Avec l’apparition des néobanques, vous êtes de plus en plus nombreux à détenir des cartes bancaires dites « prépayées ». Qu’est-ce qui les différencient des cartes de débit traditionnelles ? Et quelles sont leurs limites en termes d’usage ?

C’est une petite mention, souvent intégrée discrètement au design de la carte : depuis juin 2016, et l’entrée en vigueur d’un règlement sur le sujet, toutes les cartes bancaires émises en Europe doivent préciser si elles sont de « débit », de « crédit » ou « prepaid », pour prépayée.

La distinction entre une carte de débit et un carte de crédit est assez simple à saisir : les opérations passées avec les premières sont débitées du compte au fil de l’eau ; celles payées avec les secondes le sont de manière différée, avec intérêts (dans le cas de cartes liées à un crédit renouvelable) ou sans (pour les cartes à débit différé).

Quelle est en revanche la spécificité des cartes prépayées, émises notamment par certaines néobanques ? Et quelles contraintes peuvent-elles entrainer au quotidien pour leurs détenteurs ?

Qu’est-ce qu’une carte prépayée ?

Le règlement européen de juin 2016 la définit ainsi : il s’agit d’une carte « permettant de disposer d’une somme d’argent limitée ». Pour simplifier, on pourrait parler de carte bancaire sans banque, dans la mesure où elles ne débitent pas un compte bancaire à part entière, mais un simple compte de paiement, avec contrôle de solde systématique et impossibilité de passer dans le rouge. Pour autant, il s’agit d’une « vraie » carte de paiement.

Les cartes cadeaux universelles distribuées par certaines enseignes commerciales ou encore les cartes rechargeables accessibles en bureaux de tabac, en grandes surfaces ou sur internet sont ainsi des cartes prépayées. Mais certaines néobanques en distribuent également : citons par exemple Revolut et Lydia.

Pourquoi certaines néobanques choisissent-elles de proposer des cartes prépayées ?

Pour deux raisons principalement. Premièrement, parce que l’agrément pour pouvoir les distribuer est plus simple à obtenir que celui des cartes de débit. Deuxièmement, parce que ces cartes prépayées, contrairement aux cartes de débit, ne s’accompagnent pas obligatoirement d’une couverture du porteur contre le vol ou la perte, et coûtent donc moins cher à émettre.

Une carte prépayée est-elle moins bien acceptée en magasin ?

En théorie, non. La carte prépayée permet de payer partout en France et, à l’étranger, dans les points de vente affiliés à Visa ou MasterCard, selon son réseau d’acceptation. L’accepter ne coûte d’ailleurs pas plus cher aux commerçants puisque la commission d’interchange - la commission payée par la banque du commerçant à la banque du client pour chaque paiement réalisé - est identique sur les cartes prépayées et les cartes de débit, les plus courantes. « Il n'y a pas de différence réelle chez un commerçant entre une carte prépayée Revolut, PCS Mastercard ou Paytop et une carte de débit Max, Nickel ou C-Zam », nous confirme un professionnel de la monétique.

La seule limite éventuelle est liée à la nature même de la carte prépayée : elle est en effet par essence une carte à autorisation systématique, qui ne tolère pas les paiements dit « hors ligne », c’est-à-dire validés en l’absence d’interrogation du solde. C’est de moins en moins un problème, à mesure que le parc des terminaux de paiement et des automates se modernisent, mais cela peut encore entraîner ponctuellement des refus de paiement.

Une carte prépayée est-elle moins bien acceptée sur internet ?

Une fois encore, rien n’interdit de régler ses achats en ligne avec une carte prépayée. Dans les faits toutefois, cela vous expose à des refus de paiement plus fréquents qu’avec une carte de débit. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’on peut utiliser une carte prépayée de manière anonyme, sans avoir à prouver son identité. « Ces cartes présentent donc un risque plus fort de blanchiment d'argent ou de détournement et sont fréquemment bloquées pour les paiements à distance », confirme notre spécialiste.

Les cas d’usage anonyme ont toutefois été largement réduits par la réglementation au cours des dernières années, après que les enquêtes sur les attentats en France ont montré que ce type de carte avait été utilisé par les assaillants. En l’absence d’identification complète du porteur, pièce d’identité à l’appui, son usage se limite à 250 euros de paiements par mois, uniquement, et interdit les retraits d’espèces.