L’Université Paris Sciences & Lettres va lancer à la rentrée prochaine une licence centrée sur le développement durable. Cette formation bénéficie du soutien financier de BNP Paribas. Certains dénoncent une opération de greenwashing.

C’est dans une vidéo postée mi-décembre par l’Université Paris Sciences & Lettres que son président Alain Fuchs a officialisé le lancement de « la première School of Positive Impact » (ou « Ecole de l’impact positif »). Il s’agit d’une licence pluridisciplinaire, comprenant une formation en sciences de la nature et de la vie et en sciences économiques et sociales. Elle vise à « former les futurs citoyens du 21ème siècle », résume ainsi Alain Fuchs, le directeur de l'établissement. Cette formation sera proposée dès la rentrée 2019 à 30 jeunes bacheliers.

Ce qui crée la polémique n’est pas l’objet de la formation, mais sa source de financement. Le cursus est en effet financé par BNP Paribas, qui va apporter 8 millions d’euros sur 5 ans. Or, la banque est souvent épinglée par les associations environnementales pour son soutien financier à des projets délétères pour l’environnement. « Malgré son image de leader climatique, BNP Paribas bloque la sortie du charbon en Europe : elle finance des entreprises qui non seulement ont l’intention de faire tourner leurs mines et centrales à charbon le plus longtemps possible, mais développent encore aujourd’hui de nouveaux projets dans le secteur. Au vu des crises climatique et sanitaire en cours, BNP Paribas doit mettre un terme à ses soutiens aux entreprises de l’industrie du charbon », dénonçaient les Amis de la Terre, en novembre dernier.

Pour certains enseignants et élus du conseil d’administration de l’université, cette collaboration remet en cause l’indépendance de l’université. Ils s’inquiètent notamment d’une clause de « non-dénigrement » intégrée à la convention de mécénat. « Nous ne pouvons pas être pieds et poings liés avec une banque qui n'est pas la plus reluisante en matière de développement durable », explique ainsi aux Echos Baptiste Cecconi, élu Snesup-FSU.

Du « greenwashing » pour Attac

Un compte twitter @PSL contre-attaque, qui compte actuellement 52 abonnés, et un collectif de mobilisation ont été montés pour fédérer les opposants. Ce partenariat est également remonté aux oreilles de l’association altermondialiste Attac. Dans un communiqué diffusé le 27 février dernier, elle qualifie le mécénat de BNP Paribas de « grossière opération de greenwashing » : « Se présentant comme tournée vers le développement durable, la licence sert surtout à la promotion d’une banque qui est la première des banques françaises à financer les énergies fossiles avec 12,8 milliards d’euros en 2016 et 2017 », poursuit Attac.

Selon Les Echos, la clause de non-dénigrement sera remplacée par un article sur le respect de l'image des deux parties, « sans préjudice du respect de l'indépendance des enseignants-chercheurs », a écrit le président de PSL, dans un courrier aux élus. Il explique avoir « tenu compte » de leurs critiques et regrette « l'actuelle situation de tension ». BNP Paribas précise, de son côté, au média que les fonds apportés serviront au financement de bourses étudiantes.