Globalement, les Français disposent d’une « très bonne accessibilité » aux espèces, assure ce 23 juillet la Banque de France. Une pilule qui risque d’être difficile à avaler pour les habitants des 28 664 communes qui ne sont pas équipées d’un distributeur de billets.

Huit : c’est le nombre moyen de distributeurs de billets (DAB) installés dans les villes disposant d’agences bancaires. Mais derrière cette apparente abondance d’automates se cachent en réalité de fortes disparités selon les territoires. Ainsi, sur les 52 697 DAB recensés dans l’Hexagone à fin 2018, 78% sont concentrés dans les villes de plus de 5 000 habitants, souligne la Banque de France dans son « Etat des lieux de l’accès au public aux espèces en France métropolitaine » publié ce 23 juillet. A l’inverse, moins de 7% des communes de moins de 2 000 habitants ont accès à un distributeur de cash, dont moins de 1% des bourgs de moins de 500 personnes.

Des distributeurs abondants mais concentrés dans les villes

Résultat, « 3,6 millions d’habitants âgés 15 ans et plus vivent dans une commune équipée d’un automate unique, tandis que 31 millions d’habitants vivent dans une commune comptant plus de 5 automates », expose la Banque de France. En revanche, près de 12 millions de Français vivent dans des communes totalement dépourvues de DAB. Et elles sont nombreuses : 28 664 sur les 35 277 communes que compte la France, soit plus de 8 sur 10. Point commun : leur petite taille qui décourage les banques d’y implanter ou d’y maintenir des distributeurs de billets.

Pour ces millions de personnes, retirer de l’argent nécessite donc souvent de prendre la voiture afin de se rendre dans une commune équipée. Temps de trajet moyen requis : 8 minutes, estime la Banque de France. Mais pour près de 600 000 Français, il est nécessaire de rouler plus de 15 minutes pour aller au distributeur le plus proche. De quoi rendre difficile l’accès aux billets de banque pour les ménages non véhiculés. A la place, certains peuvent toutefois compter sur des commerces proposant un service de retraits d’argent.

En effet, en remplacement des automates bancaires, des banques nouent localement des partenariats avec des commerçants pour qu’ils délivrent des espèces à leurs clients. C’est notamment le cas du Crédit Agricole qui permet dans ses 6 000 « points verts » de retirer de 20 à 100 euros par jour. Ces relais réussissent à pallier en partie la désertification des DAB dans les villages, d’après les données mises en avant par la Banque de France. Effectivement, en tenant compte de ces services, seulement 0,1% de la population française (52 600 personnes) se situent à plus de 15 minutes d’un point de retrait. Bémol de taille : alors que les DAB sont le plus souvent en libre-service et accessibles à toute heure du jour et de la nuit, passer par un marchand pour obtenir du liquide nécessite de se plier aux horaires d’ouverture du commerce.

Lire aussi : La France « mieux équipée » en DAB que la moyenne européenne

Les habitants de l’Ain, de Charente ou encore d’Ardèche les moins bien lotis

A l’échelon supérieur, celui des départements, de fortes inégalités dans l’accès aux billets s’observent également. Sans surprise, l’Ile-de-France, le Rhône, les Bouches-du-Rhône et la Gironde – des territoires où l’on retrouve les plus grandes métropoles de France – sont les plus pourvus en DAB. Leurs habitants ont presque tous accès à un DAB là où ils vivent. A l’inverse, dans d’autres départements, entre 40% et 60% des habitants ont élu domicile dans une commune sans distributeur. Il s’agit notamment de l’Ardèche, des Hautes-Pyrénées, de l’Ariège, de départements du centre comme le Cantal et la Creuse, de l’est avec l’Ain, le Jura et la Haute-Saône et du nord de la France comme la Somme et les Ardennes.