La bourse, c’est pour les hommes, vieux et riches ! Telle est l'idée que l’on se fait de l’actionnaire. Stéréotype ou réalité ? Réponse de l’Autorité des marchés financiers.

La pilule de la crise financière n’est toujours pas passée auprès des investisseurs particuliers. Alors que 6 millions de Français – hors actionnariat salarié – détenaient des actions en direct en 2008, leur nombre a depuis été divisé par deux : la France compte désormais quelque 3 millions de boursicoteurs. Et l’année 2018, particulièrement morose pour les marchés financiers, n’a pas réchauffé l’ambiance, au contraire… Le taux de détention d’actions en direct (c’est-à-dire placées sur un compte-titres ou un PEA) a chuté à 6,2% en mars 2019, contre 7,5% de moyenne en 2018 et 7,6% pour 2017, selon la dernière enquête réalisée par Kantar pour l’Autorité des marchés financiers (1). Mais qui sont ces irréductibles ?

10% des boursicoteurs gagnent plus de 6 000 euros par mois

Les actionnaires sont premièrement plus riches que la majorité des Français. 58,9% des détenteurs d’un portefeuille d’actions touchent une rémunération supérieure à 3 000 euros nets mensuels. Or, selon l'Insee, en 2015, pour être dans les 10% de Français les plus aisés, il fallait gagner 3 769 euros par mois. Parmi les investisseurs boursiers, un sur 10 dispose même de plus de 6 000 euros de revenus mensuels.

Néanmoins, les récentes débâcles boursières ont plus refroidi les très riches que les investisseurs un peu moins aisés. Pour preuve, la part des détenteurs d’actions en direct déclarant gagner moins de 3 000 euros a bondi à 39,5% en 2019, après 34,3% en 2018. Dans le même temps, les actionnaires aux revenus supérieurs à 6 000 euros ne représentaient plus que 15,5% des boursicoteurs en 2018, soit un recul de 5 points en seulement 1 an.

4 actionnaires sur 10 ont un patrimoine financier inférieur à 50 000 euros

Cette petite démocratisation de l’actionnariat s’observe encore plus nettement au niveau du patrimoine financier déclaré. En 2019, 40,4% des investisseurs boursiers affirment avoir acquis des placements divers pour moins de 50 000 euros. L’année dernière, seuls 25,4% estimaient leur patrimoine financier à moins de 50 000 euros.

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Bien qu’un peu moins riches en proportion qu'auparavant, les actionnaires restent tout de même plus aisés que la moyenne des Français, ce qui est logique compte tenu du risque inhérent à ces placements. Ils s’adressent, de fait, aux personnes s’étant déjà constituées une épargne de précaution et une épargne dite de « projet » pour anticiper sur un achat à venir (logement, véhicule…).

En toute logique – il faut en principe du temps pour se constituer une épargne suffisante – les boursicoteurs sont aussi plus âgés que la moyenne nationale. 75,2% ont plus de 45 ans, dont 33,6% ont plus de 65 ans. Dans la population française, les plus de 45 ans ne représentent que 56,4% des individus. Néanmoins, la part des investisseurs plus jeunes connaît une nette progression ces derniers mois. Désormais, près d’un quart (24,8%) des actionnaires ont moins de 45 ans, contre 22,5% en 2018.

37% des actionnaires sont des femmes

Enfin, dernière idée reçue sur l’actionnariat : il est réservé à la gente masculine. Comme pour les deux précédentes, c’est une réalité mais un peu moins prononcée que précédemment. Aujourd’hui, 37,4% des actionnaires sont des femmes, contre 32,1% en 2018. Si l’on prend en compte l’investissement indirect, via l’achat de parts de fonds en actions par exemple, la proportion d'investisseuses grimpe à 38,5%. Mais pour se rapprocher véritablement de l’égalité, il faut regarder du côté de la détention d’actions via l’assurance vie. En effet, 48,8% des détenteurs d’unités de compte (qui intègrent des actifs non garantis comme les actions) sont des femmes, soit 3 points de plus en 1 an.

(1) Enquête SoFia de Kantar auprès de 12 000 individus de 15 ans et plus interrogés une fois par an depuis 2008 par voie postale. Cet échantillon est complété par deux sur-échantillons interrogés via internet : 1 000 personnes possédant un patrimoine de 50 000 euros et 1 000 personnes de 16 à 24 ans. Cet échantillon de grande taille (13 675 personnes interrogées en mars 2019) est représentatif de la population nationale.