Virtualis, e-carte bleue, Payweb card… Les noms changent mais le service est le même : des cartes bancaires virtuelles à usage unique, complémentaires des cartes bancaires traditionnelles en plastique. Le point sur les usages, et sur les offres des banques et néobanques.

Comment ça marche ?

Le principe des cartes bancaires virtuelles est assez simple : il consiste à fournir, à la demande d’un client, un numéro de carte complet - numéro unique + date de fin de validité + cryptogramme -, différent de celui de sa carte bancaire physique. Une carte virtuelle, donc, qui peut être générée 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, sur un site web ou une application mobile.

Ces cartes dématérialisées sont à usage unique : une fois le paiement effectué, leur numéro n’est plus valide. Elles peuvent également être paramétrées par le porteur, qui peut en choisir la durée de validité et plafonner le montant des paiements.

A quoi ça sert ?

Toutes les banques qui proposent le service en font la promotion de la même façon : il s’agit de rendre les paiements à distance, en ligne ou par téléphone, plus sûrs.

En effet, si la carte bancaire est, de très loin, le moyen le plus utilisé pour régler les achats en e-commerce, elle n’est pas forcément la plus adaptée pour ce type de paiement. Son utilisation présente notamment des risques de fraude. Les renseignements permettant de mener à bien une transaction à distance - le numéro unique + la date de fin de validité + le cryptogramme à 3 chiffres - sont en effet immuables, puisque gravés dans l’objet même, et peuvent donc être détournés et utilisés pour des paiements frauduleux. En fournissant un numéro alternatif à usage unique, la carte virtuelle contribue à endiguer ce risque.

La carte virtuelle peut toutefois avoir d’autres usages que le simple paiement en ligne. Certains consommateurs l’utilisent aussi pour garder le contrôle sur leurs abonnements numériques - Netflix, Spotify, etc. - ou sur leur budget d’achats en ligne. Exemple : un consommateur qui souhaite limiter son budget Amazon à 1 000 euros par an peut créer une carte virtuelle d’une durée de validité de 12 mois avec un plafond de paiement de 1 000 euros, et l’enregistrer sur le site d’e-commerce.

Qui propose des cartes virtuelles ?

Un des promoteurs de la carte virtuelle en France s’appelle Arkéa. En 2005, la banque bretonne a développé, en interne, sa propre solution, baptisée Virtualis, à destination des clients de ses enseignes de détail, les Crédits Mutuels de Bretagne, du Sud-Ouest et du Massif Central. « Virtualis nous a permis de rassurer celles et ceux qui étaient réticents à utiliser leur carte sur internet, par crainte de la fraude. » explique Hugues Mercier, responsable offre et back-office paiements chez Arkéa. Avec des résultats probants : l’usage des paiements en ligne a décollé, et Arkéa revendique le plus faible taux de fraude de la place. Elle est, il faut dire, la seule enseigne à bloquer par défaut les paiements en ligne sur les cartes bancaires qu’elle émet. Pour céder à l’appel du e-commerce, ses clients doivent ainsi soit faire la démarche de faire sauter cette limite, soit utiliser, gratuitement, Virtualis.

Si Arkea est la banque la plus active sur cette technologie, qui est également présente chez sa filiale de banque en ligne Fortuneo, elle est loin d’être la seule à la distribuer. Comme elle, le Crédit Mutuel Alliance Fédérale propose gratuitement depuis 2003 son propre service de carte virtuelle, baptisée Payweb Card.

D’autres enseignes disposent d’un service équivalent, proposé clé en main et de manière optionnelle et payante, par le réseau d’acceptation Visa depuis 1999, sous la marque « e-carte-bleue ». C’est le cas :

  • de la Caisse d’Epargne, au prix de 13,75 euros par an (1) en Île-de-France ;
  • à la Banque Populaire (12 euros par an dans le Grand-Ouest) ;
  • à La Banque Postale, (13 euros par an, sauf pour les cartes Visa Platinum et Infinite) ;
  • à la Société Générale (12 euros par an).

Les cartes virtuelles ont-elles un avenir ?

A l’heure où le e-commerce s’est largement démocratisé, où les plateformes ont amélioré leur sécurité et où les alternatives à la carte bancaire se développent, les cartes virtuelles ont-elles encore un avenir ? Elles font en tout cas partie de l’attirail des services proposés par plusieurs néobanques. On les retrouve ainsi chez Max (filiale d’Arkéa) ou chez Revolut. Certaines vont même plus loin : Lydia et Yeeld, par exemple, proposent des formules centrées sur la carte virtuelle, où la carte physique en plastique n’est qu’une option payante.

Mais l’avenir des cartes bancaires virtuelles se joue aussi dans les nouvelles manières de payer. Dans les mobiles notamment. L’Apple Card, qui sera lancée cet été aux Etats-Unis, est ainsi avant tout une carte virtuelle, destinée à se loger dans les iPhones, sa version physique n’étant conçue que comme une alternative à utiliser dans les points de ventes pas encore équipés pour le paiement mobile sans contact. « La carte virtuelle est une boîte à outils pour d’autres services de paiement en mobilité », confirme ainsi Hugues Mercier.

(1) Tous les tarifs cités sont ceux en vigueur en mai 2019