Quel investissement est le plus rentable sur le long terme ? C’est la question à laquelle l’Autorité des marchés financiers tente de répondre dans sa lettre mensuelle consacrée à l’épargne, publiée mardi. Elle y compare notamment l’immobilier et différentes formes d’investissement boursier. Conclusion : sur les 25 dernières années, les meilleurs rendements ont été obtenus grâce aux obligations et aux actions, à condition de réinvestir les dividendes.

Comparer les performances de l’or, de l’immobilier, de la bourse et du Livret A, Asterès s’y était risqué, pour le compte du courtier en crédit immobilier Meilleurtaux, à la fin du mois de septembre 2013. Le cabinet de conseil avait mis en parallèle les rendements de ces différents placements sur 10 ans, affirmant alors que l’or et l’immobilier avait réalisé de meilleures performances que les actions et les obligations.

Lire : L'or et l'immobilier, les placements les plus rentables des années 2000

En se basant sur une période, 25 ans, et des critères différents, l’Autorité des marchés financiers (AMF) est parvenue à une toute autre conclusion. Un investissement donné en janvier 1998 aurait été multiplié par plus de cinq en juin 2013 en pariant sur les actions avec réinvestissement des dividendes. Le même investissement aurait été multiplié par 4,5 pour les obligations, par 2,5 environ pour l’immobilier et par 2 pour l’or. L’AMF calculant ces performances en termes réels, c’est-à-dire en y soustrayant l'évolution des prix, une somme placée sur un Livret A en janvier 1988 n’aurait pas été multipliée par plus de 1,4 en 25 ans.

Réinvestir les dividendes, facteur de rendement

L’AMF a réalisé ses calculs sur la base des données fournies par le groupe d’information financière Thomson Reuters. L’estimation du rendement des actions se base sur les évolutions du CAC 40 (1). Pour les obligations, l’AMF a choisi le curseur des emprunts d’Etat à 10 ans (2), pour l’or l’indice Standard & Poor’s et pour l’immobilier le prix de vente au m2 des appartements parisiens communiqué par la Chambre des notaires de Paris. Ces choix expliquent en partie les écarts avec l'étude Asterès-Meilleurtaux. L'or étant tombé à un niveau très bas au début des années 2000, il a affiché un excellent rendement lors de la dernière décennie. Concernant l’immobilier, Asterès avait choisi de compter le loyer, perçu ou économisé, comme un gain. L’AMF n’a pas adopté ce postulat et signale cette limite dans son étude : « L’absence de prise en compte des loyers perçus conduit à sous-estimer la performance de l’immobilier (et le propriétaire occupant fait une économie de loyers qu’il pourrait replacer) ».

Outre l’intérêt de répondre, indirectement, à l’étude d'Asterès, l’analyse de l’Autorité des marchés financiers offre des indications précieuses pour les boursicoteurs. L’AMF différencie ainsi deux types de performances pour les actions : avec réinvestissement des dividendes ou sans. Pour multiplier par cinq sa mise entre 1988 et 2013, soit un rendement annuel réel moyen de 6,6%, il fallait réinvestir les dividendes. En les encaissant au fur et à mesure, les investisseurs n’obtiennent qu’un niveau de rendement annuel réel moyen de 2,6%, soit une performance proche de celles de l’or et de l’immobilier, selon les calculs de l’AMF.

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Les obligations, rentables et peu risquées

Le placement offrant le meilleur rapport rendement/risque est sans conteste l’obligation d’état. Ainsi, la valeur d’un investissement en obligations en janvier 1988 a plus que quadruplé en juin 2013, sans que la courbe ne subisse de soubresauts. A contrario, sans surprise, les actions françaises se sont distinguées par leur volatilité. Elles ont été particulièrement rentables sur la période 1988-2000, qui a permis à ceux qui ont investi dans ce laps de temps de multiplier par 7,5 leur mise de départ. Mais les chutes des années 2000-2003 puis 2007-2009 ont plombé leur rentabilité à long terme.

L’AMF en profite ainsi pour appuyer l’idée que la bourse ne doit pas être appréhendée uniquement comme un moyen de dégager des gains en peu de temps : « L’allongement de l’horizon de placement (et la diversification) constitue (...) une réponse adaptée au risque des actions », explique l’Autorité dans l’éditorial de cette lettre mensuelle. « Il peut gommer les fortes variations des rendements annuels (...) et fait profiter de la tendance de long terme. »

(1) « (…) en tenant compte des modifications de sa composition » précise la note méthodologique de l’AMF.

(2) La note méthodologique précise : « Comme pour les actions, il a été utilisé un indice de rendement global tenant compte des coupons perçus, ainsi que, le cas échéant, des primes d’émission et de remboursement »