Le nouveau dispositif du Prêt à taux zéro, annoncé mardi par Nicolas Sarkozy, fait aujourd’hui la Une de la plupart des journaux et sites internet. Si le dispositif est généralement bien accueilli, il suscite aussi des craintes, voire quelques critiques.

« Enfin, le nouveau PTZ est apparu » ; « Super prêt à taux zéro pour un France de proprios » : ce matin, la plupart des titres de la presse, papier et internet, saluent la naissance du PTZ+, dont les grandes lignes ont été présentées mardi matin par Nicolas Sarkozy.

Les réactions sont globalement positives, également, du côté des acteurs du marché de l’immobilier. Premier distributeur français du PTZ, le Crédit Foncier, par la voix de son directeur général François Blancard, se félicite par exemple que « la réforme se concentre sur un dispositif qui a déjà fait ses preuves et qui est très connu (...). [Elle] va notamment améliorer la solvabilité des emprunteurs , la prise en compte des spécificités démographiques des territoires, et accroître le nombre d’emprunteurs éligibles. » Même son de cloche du côté de l’Union des Syndicats de l’immobilier (UNIS) et de la majorité des organisations professionnelles du secteur de l’immobilier et du bâtiment.

Nouveaux réglages attendus

Toutefois, en cherchant un peu, on trouve trace des nombreuses interrogations que suscite encore le PTZ+. Dans le quotidien Les Echos, Guy Nafilyan, patron du promoteur Kaufman & Broad, salue ainsi un « dispositif (...) intelligent » mais introduit un bémol : « Les premières simulations que nous avons effectuées montrent des problèmes de seuil de différé de remboursement. » Conséquence : certains acheteurs qui, par le passé, ont pu bénéficier du PTZ, grâce justement à ce différé, ne pourraient plus le faire avec le PTZ+.

Le conditionnel est de rigueur, car le nouveau dispositif est, de l’avis général, si complexe, et la communication du gouvernement si imprécise, qu’il est encore difficile de dire qui en seront les gagnants et les perdants. Les Echos évoque d'ailleurs la possibilité de « nouveaux réglages », d’ici le passage du texte devant l’Assemblée, en octobre.

Risque d’inflation des prix de l’immo ?

Autre sujet d’inquiétude : les conséquences du PTZ+ sur les prix de l’immobilier, notamment dans les « zones tendues », en gros les grands centres urbains, ciblées tout particulièrement. Dans un communiqué, l'Union des maisons françaises (UMF) tire le signal d'alarme : « Si l’intention d’aider davantage en zone tendue, où l’accession est plus chère, est louable, la traduction sur le marché de ces zones tendues peut s’avérer redoutable au cas où l’offre, tétanisée par une offre foncière insuffisante, ne suivrait pas la demande avec, comme conséquence une hausse des prix dont serait victimes les accédants qu’on veut aider. »

Réponse attendue du gouvernement : il faut agir sur l’offre de logements et de terrains disponibles. Nicolas Sarkozy a ainsi demandé à Benoist Apparu, le secrétaire d’Etat au logement, de plancher sur une simplification du droit à l’urbanisme, afin de faciliter les opérations immobilières, mais aussi sur une conversion d’immeubles de bureaux en logements. « C’est ici que se jouera la vraie réforme de la politique du logement », conclut l’éditorialiste des Echos, Jean-Marc Vittori.

Une réforme coûteuse

Dernière salve de critiques à l’égard du PTZ+ : son coût pour les comptes de l’Etat. Le gouvernement a en effet prévu une enveloppe de 2,6 milliards d’euros pour le financer, contre 1,2 milliard pour l’ancien PTZ. Certes, comme le souligne Libération, ce chiffre est à comparer avec les 4,2 milliards dépensés aujourd’hui pour l’ensemble des aides à l’accession, y compris celles appelées à disparaître, comme le crédit d’impôt sur les intérêts d’emprunt.

Mais Les Echos rappelle que cette suppression ne sera pas rétroactive, certains nouveaux propriétaires continuant donc à en profiter jusqu’en 2015, voire en 2017 pour les logements BBC. Au final, selon le chiffrage effectué par le quotidien économique, les dépenses publiques dans le domaine vont donc continuer à croître jusqu’en 2018, avant de refluer faiblement, à hauteur de 200 millions d'euros par an.

A lire également : les réactions à l’annonce du PTZ+ sur le forum cBanque.