Difficile de trouver un distributeur de billets où retirer autre chose que des billets de 10, 20 et 50 euros ! Vous avez absolument besoin de grosses coupures ? Le plus souvent, il faut les commander en agence.

Question d’Alain, le 26 juillet :

« Bonjour, comment faire pour avoir des coupures de 100 et 200 €. Mon agence ne sait pas… »

Aussi étonnante soit-elle, à l’heure où le liquide disparaît petit à petit au profit de la carte bancaire, cette question semble représenter une véritable demande. Il suffit, entre autres, de s’aventurer sur quelques forums de banques en ligne pour le constater. En effectuant une requête sur un moteur de recherche, la Banque de France semble être le meilleur interlocuteur. Elle propose en effet un service d’échange de billets, en bon état et à la demande, mais plutôt dans le sens contraire : « Vous êtes en possession d’un ou plusieurs billets de haute dénomination (500, 200 ou 100 euros) et vous souhaitez les échanger contre de plus petites : vous pouvez vous rendre dans l’une des caisses de la Banque de France accueillant le public. »

Règle générale : une commande à effectuer en agence

Existe-t-il une solution plus simple, sans avoir à prendre rendez-vous dans la vingtaine de caisses Banque de France assurant l’échange de billets ? Oui. « Il suffit d’effectuer une demande en agence, dans votre banque : elle passe alors la commande au convoyeur de fonds », répond un spécialiste du secteur bancaire, qui refuse toutefois d’engager sa parole en avouant son incapacité d’affirmer que cette commande peut être réalisée dans chaque agence et dans chaque réseau bancaire.

Les grands réseaux bancaires confirment globalement qu’il faut passer commande en agence, avec quelques particularités toutefois selon l'enseigne. Chez LCL et au Crédit Agricole, il faut effectivement passer commande puis attendre « quelques jours » pour que les coupures demandées soient disponibles dans cette même agence. A La Banque Postale, il faut demander un bordereau de commande d’espèces, dédié aux gros retraits. Le service presse précise qu’il n’existe pas de bordereau spécifique à la commande de grosses coupures : il faut donc préciser ce besoin de billets de grosses coupures sur le bordereau de commande de « cash ». Là encore, patientez « quelques jours » pour disposer des billets demandés. Quant à BNP Paribas, une commande de billets de 100 ou 200 euros peut être effectuée uniquement dans les agences équipées ou « qualifiées pour ce type d’opération suivant un processus de conformité et de sécurité spécifique ».

Tenter sa chance au distributeur… ou dans une agence spécifique

La Société Générale livre une réponse plus détaillée. Tout d’abord, le service presse de la banque rouge et noire réfute l’idée d’une absence totale de billets de 100 euros aux distributeurs automatiques de billets (DAB). Ils sont disponibles… là où ils sont réclamés : « Nous chargeons les distributeurs quand nous constatons des demandes récurrentes de gros montants (il faut savoir qu’il y a un nombre de “cassettes” limité pour charger les billets, donc sont mis ceux qui semblent les plus adaptés en regard de l’usage du plus grand nombre). » En revanche, la Société Générale n’a pas « identifié de demande » à ce jour pour les billets de 200 euros en DAB.

Pas de frais... sauf pour une commande dans une agence éloignée

En l’absence de billets de 100 euros au distributeur, la banque rouge et noire précise qu’il est possible de passer commande « dans n’importe quelle agence » et « d’obtenir les coupures souhaitées pour les retraits d’un montant supérieur à 3 000 euros ». La livraison, « sous 48 à 72 heures », n’a toutefois pas nécessairement lieu dans votre agence habituelle mais dans l’une des 120 agences Société Générale équipées d’un « local opérations exceptionnelles » (LOE), où vous retirez la liasse de billets dans un casier spécifique : « Il y aura entre 200 et 250 [agences équipées d’un LOE] fin 2020 ». Cette mise à disposition de grosses coupures engendre-t-elle des frais ? Non, répond la Société Générale, tant que vous retirez la somme dans une agence avec un LOE proche du lieu de commande. Si vous effectuez une commande pour un retrait à l’autre bout de la France, en revanche, la procédure sera facturée « 30 euros ». Un tarif que la banque applique aussi dans le cas de commandes jugées trop régulières de grosses coupures : « C’est rarissime », précise la communication de l'enseigne. D'autres banques facturent de la même manière la mise à disposition de fonds dans une agence éloignée.

Dans le cas d’Alain, le lecteur qui nous a interrogé sur la disponibilité des grosses coupures, le problème vient aussi d’une absence de connaissance sur le sujet dans son agence habituelle. Dans ce cas, la seule solution est d’insister… et d’inciter le ou la chargé(e) de clientèle sans réponse à faire remonter sa demande à sa hiérarchie.

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De nouveaux billets de 100 et 200 euros, les « 500 » aux oubliettes

Les billets de 100 et 200 euros sont disponibles depuis mai dans leur version « Europe », plus sûre. Jugé inutile au quotidien par les banques centrales européennes mais omniprésent dans les affaires de blanchiment, le billet de 500 euros a lui cessé d’être émis fin janvier 2019. Dans le cas des billets de 100, 200 et 500 euros, les « vieilles » coupures conservent leur cours légal, et peuvent donc toujours servir de monnaie d’échange.

Les Français et l’usage des grosses coupures

A quoi peuvent servir ces grosses coupures ? Pourquoi chercher à retirer spécifiquement des billets de 100 ou 200 euros ? Pour un achat d’occasion, face au refus du vendeur pour d’autres moyens de paiement ? Pour un voyage dans un pays où l’accès au « cash » est délicat ? Ou encore pour être utilisés dans l’économie parallèle ? Impossible de répondre précisément à toutes ces questions. Quelques statistiques éloquentes, tout de même, sur le sujet :

  • Les billets de 100, 200 et 500 euros représentent 1,5% des prélèvements effectués aux guichets de la Banque de France en 2017. Autrement dit : 1,5% du stock de billets prélevé par les transporteurs de fonds auprès de la banque centrale, afin de les acheminer dans les DAB et agences des réseaux bancaires.
  • Le billet le plus souvent retiré par les Français est celui de 20 euros (39,7%), devant la coupure de 10 euros (32,6%) et celle de 50 euros (22,4%). Dans les pays voisins, et en particulier en Italie, en Allemagne ou en Espagne, le billet de 50 euros fait figure de coupure « favorite ». Le « retrait moyen » en France au DAB est d'environ 80 euros.
  • 88 distributeurs de billets automatiques pour 1 000 km2 : tel est la couverture des automates en France, en retrait par rapport à l’ensemble de la zone euro (95 DAB pour 1 000 m2). La Banque de France dénombre fin 2018 très précisément « 52 697 distributeurs automatiques de billets et 23 323 points d’accès privatifs ». 28 664 communes ne sont pas équipées d’un distributeur, des communes de moins de 2 000 habitants dans 97% des cas.
  • 68% des transactions effectuées en magasin se font en espèces, en France, selon une étude menée en 2016 par un institut de sondage à la demande de la Banque centrale européenne (BCE). L’usage du liquide pour régler les achats en magasin est toutefois plus faible en France qu’à l’échelle européenne (79%), et l’usage du « cash » reste limité aux petits montants : en France, selon cette même étude, le montant moyen du paiement en espèces est de 7,50 euros. Bref, pour régler les achats au bureau de tabac, la boulangerie, etc.

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