L'Autorité des marchés financiers (AMF) et le gendarme de l'assurance ont mis en garde mardi contre l'augmentation des escroqueries, notamment liées aux cryptomonnaies, et les manquements des publicités pour produits financiers. Ils ont appelé à ajuster les pratiques commerciales visant les clients âgés vulnérables.

Relevant une « hausse significative des escroqueries et des arnaques, notamment en matière de crypto-actifs », l'AMF et l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) ont fortement gonflé en 2018 leurs listes noires recensant les sites ou entités non autorisés, selon le rapport annuel des deux organisations. Elles ont ainsi ajouté près de 150 noms supplémentaires à leurs quatre listes noires existantes et en ont créé une cinquième dédiée aux produits dérivés sur les crypto-actifs à laquelle 77 sites ont été inscrits - ces listes totalisent désormais quelque 750 sites et acteurs « frauduleux ou douteux ».

« L'environnement de taux bas favorise les escroqueries »

« Les escroqueries financières n'ont rien de nouveau, mais l'environnement de taux bas les favorise » tout comme « la puissance » d'internet et des réseaux sociaux, souligne Claire Castanet, directrice des relations avec les épargnants à l'AMF, estimant que les offres frauduleuses « pullulent », notamment à la faveur du décollage de monnaies numériques non-encadrées.

Autre priorité des deux autorités : s'assurer que les clients reçoivent « des informations claires, exactes et non trompeuses » : « Ce n'est pas toujours le cas : sur nombre de publicités, l'information n'est pas équilibrée » entre la performance espérée et les risques associés, notamment dans l'assurance vie, déplore Nathalie Beaudemoulin, directrice du contrôle des pratiques commerciales à l'ACPR.

Par ailleurs, pour les produits de « finance durable » – très populaires, mais dont les critères précis ne sont pas encore fixés - « on est vigilant à ce que l'aspect durable ne prenne pas le pas sur [la communication] des risques associés », insiste-t-elle.

Une attention particulière sur l'« autoplacement »

De même, les superviseurs se penchent depuis l'an dernier sur les pratiques commerciales d'« autoplacement » : les titres émis par des acteurs financiers (banques, assureurs) et placés auprès de leur propre clientèle. « Ce n'est pas interdit, évidemment (...) mais cela implique une gestion très précautionneuse des conflits d'intérêts, de facto inhérents. On a entamé une enquête pour quantifier le phénomène et apprécier les risques, vérifier que les clients soient suffisamment informés », a souligné Nathalie Beaudemoulin lors d'une conférence de presse.

Apparues au début de la décennie, les platesformes de finance participative sont également surveillées : « On est dans de la pure intermédiation », ce qui peut compromettre la poursuite du service des prêts accordés en cas de difficultés de la plateforme, note la responsable. Des manquements sur la communication des taux de défaillances - parfois calculés de façon « créative » - sont constatés, mais de toute façon « il y a toujours un risque de ne pas être remboursé quand on prête l'argent pour un projet sur une plate-forme : c'est une opération d'investissement », insiste Nathalie Beaudemoulin.

Un « groupe de travail » sur la vente aux personnes âgées

Enfin, l'AMF et l'ACPR lanceront cette année un « groupe de travail » avec les acteurs du secteur financier pour examiner leurs pratiques commerciales à l'attention des personnes âgées vulnérables « concentrant généralement des enjeux financiers significatifs » en raison de leur épargne. Démarchage téléphonique, informations sur internet difficilement accessibles, effectivité du consentement, abus de faiblesse... Sur fond de vieillissement démographique accéléré, « il faut s'assurer que ces personnes fassent l'objet d'une vigilance et d'un suivi particuliers », note Claire Castanet.

Lire aussi : Comment aider ses parents âgés avec leur argent