Tous les courtiers pronostiquent en chœur que les taux des crédits immobiliers ne devraient pas évoluer d’ici début 2016, et se maintenir à des niveaux toujours très bas. Avec même quelques baisses possibles. Explications croisées.

Statu quo sur les taux des crédits immobiliers en cet automne 2015. Ce constat fait, semble-t-il, consensus pour toutes les enseignes nationales de courtage : les dernières éditions des baromètres de six d’entre elles (1) aboutissent en tout cas à cette même conclusion. Tout en se distinguant ensuite sur l’analyse des causes et des conséquences de cette situation.

Les embouteillages de dossiers se résorbent

« Les taux sont stables et devraient se maintenir à un niveau très bas jusqu’à la fin de l’année », déclare ainsi Joël Boumendil, PDG du groupe ACE Crédit, tout en signalant, fin septembre, que les banques restent engorgées suite à la très forte activité des mois précédents sur le crédit immobilier. « Visiblement, leurs objectifs annuels sont déjà atteints depuis juin. Ainsi elles traitent en majorité les dossiers dits ''autoroutes'', c’est-à-dire sans prêt relais, avec apport et frais de notaire disponibles, et des emprunteurs en CDI ».

Un peu plus tard, certes (le 6 octobre), Cafpi dresse un bilan assez différent, en assurant notamment que les banques ont désormais bien fini de traiter l’afflux de dossiers de cet été. « Elles veulent à nouveau manifester leur présence vis-à-vis de la demande. C’est pourquoi elles attaquent cette rentrée avec appétit. » Se risquant même à annoncer une « belle année 2016 », l’enseigne qui s’affiche comme le n°1 des courtiers en prêt immobilier explique que les banques sont aujourd’hui rassurées par les perspectives économiques, avec des indicateurs conjoncturels qui ne devraient pas varier dans les prochains mois. « Seul un retour de l’inflation déclenchera une vraie hausse des taux », assure-t-on chez Cafpi.

Baisse des taux en 2016 ?

Ce maintien d’une activité – et d’une compétition entre enseignes bancaires – soutenue cet automne en matière de crédit immobilier est aussi un constat partagé par la majorité des courtiers. « Dans ce contexte, les taux devraient rester désormais très avantageux et pourraient même rebaisser légèrement, car les crédits demandés à partir de fin octobre seront comptabilisés dans la production de crédits de 2016 que les banques anticipent d’ores et déjà comme élevée », anticipe Jérôme Robin, président de Vousfinancer.

Chez Meilleurtaux, Hervé Hatt interprète la situation un peu différemment : « La marge financière des banques reste toujours significative, ce qui pourrait leur donner une marge de manœuvre importante en cette fin d’année, leur attentisme est le reflet pour beaucoup d’objectifs commerciaux déjà atteints, ce qui leur permet également de préparer leur future stratégie d’acquisition pour 2016. » En attendant, donc, de possibles bonnes nouvelles pour les emprunteurs début 2016, les taux d’intérêt ont toutes les chances de rester à leur niveau actuel jusqu’à la fin de l’année, soit :

  • Pour les taux de marché, suivant les courtiers, entre 2,30% et 2,36% sur 15 ans, autour de 2,60% sur 20 ans et entre 2,90% et 3,10% sur 25 ans ;
  • Pour les meilleures négociations annoncées par les courtiers, entre 1,60% et 2,04% sur 15 ans, de 1,93% à 2,29% sur 20 ans et au minimum 2,30% sur 25 ans.

Plusieurs courtiers mentionnent aussi les récentes annonces concernant l’élargissement du prêt à taux zéro dans l’ancien comme un coup de pouce qui pourrait être bénéfique au marché, et qui « sera peut-être l’occasion pour certains de nos partenaires de refondre leur politique commerciale vis-à-vis des primo-accédants », glisse-t-on chez Meilleurtaux. Cécile Roquelaure, chez Empruntis, préfère quant à elle attendre les précisions de mise en œuvre : « En 2015, moins de 2% des primo-accédants achetant dans l’ancien en ont bénéficié ».

(1) L’article est basé sur les derniers baromètres publiés par ACE Crédit, Cafpi, Empruntis, Immoprêt, Meilleurtaux et Vousfinancer.