La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a prévenu jeudi que la zone euro n'était pas assez préparée pour affronter la prochaine crise et a appelé à renforcer son système bancaire, lors d'une conférence à Paris.

« L'union monétaire est effectivement plus résiliente qu'il y a dix ans, mais elle ne l'est pas assez », a affirmé Christine Lagarde lors d'une conférence organisée par la Banque de France (BdF), lançant un avertissement d'autant plus sérieux que les perspectives pour l'économie mondiale sont en train de se dégrader. La directrice général du Fonds monétaire international (FMI) a rappelé que la zone euro avait « essuyé une violente tempête lors de la crise financière mondiale » de 2008 « puis une autre peu après, lors de la crise de la dette souveraine de la zone euro ».

« De nombreux ménages et entreprises portent encore les douloureuses cicatrices de ces événements, sources de disparités économiques entre les pays membres et en leur sein », a-t-elle souligné lors d'une conférence intitulée « Zone euro : tenir le cap dans un monde incertain », organisée à l'occasion des 20 ans de la monnaie unique. « Son système bancaire est plus sûr, mais il ne l'est pas assez », a ajouté Christine Lagarde, soulignant qu'il « ne serait pas faux d'affirmer que l'Europe tarde à produire un écosystème financier complètement développé », le qualifiant de « jeune et incomplet ».

L'union bancaire comme solution, selon le FMI

« C'est maintenant qu'il faut donner un nouveau coup d'accélérateur à la finance dans la zone euro », a-t-elle insisté. « A 20 ans, le moment est venu pour la zone euro de prendre un nouvel élan et d'achever l'union bancaire et celle des marchés des capitaux, pour en récolter les fruits dès aujourd'hui », a-t-elle ajouté. La patronne du FMI a notamment appelé à « établir un système commun de garantie de dépôts », qui serait financé par les banques et non par les contribuables.

Pour y parvenir, l'UE devrait se doter « d'un système bancaire capable de braver les tempêtes » afin de diversifier « les risques dans l'ensemble de l'écosystème et alimenter la croissance ». « J'exhorte aujourd'hui les dirigeants de la zone euro à ranimer le débat, à négocier de bonne foi et à faire de difficiles compromis, afin de libérer tout le potentiel de l'union bancaire », a-t-elle affirmé, face au blocage actuel à Bruxelles sur ces réformes. La directrice du FMI a également plaidé pour « un marché européen des capitaux unifié, intégré et prospère », estimant que « la finance européenne a elle aussi besoin d'une roue de secours ».