Un an après sa présentation devant la presse par BPCE, le paiement instantané commence à s’inscrire dans les habitudes bancaires des Français. BNP Paribas et Société Générale revendiquent avoir déjà traité chacune plus de 2 millions de virements en temps réel depuis le lancement de ce service courant 2019.

Envoyer et recevoir instantanément un virement bancaire, à n’importe quel moment, c’est possible. Depuis la présentation du fonctionnement du virement instantané en juillet 2018 par le groupe bancaire BPCE (Banque Populaire-Caisse d’Epargne), la plupart des banques l’ont proposé à leur tour. Et parmi elles, deux enseignes sont particulièrement fières de ce démarrage. Il s’agit de BNP Paribas et Société Générale qui ont d’ailleurs fait la part belle à ce service lors de la présentation de leurs résultats semestriels.

Plus de 4 millions de virements cumulés pour BNP et Société Générale

Disponible depuis janvier 2019 dans la banque rouge et noire, « le virement instantané a remporté un vif succès et une forte adhésion auprès des clients », se réjouit ainsi la Société Générale. Elle revendique à ce jour plus de 2 millions d’opérations traitées depuis le début de l’année en France.

BNP Paribas affirme également que ses clients français, belges et italiens ont émis 2 millions de virements instantanés, pour un montant total de 3,6 milliards d’euros. Pour la banque d’un monde qui change, ce résultat a été obtenu en seulement un trimestre…BNP Paribas ayant lancé le paiement en temps réel en avril 2019.

Du côté de BPCE, par qui le virement instantané a fait son entrée officielle dans l’Hexagone à l’automne 2018, la satisfaction semble également de mise. En avril dernier, plus d’un million d’opérations avaient été émises par les clients des Banques Populaires et des Caisses d’Epargne et par BPCE Assurance pour indemniser les sinistrés, expliquait récemment à La Tribune Jean-Philippe Van Poperinghe, directeur des offres particuliers et gestion privée au sein du groupe bancaire.

Notons toutefois qu’au regard de la quantité de virements émis chaque année, le paiement instantané reste encore un petit poucet… Pour remettre en contexte, la Banque de France estime dans sa dernière cartographie à près de 3,9 milliards le nombre de virements effectués en 2017.

Un modèle économique fragile

Si les banques se réjouissent et encouragent l’adoption du paiement instantané, c’est aussi parce qu’elles ont une tâche complexe à réaliser : faire accepter le modèle payant. Pour rappel, les virements en ligne SEPA classiques, qui mettent 48 heures à arriver à bon port, sont gratuits. En revanche, un virement en temps réel émis en ligne coûte 0,80 euro aux clients particuliers de la Société Générale, 1 euro au minimum chez BNP Paribas et BPCE… De quoi permettre ainsi aux banques d’amortir les dépenses informatiques importantes qu’ont nécessité l’implémentation du paiement instantané. Selon Philippe Van Poperinghe de BPCE, les investissements ont représenté pour la banque quelque 15 millions d’euros.

Mais ce modèle économique pourrait être en partie remis en cause par la diffusion du virement instantané au sein de Paylib entre amis, le service de paiements entre particuliers mis au point par les grandes banques françaises. Via Paylib, la plupart des banques ont annoncé que ce service serait gratuit, mais avec un plafond de paiement plus bas de 500 euros. C’est déjà le cas chez BNP Paribas ou encore au Crédit Mutuel Arkéa.