Depuis le 1er septembre 2010, les banques n’ont plus le droit, dans le cadre d’un prêt immobilier, d’imposer leur propre contrat d’assurance emprunteur. Quelle est la portée exacte de cette nouvelle disposition, introduite par la loi dite Lagarde de réforme du crédit à la consommation ? Réponse avec Eric Vétillard, directeur des solutions d’assurance pour le marché des particuliers au sein de Generali France.

La réforme de l’assurance emprunteur, entrée en vigueur début septembre, marque-t-elle selon vous une rupture ?

« Pas vraiment. Il s’agit avant tout de la poursuite d’un processus, engagé depuis une quinzaine d’années, pour une meilleure information du consommateur. De ce point de vue, la loi Lagarde vient compléter la mise en place de la fiche d’informations “standardisée“, qui date de juillet 2009. Par ailleurs, la réforme introduit une nouvelle liberté de choix pour l’emprunteur, et donc potentiellement plus de concurrence. De ce point de vue, elle aura donc un impact sur le marché. »

En ouvrant, par exemple, une guerre des prix ?

« La “guerre des prix“ a commencé avant la loi Lagarde. Avec la baisse des taux d’intérêts, le poids relatif de l’assurance emprunteur est devenu plus important, jusqu’à 10% du coût global du crédit parfois. Logiquement, les consommateurs y sont plus attentifs. Certains acteurs se sont donc naturellement positionnés sur des produits d’entrée de gamme à bas prix. Dans le même temps, les banques ont toujours la possibilité de refuser une délégation d’assurance si elles prouvent, par écrit, que les garanties apportées sont inférieures à celles proposées par leur contrat groupe. Certaines d’entre elles ont déjà mis en place des comparatifs et proposent des offres compétitives. »

Il n’y aura pas d’effet d’aubaine pour les assureurs...

« Aujourd’hui, 85 à 90% du marché de l’assurance emprunteur est détenu par les contrats groupe des banques. Il y a donc une marge importante, et la réforme peut en effet permettre aux assureurs de gagner deux ou trois points, ce qui représenterait déjà une croissance non négligeable. Mais le marché ne va pas basculer du jour au lendemain. La question de l’assurance emprunteur restera secondaire pour les futurs acquéreurs, dont la priorité est de trouver le bien, puis de le financer, le tout dans un délai souvent court. »

La loi Lagarde a-t-elle influencé votre propre stratégie commerciale ?

« Il y a effectivement une opportunité à saisir. En amont de la loi, nous avons repositionné notre offre d’un point de vue tarifaire, tout en gardant une large palette de garanties, pour éviter d’être “retoqué“ par les banques. Dans un deuxième temps, nous allons essayer de capter, notamment grâce à internet, le nouveau flux de demandes d’informations généré par la réforme, puis de l’orienter vers nos conseillers. Nous envisageons enfin, dans un troisième temps, d’ouvrir de nouveaux partenariats. »

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