L'Etat va emprunter 4,5 milliards d'euros sur les marchés financiers pour solder la dette issue du naufrage du Crédit Lyonnais, a-t-on indiqué dimanche au ministère du Budget, confirmant une information du journal Le Parisien. Bercy anticipe d'un an puisque cette traite de 4,5 milliards d'euros est à régler avant le 31 décembre 2014.

« Il est bien prévu dans le projet de loi de finances rectificative une reprise de dette de l'EPFR » (Etablissement public de financement et de restructuration), un organisme créé dans les années 1990 afin d'organiser le soutien financier de l'Etat au plan de sauvetage du Crédit Lyonnais, a indiqué un porte-parole du ministère, qui a également confirmé le montant évoqué par Le Parisien.

Un point final au volet financier de cette affaire

Précisément, un des articles de la loi de finances rectificative de 2013 qui doit être présentée mercredi en conseil des ministres « autorisera l'Agence France Trésor - le service de Bercy chargé de la dette - à emprunter 4,5 milliards d'euros sur les marchés financiers », avec pour objectif de rembourser « les dernières dettes générées par la quasi faillite de cette banque publique en 1993 ». « Si le Parlement accepte la mesure, l'Etat mettra donc un point final au volet financier de ce naufrage industriel », souligne Le Parisien.

Pour sauver Le Crédit Lyonnais, l'Etat a créé en 1995 deux structures : le Consortium de réalisation (CDR), qui était chargé de vendre des actifs du Crédit Lyonnais, et l'EPFR, qui avait emprunté à l'époque 130 milliards de francs (environ 19,8 milliards d'euros) à l'établissement bancaire, rappelle le journal. Il reste aujourd'hui une traite de 4,5 milliards d'euros à régler avant le 31 décembre 2014.

Cazeneuve : « Ce n'est pas un événement »

« On anticipe d'un an sur l'échéance car les conditions de financement sont favorables », a expliqué le porte-parole, faisant valoir qu'il s'agissait d'« une solution conforme à l'intérêt des finances publiques ».

« Ce n'est pas un événement. Ce n'est pas quelque chose qui arrive et que nous n'avions pas envisagé », a souligné le ministre du Budget Bernard Cazeneuve.

« Nous avons actuellement des conditions de crédit, de financement exceptionnelles, il faut mettre ça derrière nous », a confirmé pour sa part le ministre de l'Economie Pierre Moscovici sur France 5. « Quand je m'occupe du Crédit Lyonnais, je pense avant tout aux contribuables et je le fais avec ce remboursement », a-t-il ajouté.

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Tapie : pas « la clôture de l'ardoise »

Cependant le feuilleton judiciaire de ce dossier se poursuit, notamment le dossier Adidas et l'arbitrage controversé qui avait accordé 403 millions d'euros à l'homme d'affaires Bernard Tapie pour solder son contentieux avec le Crédit Lyonnais. « Quand l'Etat prétend que c'est la clôture de l'ardoise, je ne suis pas sûr que ce soit le cas », a réagi Bernard Tapie, qui souhaite que « soit au Sénat, soit à l'Assemblée nationale, il y ait une commission d'enquête qui s'attache à faire la lumière sur les plus grands scandales du Crédit Lyonnais ».

Avec un montage complexe, la banque avait racheté Adidas à Bernard Tapie dans la première moitié des années 90 avant de revendre l'équipementier à Robert Louis-Dreyfus. Bernard Tapie s'était estimé floué et a attaqué en justice pour demander une compensation. Ce qui a donné lieu à un arbitrage et 403 millions d'euros de compensation.

Mais la justice enquête désormais sur cet arbitrage, qu'elle soupçonne d'être une « escroquerie en bande organisée » qui mêlerait Bernard Tapie, son avocat Me Maurice Lantourne, le juge arbitre Pierre Estoup ou encore le patron d'Orange Stéphane Richard, ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde alors ministre de l'économie et des finances.