Hier, deux études ont réalisé un diagnostic complet de la situation économique et sociale en France. L’une provenant de l’OCDE, l’autre de l’Insee. Et ces deux études pointent les dysfonctionnements du marché du logement. Ainsi, selon l’Insee, un ménage sur cinq dépense plus de 40% de ses revenus pour se loger. Fait notable : ce poste budgétaire pèse aussi fortement sur les locataires du parc privé que sur les propriétaires ayant un crédit à rembourser.

L’OCDE (organisation de coopération et de développement économiques), qui regroupe 34 pays comptant parmi les plus riches de la planète, a soumis hier une série de propositions à la France afin de « redresser la compétitivité » du pays. Innovation, fiscalité, marché du travail… L’OCDE s’est intéressée à tous les pans de l’économie française. Et au logement. Parmi ses conclusions : les prix de l’immobilier pèsent sur le pouvoir d’achat des ménages mais aussi sur la compétitivité des entreprises. Faisant état d’une flambée des prix en France lors des années 2000, le rapport de l’OCDE cite les exemples de l’Irlande et de l’Espagne où « l’euphorie du secteur immobilier » avait pu « capter à son profit des ressources qui auraient pu être consacrées à des usages plus productifs ».

Si l’étude de l’OCDE pointe avant tout les conséquences du coût du logement sur la compétitivité du pays, le « portrait social » des Français publié hier par l’Insee (institut national de la statistique et des études économiques) livre un état des lieux complet du problème. En 2011, selon l’Insee, malgré leurs différences de niveau de vie, les locataires du « secteur libre » (hors HLM) et les propriétaires accédants consacrent la même proportion de leurs revenus aux dépenses de logement : 27%. Ce taux d’effort est logiquement bien moindre pour les propriétaires « sans charges de remboursement » (11%). Pour les locataires résidant en HLM, ce taux s’élève à 23%.

40% des revenus pour un propriétaire accédant sur cinq

L’Insee rappelle dans son étude que les « organismes prêteurs (…) sont généralement d’avis que les remboursements d’un ménage accédant ne doivent pas dépasser le tiers de ses revenus ». Or, l’institut constate que 18% des propriétaires accédants font face à un taux d’effort (1) supérieur à 40%. Cette proportion de ménages pour lesquels le logement représente un poste de dépenses très élevé monte à 22% pour les locataires du « secteur libre ». Les populations les plus touchées par cette surreprésentation du logement dans leur budget sont sans surprise les ménages dont la personne de référence est retraitée ou au chômage.

Cette situation s'est-elle aggravée ? Oui mais uniquement pour les locataires. De 2005 à 2011, le taux d’effort relatif au logement a augmenté de 2,5 points pour les locataires hors HLM et de 2,3 points pour ceux du secteur d’habitat à loyer modéré. Pour les propriétaires accédants, en revanche, cette situation a peu évolué, le taux d’effort ayant baissé de 0,3 point en 6 ans. Pourtant, sur cette même période, pour l’ensemble des ménages endettés, le montant moyen restant à rembourser a augmenté de 58%. Mais si le poids des remboursements est resté stable, ce n’est qu’au prix d’un allongement de la durée des emprunts, en particulier chez les primo-accédants.

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La France est-elle une exception en termes de coût de l’immobilier ? L’OCDE compare 36 pays en se basant sur une dizaine de critères pour son indicateur du « vivre mieux » (2). Cet outil permet de relativiser les disparités. L’OCDE estime qu’en France, le logement (loyer, remboursement d’emprunt, factures énergétiques, etc.) représentait en moyenne à 21% du budget des ménages en 2011. Une proportion proche de celle de l’Insee. Or, malgré la hausse des prix de l’immobilier dans l’Hexagone pendant les années 2000, il s’agit de la moyenne de la zone OCDE. Le poids du logement dans le budget des ménages en France est ainsi supérieur à celui des Etats-Unis (19%) et à celui de l’Espagne (20%) mais légèrement inférieur à celui du Royaume-Uni (22%), et équivalent à celui de d’Allemagne.

(1) L’Insee calcule le taux d’effort moyen en rapportant l’ensemble des dépenses de logement (loyers, charges, énergie, taxes sur la résidence principale…) « nettes des aides au logement que reçoit le ménage, au revenu courant, avant impôt, net de ces aides ».

(2) Logement, revenu, emploi, liens sociaux, éducation, environnement, engagement civique, santé, satisfaction, sécurité et équilibre travail-vie. La comparaison est en ligne sur un site dédié.