Vous connaissez peut-être Banque Casino via son offre de crédit à la consommation. Mais la filiale bancaire du groupe éponyme axe désormais son développement surtout sur le paiement (carte bancaire, facilité de paiement, application dédiée...). Elle se qualifie d'ailleurs de « néobanque des consommateurs ». Banque Casino va-t-elle finir par lancer un compte de paiement comme Carrefour et Leclerc ? Réponse de Marc Lanvin, son directeur général adjoint.

Votre concurrent Oney Bank expliquait récemment tirer l’essentiel de ses revenus de son offre de paiement fractionné. Faites-vous le même constat ?

Marc Lanvin : « Nous avons lancé dès 2013 notre offre de paiement en ligne en 3 ou 4 fois par carte bancaire. Pour rappeler rapidement sa genèse, nous l’avons développée à la demande de Cdiscount qui souhaitait offrir à ses clients une facilité de paiement aussi simple à utiliser que le paiement en une fois. Ce fut un succès ! Nous l’avons ensuite proposée sur d’autres sites d’e-commerce français (1001pneus, Oscaro, MisterFly…). Par la suite, nous l’avons élargie pour qu’elle puisse être utilisée par les plateformes téléphoniques et dans les agences de nos partenaires. Depuis fin 2018, l’application Casino Max en est également équipée. Cela permet aux clients de Géant de payer en différé leurs courses et de choisir la date du débit. Ces développements nous permettent d’espérer doubler chaque année le volume d’achats financés. En 2019, nous prévoyons de financer ainsi 2 milliards d’euros de transactions, ce qui fait que nous sommes de très loin leader en France sur ce marché. »

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Pourquoi avoir choisi de développer une offre basée sur la carte bancaire, plutôt que sur le virement par exemple ?

M.L. : « C’était une volonté des e-commerçants. La carte reste le moyen de paiement universel. Les clients ont l’habitude de se munir de leur carte. En revanche, ils n’ont pas forcément leur RIB à portée de main. Dans le cas d’un achat conséquent, comme un voyage par exemple, l’inconvénient de la carte bancaire est son plafond de paiement. Notre solution de paiement différé permet justement de s’affranchir de cette contrainte. Passer par la carte était également, pour nous, plus simple à gérer : il s’agit d’un moyen de paiement irrévocable et qui peut être récurrent. »

En cas de transaction frauduleuse ou de marchandise non conforme, comment l’acheteur stoppe-t-il l’ordre de paiement ?

M.L. : « Le paiement fractionné est un produit à levier – avec 100 euros, vous pouvez commander 400 euros – il peut donc attirer les fraudeurs. Nous imposons donc l’authentification 3DS [validation de la transaction en renseignant un code reçu par SMS, ndlr]. S’il y a un litige sur le produit, le client doit prendre contact avec le commerçant. Il n’interagit jamais directement avec nous. »

Le paiement fractionné entraine-t-il un surcoût pour l’acheteur ?

Le paiement fractionné, aussi un outil promotionnel

M.L. : « Nous laissons au commerçant le choix de proposer du paiement en 3 ou 4 fois, avec ou sans frais. S’il choisit le « sans frais », c’est lui qui nous verse une commission d’environ 2%. Il peut ainsi pousser un produit. En revanche, « avec frais », la commission est à la charge du client final. »

Tous les acheteurs peuvent-ils utiliser cette facilité de paiement ?

M.L. : « Comme les paiements peuvent être étalés sur 90 jours, la seule condition que l’on impose est que la carte bancaire soit encore valide au moins 4 mois. Sinon notre solution de paiement fractionné fonctionne avec l’ensemble des cartes Visa et Mastercard à débit immédiat ou différé, et pas uniquement avec les cartes Banque Casino. Seules les cartes prépayées et certaines cartes étrangères comme l’Amex ne sont pas compatibles. »

Vous avez lancé en 2017 une offre de mini-prêt que vous proposez aussi depuis fin 2018 aux clients de la fintech Lydia. Est-ce votre réponse au déclin du crédit renouvelable ?

M.L. : « Aujourd’hui, nous constatons effectivement que nos clients ont une appétence pour les prêts de très courte durée. Ils conservent ainsi la maîtrise de leur budget. En ce sens, cette facilité de paiement qui prend fin au bout de 3 mois maximum répond parfaitement à ce changement d’usage. »

Concernant le retrait d’argent aux caisses, Casino annonçait récemment enregistrer 30 retraits par semaine dans les hypermarchés et 12 dans les supermarchés. Ces chiffres paraissent faibles au regard de l’affluence quotidienne en magasins...

M.L. : « Il faut garder en tête que le paiement en sans contact permet dans la plupart des enseignes de se passer d’argent liquide. Par ailleurs, je ne suis pas sûr que tous les Français soient au courant de l’existence de ce service. Au lancement du cash-back en septembre dans ses enseignes, le groupe Casino avait communiqué dessus. Nous en reparlerons au moment des vacances. »

En février, vous annonciez que vous lanceriez Apple Pay avant fin mars. Le projet est-il retardé ?

Le lancement d'Apple Pay est imminent !

M.L. : « Le lancement est imminent. D’ici quelques semaines, nos 600 000 cartes bancaires seront compatibles avec Apple Pay. »

L’offre de Banque Casino semble de plus en plus centrée autour de l’usage de la carte, en atteste le paiement fractionné, en atteste Apple Pay… Comme Carrefour avec C-Zam, cela ne vous donne-t-il pas envie de lancer un compte de paiement ?

M.L. : « Pas du tout. Nous pensons que ce marché compte déjà beaucoup trop d’acteurs. La valeur ne vient pas du compte courant. Le sujet, désormais, c’est le paiement. Nous trouvons cela tout à fait cohérent que les clients domicilient leur salaire dans une banque de dépôt. Par contre, nous voulons qu’ils se servent de nos cartes. Pour ce faire, nous avons développé une application qui permet à nos clients de gérer leurs dépenses quotidiennes en se servant de leurs cartes et va aussi leur permettre d’agréger l’ensemble de leurs comptes bancaires. »