Le président de l'Autorité des Marchés Financiers (AMF), le gendarme de la Bourse français, Jean-Pierre Jouyet, a mis en doute l'efficacité de l'interdiction par l'Allemagne de certaines ventes à découvert sur des produits financiers, dans un entretien publié jeudi.

« Je doute que les mesures prises soient d'une grande efficacité » pour limiter la spéculation sur les marchés financiers, a estimé M. Jouyet, dans un entretien aux Echos. Le président de l'AMF a rappelé que l'interdiction du régulateur allemand, qui concerne notamment les emprunts d'Etat, était limitée: « Les titres d'obligations d'Etat effectivement concernés seraient en pratique uniquement des titres souverains allemands et autrichiens », a-t-il souligné.

« Le véritable problème pour l'Allemagne est d'ordre politique. N'oublions pas que le Bundestag (chambre basse du Parlement allemand, ndlr) doit voter vendredi sur le plan de stabilisation financière » de l'Union européenne, a-t-il commenté.

La France n'imitera pas l'Allemagne

La France maintient l'interdiction des ventes à découvert sur une quinzaine de valeurs financières, mais elle n'imitera pas l'Allemagne et n'étendra pas cette interdiction aux obligations d'Etat, a averti de son côté jeudi Christine Lagarde. « Le service de surveillance des marchés de l'AMF n'a pas constaté d'opérations suggérant des ventes à découvert à nu sur les titres de créance français » (OTA), a rappelé Jean-Pierre Jouyet.

Il a par ailleurs jugé nécessaire la création d'« une agence européenne de supervision des marchés dotée de pouvoirs suffisants pour parler d'une seule voix dans des situations d'urgence ». Le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, avait invité mercredi les régulateurs européens à envisager une action concertée sur ce thème.

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Décriées à de nombreuses reprises depuis la crise financière, les ventes dites « à découvert » visent à vendre à terme des titres que l'on ne possède pas en pariant sur une hausse ou une baisse pour empocher la différence.