Dans le secteur des voitures neuves, les formules locatives ont le vent en poupe. Selon Cetelem, elles ont même égalé le montant des crédits classiques en juillet dernier. LOA, LLD, crédit ballon : tour d’horizon.

+ 17% entre janvier et septembre 2014. C’est l’augmentation du montant de l'ensemble des offres de financement pour louer son véhicule, selon les chiffres de l'Association française des sociétés financières (ASF). Dans le même temps, les crédits auto classiques ont reculé de 4,5%. Christophe Michaëli, directeur du marché automobile chez l'organisme de financement Cetelem, confirme la poussée des formules locatives. Si pour l’heure les crédits classiques restent majoritaires, « l’écart se réduit » souligne-t-il. Selon l'ASF, « pour les voitures neuves, le montant des crédits classiques s’élève aujourd'hui à 2,2 milliards d’euros, contre 2 milliards pour les formules locatives ». En juillet dernier, « pour la première fois », les formules locatives ont même égalé les crédits classiques.

Comment expliquer ce succès croissant ? Le confort de rouler dans une voiture récente, l'entretien inclus dans le contrat et un budget voiture maîtrisé et régulier. Et peut-être aussi un changement d'état d'esprit. « Pour un client qui garde sa voiture 10 ans et en fait l’entretien lui-même, la formule locative a peu d'intérêt », précise Christophe Michaëli. « Mais un client qui veut une voiture neuve, en changer régulièrement et payer toujours 250 euros par mois, a tout intérêt à choisir cette formule : il a une parfaite visibilité de ce que lui coûte l’opération ».

Les différentes formules locatives

Il existe plusieurs techniques de financement parmi ces formules locatives. La location avec option d’achat (plus communément appelée LOA, ou leasing pour les professionnels). Un organisme financier achète la voiture et la loue à un client, sous certaines conditions. La carte grise est donc établie au nom du prêteur. Le client s’engage pour une période définie (de 2 à 6 ans) et un kilométrage à ne pas dépasser. Le client est donc locataire et paie des loyers. En général, il verse également un dépôt de garantie et éventuellement un apport lors du premier loyer. Le client peut solder le financement à partir du 13e mois. Cependant, comme le contrat est résilié, le prêteur appliquera des pénalités de solde. Au terme du contrat, le client peut choisir de lever l’option d’achat, et ainsi acquérir le véhicule au montant de la valeur de rachat qui a été déterminée à la signature du contrat.

La location longue durée (LLD), un produit commercial « en devenir » pour Christophe Michaëli. Le client s’engage sur une durée de 1 à 5 ans et un kilométrage. Là encore, le nom du prêteur est inscrit sur la carte grise. Ni capital de départ ni dépôt de garantie ne sont imposés. « Ici le client paie uniquement l’usage, et ne connaît pas le prix d’achat du véhicule, contrairement à la LOA. » Avec cette technique de financement, l’achat du véhicule au terme du contrat n’est pas possible.

Le crédit ballon est quant à lui le « mariage entre le crédit classique et la LOA » selon Christophe Michaëli. Avec ce type de financement, la carte grise est au nom du client, et non à celui de la société de location. Le contrat est établi pour une durée allant de 12 à 48 mois, le client ne s’engageant que pour une partie de la valeur du véhicule (en général la moitié). La mensualité est donc inférieure à celle payée dans le cadre d’un crédit classique, et plus la durée est longue plus la mensualité est faible. Comme pour les autres contrats, le client doit respecter un forfait kilométrique. Si un apport de 5 à 15% accompagne très souvent le crédit ballon, il est toujours perdu. Avec ce type de financement, le client peut choisir de solder le financement à tout moment, partiellement ou en totalité. Au terme du contrat, il peut revendre la voiture, soit au concessionnaire soit de lui-même (et solder le financement), soit garder le véhicule. Le client est tout de même incité à repartir sur un autre crédit ballon, étant donné qu'il rembourse principalement des intérêts.

Pour le directeur du marché automobile France de Cetelem, « il n’y a aucune technique de financement meilleure que l’autre. Elles ont toutes des avantages et des inconvénients en fonction du besoin du client ».

Des différences générationnelles

Malgré le développement de ces techniques de financement, 81% des Français estiment que l’achat d’une voiture reste plus avantageux qu’une formule locative, selon le baromètre 2012 « Les Français & l’automobile », commandé par Aramis auto et réalisé par TNS Sofres, même s’il note que l’attrait pour cette dernière solution progresse. Un paradoxe que Christophe Michaëli estime lié à la notion de propriété, mais aussi à un aspect générationnel. « Par exemple, les clients d'un certain âge préfèrent souvent être propriétaire de leur voiture et la garder longtemps. Le crédit classique est alors adapté. En revanche les jeunes vont plus facilement vers une offre de location ». Et donc vers ces solutions de financement, qui permettent d'accompagner l'évolution des comportements vers l'usage plus que la propriété. Le rapport crédit classique/location va évoluer « en douceur ». « Cela va prendre du temps, et d’ici là de nouvelles solutions de financement apparaîtront certainement pour accompagner les nouvelles façons de se déplacer, comme l'auto-partage par exemple ».

Est-ce que la LOA, la LLD et le crédit ballon vont se substituer aux crédits auto traditionnels ? Christophe Michaëli en doute. « Tout dépendra de l’usage des clients », note-t-il, tout en n’imaginant pas une seconde la disparition du crédit classique. Même s’il pense que « dans un horizon assez proche, la LOA sera la technique de financement la plus répandue pour l’automobile neuve ».

Et des formules locatives dans d’autres domaines que l’automobile ? Christophe Michaëli y croit, même si leurs applications doivent encore être réfléchies. « Tout ce qui se renouvelle peut se louer », estime-t-il. « On peut imaginer de payer un abonnement pour utiliser une machine à laver. Le problème avec la machine à laver, c’est que sa valeur résiduelle diminue rapidement. Le client va la payer en totalité, alors qu’avec une voiture il n’en paiera que l’usage ». Pour le directeur du marché automobile France de Cetelem, les formules locatives ne pourront fonctionner et n’auront d'intérêt que lorsqu’il existera un marché pour donner une deuxième vie aux équipements. Il continue : « Louer une machine à laver pour 24 mois n’a d’intérêt que si un vendeur peut ensuite la relouer ou la revendre à un autre client ».