Selon une note publiée lundi par les notaires de France, toute remontée des taux de crédit immobilier, pour l'heure à leur plus bas niveau historique, toucherait de plein fouet les ménages les plus modestes cherchant à accéder à la propriété.

« La baisse des taux d'intérêt et l'arrêt de la hausse des prix auraient dû relancer le marché immobilier. Ce n'est pas le cas, en raison de la situation macro-économique et des anticipations de baisse des prix sur les marchés où elle ne s'est pas encore produite », explique cette note de conjoncture trimestrielle.

Ces taux exceptionnellement bas ont néanmoins permis à la fois « d'enrayer cette baisse » et de « maintenir un certain niveau de volume de ventes là où l'accession constitue l'essentiel du marché », poursuivent les notaires. Or les observateurs estiment que ce mouvement de baisse des taux pourrait être arrivé à son terme, les taux longs ayant déjà « augmenté de 0,7 point (de pourcentage) depuis deux mois », et certains économistes estiment qu'ils pourraient remonter de deux points « sur les deux années à venir ».

« Même si, dans cette hypothèse, les prix pourraient globalement enregistrer un recul, il est peu probable que les acquéreurs dans leur ensemble gagnent du pouvoir d'achat, de sorte que cela contribuera à bloquer de nouveau le marché », estiment les notaires, s'interrogeant sur la perspective d'une « crise de solvabilité des ménages ».

Les ménages modestes les plus touchés

Car en cas de remontée des taux de crédit immobilier, « les primo-accédants modestes seraient les plus pénalisés, l'absence d'aide dans l'ancien étant déjà durement ressentie » car le prêt à taux zéro – aujourd'hui réservé à l'acquisition ou la construction d'un logement neuf et appelé « PTZ plus » – « constituait en effet bien souvent l'apport financier de ces acquéreurs ».

Et en parallèle dans le neuf, les accédants à la propriété « sont confrontés à une forte hausse du prix de construction en raison de l'intégration des nouvelles normes », dont la réglementation thermique 2012. Or pour les primo-accédants, la baisse des taux de ces derniers mois « ne compense que très partiellement la hausse des coûts, et ceux qui disposent d'une marge de manoeuvre du fait de leurs revenus ne peuvent plus bénéficier du prêt à taux zéro ». « Aujourd'hui, ces derniers sont exclus de l'accession à la propriété ne pouvant se constituer un apport financier personnel suffisant », concluent les notaires de France.