La Caisse des Dépôts (CDC), qui finance la construction de logements sociaux en France, grâce aux fonds d'épargne dont elle a la gestion, a appelé mercredi les bailleurs sociaux à « ne pas tuer la poule aux oeufs d'or » en cherchant à renégocier leurs emprunts auprès d'elle.

« Il est légitime que les organismes disent : ''les taux baissent, est-ce qu'on peut renégocier auprès de vous les prêts ?'' comme n'importe quel citoyen qui a fait un prêt bancaire » a observé devant la presse, le directeur général du groupe CDC, Pierre-René Lemas, lors du 77e congrès de l'Union sociale de l'habitat (USH), qui se tient jusqu'à jeudi à Nantes (Loire-atlantique).

« Mais je leur dis ''Faites attention de ne pas tuer la poule aux oeufs d'or'' (...) ils ne peuvent pas être les premiers à remettre en cause les mécanismes qui fonctionnent bien, du financement du logement social », a-t-il développé. Car si les bailleurs renégocient le taux de leurs emprunts à la baisse, ils fragilisent la CDC, qui leur prête à un rythme soutenu : 17,2 milliards d'euros l'an dernier et « 7 à 8 milliards » au premier semestre 2016, a indiqué le patron de la CDC.

Les fonds d'épargne très exposés au marché actions

Or la Caisse est déjà soumise à de fortes contraintes : elle fait des prêts très bon marché aux organismes de logements sociaux, tout en rémunérant les détenteurs du Livret A au taux de 0,75%, très supérieur aux rendements actuels sur les marchés financiers.

Pour ce faire, la Caisse doit accroître ses ressources en réalisant des placements plus risqués qu'à l'accoutumée. « Objectivement, depuis deux ans, on est très exposés au marché actions, plus qu'on ne l'a été avant. Mais si on ne le faisait pas, le système des fonds d'épargne serait mort », a dit Pierre-René Lemas.

La CDC a aussi vu fondre de 3% l'an dernier, les fonds déposés par les Français sur le Livret A - devenu moins attractif avec un taux tombé à 0,75% son plancher historique - et le Livret développement durable (LDD). « Maintenant la tendance est à la remontée, les gens remettent de l'argent sur le livret A », qui affiche six mois d'affilée de collecte positive.

3 milliards d'euros de « quasi fonds propres »

La CDC qui gère 250 milliards d'euros - sur les 359 milliards d'euros que représente cette épargne - a innové cette année pour aider les bailleurs sociaux à construire et rénover davantage de logements. Trois milliards d'euros - dont une rallonge de 1 milliard annoncée par le Premier ministre Manuel Valls mardi - vont leur être concédés sous forme de prêts de très longue durée, de 30 à 40 ans, dits « de haut de bilan » car ils seront des « quasi fonds propres ».

Ces prêts, dont les 2 premiers milliards, annoncés au printemps, seront financés par la CDC et Action Logement à hauteur de 300 millions d'euros chacun, seront à taux zéro et sans aucun remboursement à effectuer pendant les 20 premières années. Puis ils auront un taux indexé sur celui du Livret A, auquel s'ajoutera 0,60 point de pourcentage, sur les 20 ans restants. Au moins 430 projets devraient être financés ainsi, les trois quarts des fonds allant à la réhabilitation thermique de logements et un quart à la construction.

Quant au financement de l'enveloppe supplémentaire de 1 milliard d'euros, il sera discuté entre la CDC et Action Logement « dans les jours qui viennent », et sera davantage ciblé sur la construction neuve.