Avant-dernier épisode de notre série de fin d’été 2014 consacrée aux « flops » marketing et communication des banques françaises. Nous nous arrêtons aujourd'hui au début des années 2000 : internet se développe alors à vitesse grand V et, déjà, les banques réfléchissent au meilleur moyen de sécuriser les paiements à distance par carte bancaire...

Comment sécuriser les paiements sur internet ? En avril 2000, les grandes banques françaises (1) croient avoir trouvé la réponse en soutenant de consorts le projet Cyber-comm. Cette solution novatrice se présente comme un mini-terminal de paiement relié à l'ordinateur par cable USB. Il permet à tout un chacun de régler des achats en ligne de chez lui, en insérant sa carte bancaire dans ce boîtier, sans faire transiter toutes ses coordonnées bancaires sur internet.

A l’heure du lancement, l’ambition est de mise : l’objectif de 2 millions de lecteurs de carte distribués courant 2002 est évoqué, le plan communication est déployée sur tous les grands supports, les Américains réfléchiraient même à importer cette innovation française !

Seuls « quelques milliers » de lecteurs vendus

Problème : c’est au particulier d’acheter son propre lecteur, moyennant 400 francs, l'équivalent de 76 euros de nos jours selon le convertisseur de l’Insee. La direction de Cyber-comm espérait que le prix chute une fois le lecteur fabriqué en grande quantité. Mais à la fin 2001, les concepteurs n’ont « finalement écoulé que quelques milliers [de terminaux], et seuls 27 cyberboutiques l'acceptent », lit-on dans Le Parisien de l’époque. « L'idée était pourtant intéressante », réagit Guillaume Almeras, éditeur du site spécialisé dans l'innovation bancaire Score Advisor, « mais dès lors que l'on facture le matériel, les particuliers n'ont pas envie de tester ». Lui estime que pour lancer de nouveaux usages, la gratuité s'impose, du moins au départ.

En juin 2002, le projet Cyber-comm est définitivement abandonné. Aujourd’hui, le nom de domaine Cyber-comm.com existe toujours mais il renvoie vers le site du GIE Cartes bancaires, qui a conservé le « savoir-faire » acquis via cette innovation.

Retrouvez demain matin le dernier épisode de notre série. Nous poussons cette fois le voyage dans le temps jusque dans les années 1960, à une époque où les banques ont tenté de lancer des « drive-in » bancaires.

(1) BNP Paribas, Caisse d'Epargne, Crédit Agricole, CCF (Crédit commercial de France, devenu depuis HSBC France), Crédit Lyonnais, Crédit Mutuel, La Poste, Société Générale.