La Banque centrale européenne a annoncé hier une baisse historique de son taux d’intérêt principal (0,15%) mais aussi de son taux de dépôt, qui passe en négatif (–0,10%). Quel impact cette décision aura-t-elle sur les taux des crédits immobiliers ? Les avis des principaux courtiers spécialisés divergent.

Sitôt officialisée la décision de la BCE, les réactions n’ont pas tardé à tomber. Les taux des crédits immobiliers sont actuellement à leur plus bas-niveau de l’après-guerre en France. La décision de la BCE est-elle de nature à conforter cette tendance, ou à la contrarier ?

Les avis divergent chez les courtiers spécialisés. Premier à réagir, Meilleurtaux estime dans un communiqué que le choix de la BCE sera « sans impact majeur nouveau sur les taux des crédits immobiliers ». « Tout simplement parce que nous sommes depuis maintenant quelques années déjà, dans une politique extrêmement accommodante de la BCE avec des taux inférieurs à 1% depuis décembre 2011 », développe Hervé Hatt, président de Meilleurtaux. « (…) Cette énième baisse si elle semble marquante symboliquement ne fait que confirmer que nous restons et allons rester dans les mois qui viennent dans un tunnel de taux extrêmement bas qui bénéficient aux banques et par voie de conséquence aux emprunteurs », complète Maël Bernier, porte-parole du courtier.

La « première pierre » de la remontée des taux

Autre acteur majeur du marché du courtage en crédits, Cafpi n’est pas d’accord. Pour son porte-parole, Philippe Taboret, « c’est (…) la première pierre de la remontée des taux de crédit qui a été annoncée aujourd’hui [hier, NDLR] ». Comment en arrive-t-il à cette conclusion ?

Pour lui, ce n’est pas tant la baisse du taux directeur principal de la BCE qui importe que celle du taux de dépôt qui, pour la première fois de l’histoire, vient de passer en négatif, à –0,10%. Ce qui revient à dire que les banques vont devoir rémunérer la BCE pour pouvoir y déposer leurs liquidités. « Cette dernière mesure devrait inciter les banques à ne plus thésauriser et faire plus circuler l’argent, ce qui est bon signe pour l’économie », commente Philippe Taboret, qui rappelle l’objectif premier de ces mesures : « Contrer les risques de déflation [et] créer les conditions favorables à un retour de la croissance. »

« Si l’objectif est atteint », poursuit Taboret, « le marché des actions reprendra de la vigueur face à celui des obligations qui verra alors ses taux augmenter. Or, le coût du crédit immobilier est indexé sur ces taux longs ». Une analyse qui rejoint partiellement celle de la Fédération européenne des banques, qui a mis en garde ce matin contre les effets de ce taux de dépôt négatif pour les emprunteurs.

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