Dans une récente note, le cabinet de conseil Deloitte estime que les bouleversements attendus suite à l’entrée en vigueur de la DSP2 pourraient être moins importants que prévus.

Plus de droits pour le consommateur, plus de sécurité, plus de concurrence : c’était la feuille de route annoncée de la directive européenne révisée sur les services de paiement (DSP2). Un an après l’entrée en vigueur du texte, le 13 janvier 2018, seule la partie « droits des consommateurs » est toutefois devenue une réalité, avec notamment l’abaissement, de 150 à 50 euros, de la franchise payée par le porteur en cas d’usage frauduleux de sa carte bancaire. Pour le reste, il faudra patienter jusqu’en septembre 2019, rappelle Deloitte dans une récente note. Mais il ne faudra pas en attendre des merveilles, prévient le cabinet.

Plus de sécurité, plus de lourdeur

C’est en effet le 14 septembre prochain, au plus tard, que doit être mise en œuvre l’ouverture des données de paiement détenus aujourd’hui par les banques à des services tiers. Sur le papier, une petite révolution : avec votre autorisation, une application dernier cri pourra se connecter directement, et de manière hyper sécurisée, à votre banque, y récupérer la liste de vos opérations et de vos bénéficiaires de virements, et vous fournir à sa place des nouveaux services : budget prédictif, épargne automatique, initiation de paiement, etc.

Dans les faits toutefois, Deloitte craint que l’application de la directive, notamment en France, ait un effet inverse, celui de limiter la concurrence des nouveaux entrants. La DSP2, en effet, généralise l’usage de l’authentification forte - c’est-à-dire « combinant au moins deux facteurs entre un code/mot de passe, un appareil possédé (smartphone, carte SIM, clé physique...) et une donnée biométrique (reconnaissance facile, vocale, empreintes digitales) » rappelle Deloitte - pour l’accès aux comptes ou le passage d’un paiement. Rassurant pour l’usager, compliqué pour les acteurs tiers. « Cet ajout », prévient du coup Deloitte, « risque de freiner fortement le développement de nouveaux services et représentera un risque réel de perte de clientèle pour ces acteurs ».

Des banques contraintes de réagir

De façon contre-intuitive, ce sont ainsi les banques qui pourraient tirer parti d’une dérégulation sur le papier plutôt défavorable pour elles. La DSP2, en effet, a eu l’effet d’une épiphanie, les contraignant certes à une mise en conformité lourde et complexe, mais les rappelant surtout à la nécessité d’offrir à leurs clients une meilleure qualité de service.

« En stimulant l’innovation des banques traditionnelles sur leur domaine et compte tenu de la réticence latente des Français à partager leurs données, la DSP2 risque de réduire le marché des nouveaux acteurs », conclut ainsi Julien Maldonato, associé spécialiste de l’industrie financière chez Deloitte.