situation de vulnérabilité ». La Banque de France a ainsi constaté une « part croissante des adultes isolés parmi les ménages surendettés, [une] proportion importante de personnes en recherche d’emploi (quatre fois supérieure à celle des chômeurs dans la population française), [une] proportion croissante de ménages surendettés disposant de revenus inférieurs aux minima sociaux ou au SMIC et [une] baisse de la part des revenus d’activités dans l’ensemble des revenus des ménages surendettés depuis 2012. »

Sans surprise, le surendettement touche plus fortement les familles monoparentales. Les adultes isolés, sans conjoint ou séparé, représentent ainsi près des deux tiers des ménages surendettés en 2017, une part qui augmente d’année en année. Dans le même temps, 44% des ménages surendettés ont des enfants à charge, nettement plus que la population générale (33%). Les femmes - qui sont cinq fois plus souvent que les hommes l’adulte de référence d’une famille monoparentale - sont également surreprésentées : 54%, contre 52% dans la population générale.

Ni épargne, ni patrimoine

Autre facteur de risque : l’absence d’emploi. 27% des personnes en situation de surendettement sont au chômage, contre 7% de la population générale, une proportion stable par rapport à 2016. Alors qu’un Français sur deux occupe un emploi, c’est le cas seulement de 37% des personnes en excès de dettes.

Regroupez vos crédits! Jusqu'à -60% sur vos mensualités. Réponse en 48h

La population des ménages surendettés a ainsi tendance à se paupériser, constate la Banque de France. En 2017, près de 8% d’entre eux disposaient de ressources mensuelles inférieures aux minimas sociaux, et près de 32% au SMIC net mensuel (1 149 euros), contre un peu plus de 29% en 2016. L’immense majorité (82%) a par ailleurs un patrimoine brut inférieur à 2 000 euros, et 76% sont locataires, soit deux fois plus que dans la population générale. « À l’exception de biens immobiliers – avec une résidence principale en cours d’acquisition dans la grande majorité des cas – les ménages surendettés ne possèdent quasiment ni épargne, ni patrimoine », constate la Banque de France.

Au final, en 2017, un ménage surendetté sur deux n’avait aucune capacité de remboursement, et 30% une capacité inférieure à 450 euros mensuels. En moyenne, la dette de ces ménages, hors immobilier, s’élevait à 27 862 euros.

Les Hauts de France et la Normandie les plus touchées

En moyenne, le surendettement touche 343 habitants de plus de 15 ans sur 100 000. Cette part est plus importante dans certaines régions : elle atteint notamment 507 habitants sur 100 000 en Hauts-de-France, et 456 en Normandie. Deux régions qui « cumulent les difficultés à l’origine du surendettement », note la Banque de France, « taux de chômage élevé ou de niveau intermédiaire ; revenu disponible brut moyen par habitant inférieur à la moyenne nationale ; part de la population couverte par le RSA socle supérieure à la moyenne nationale ; taux d’illettrisme des jeunes et taux de pauvreté élevés. » A l’inverse de l’Île-de-France, de la Bretagne, des Pays de Loire et d’Auvergne Rhône Alpes qui comptent des proportions de ménages surendettés inférieures à la moyenne.