Les transformations au sein du monde bancaire « vont amener des suppressions d'emplois », a affirmé mercredi Jean-Pierre Mustier, président de la Fédération bancaire européenne (FBE) et patron de la banque italienne Unicredit, qui a déjà supprimé 14.000 emplois ces trois derniers années.

Interrogé sur une éventuelle suppression de 10.000 postes supplémentaires au sein de son propre groupe, évoquée par la presse ces derniers mois, le dirigeant du premier groupe bancaire italien a refusé de commenter ce qu'il a qualifié de « rumeurs », lors d'un entretien sur BFM Business. « Il va y avoir des transformations dans les banques européennes qui vont amener un changement d'offre au consommateur, un changement de méthode de travail, qui amèneront des réductions d'emplois, c'est très clair », a prévenu le patron français, évoquant un secteur bancaire aux prises avec les évolutions de la technologie et du comportement des consommateurs.

Niveau de profitabilité bas

« Les banques restent bénéficiaires, certes, mais avec des niveaux de profitabilité relatifs qui sont aujourd'hui très bas », a-t-il poursuivi, en raison notamment de l'« impact négatif » d'une croissance « molle en Europe comparée aux États-Unis » et d'« une augmentation des fonds propres qui font que le retour sur fonds propres baisse de plus en plus ». Conséquence, selon Jean-Pierre Mustier, « les banques sont moins compétitives pour attirer des capitaux qui leur permettent ensuite de prêter et de financer l'économie ».

Aucune évaluation du nombre de postes supprimés n'a été faite au niveau de la Fédération bancaire européenne, a déclaré le dirigeant. « Chacune des banques doit regarder comment elle doit évoluer, quels sont ses plans mais il fait s'attendre à ces réductions d'emplois », a-t-il répété.

44.000 suppressions de postes annoncées depuis janvier

Mais, selon le patron d'Unicredit, « la pyramide des âges pour les banques permet de les réaliser de manière socialement responsable », se targuant d'avoir pu supprimer 14.000 postes au sein de son groupe bancaire « sans aucun jour de grève et en concertation totale avec les syndicats ».

Ces déclarations surviennent alors que plus de 44.000 suppressions de postes ont été annoncées depuis le début de l'année par une dizaine de banques européennes. Et ce décompte pourrait ne pas être exhaustif : selon l'édition de lundi du Financial Times, le géant bancaire britannique HSBC envisage de supprimer 10.000 nouveaux emplois deux mois après le départ surprise de son patron et une première annonce de 4.000 suppressions de postes. La direction de la banque a jusqu'ici refusé de commenter cette information.