Le PEA Jeunes, plan d’épargne en actions dédié aux 18-25 ans, est désormais ouvert à la commercialisation. La Fédération des investisseurs individuels et des clubs d’investissement (F2IC), qui est à l’origine de cette mesure, a de grandes ambitions pour le PEA Jeunes, et incite les banques à en profiter pour faire un effort de pédagogie boursière.

Charles-Henri d'Auvigny

Charles-Henri d’Auvigny est président de la Fédération des investisseurs individuels et des clubs d’investissement (F2IC)

Pourquoi la F2IC a-t-elle proposé la création de ce PEA Jeunes ?

Charles-Henri d’Auvigny : « La fédération est à l’initiative du PEA Jeunes. Nous avons soumis cette idée au printemps 2016 au gouvernement. A l’époque, le ministre de l’Economie était Emmanuel Macron. Nous avions proposé un plan pour les 16-25 ans et un plafond de 25 000 euros, hors PEA classique. »

Pourquoi 16 ans ?

C-H.A. : « A 16 ans, vous êtes lycéen, vous avez vos premiers cours d’économie. L’idée est de proposer un PEA à vocation pédagogique : cela permet de les sensibiliser à l’épargne retraite, car les actions sont un placement adéquat pour préparer la retraite. Nous pensons qu’un PEA Jeunes peut être la première pierre à l’édifice de l’épargne retraite. C’est aussi un bon moyen de développer l’esprit d’entrepreneur chez les jeunes. »

Le PEA Jeunes, désormais disponible, est ouvert aux 18-25 ans rattachés fiscalement à leurs parents. C’est un « PEA étudiants » ?

C-H.A. : « Oui en quelque sorte. Nous avions proposé 16 ans, mais le gouvernement et les parlementaires ont préféré 18 ans, la majorité, pour des raisons juridiques. Parce qu’investir en actions est audacieux, or il faut respecter les obligations réglementaires sur le devoir de conseil, et ils ont préféré la prudence pour les jeunes lycéens. »

Avez-vous des objectifs pour ce PEA Jeunes ?

C-H.A. : « J’aimerais voir 2 millions de PEA Jeunes ! Mais j’y crois peu… Le sujet, c’est de savoir si les banques vont jouer le jeu : ce sont les banques qui touchent le grand public. »

Certains courtiers en ligne se sont précipités pour mettre en avant le PEA Jeunes…

« Ce sont les banques qui touchent le grand public »

C-H.A. : « C’est une bonne chose mais ce ne sera pas suffisant. Au niveau communication, il faut peut-être déjà axer l’effort sur les parents qui détiennent un PEA : eux sauront convaincre leurs enfants majeurs. »

Comment les banques pourraient-elles mettre en avant ce PEA Jeunes ?

C-H.A. : « Si elles le proposaient en même temps que leur prime du bac… Cela pourrait être inclus dans un package épargne à ce moment clé, en présentant l’ensemble des produits d’épargne, du Livret A au PEA Jeunes. Cela serait formidable… »

Pourquoi êtes-vous dubitatif sur l’effort commercial des banques ?

C-H.A. : « Elles ne sont pas friandes de la vente d’actions en direct. On risque de vous expliquez que c’est compliqué, risqué, etc. Une banque privilégiera toujours les OPC [fonds d’investissement, NDLR] aux titres vifs. »

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