L'agence de notation Moody's s'est alarmée lundi d'une éventuelle recrudescence des contentieux entre l'organe central du groupe Crédit Mutuel et son affilié séparatiste Arkéa après l'annonce récente de l'arrêt de leurs pourparlers.

Cette marque d'inquiétude survient après l'annonce fin décembre par la Confédération nationale du Crédit Mutuel (CNCM), l'organe central du groupe bancaire mutualiste, de la rupture des négociations avec Arkéa qui, selon elle, n'avait répondu « valablement à aucune » de ses propositions. Deux semaines plus tard, la CNCM a réaffirmé « n'avoir été saisie d'aucun projet de désaffiliation intégrant » ses demandes, dans un communiqué daté du 9 janvier.

En réaction, Arkéa, qui réunit trois fédérations de Bretagne, du Sud-Ouest et du Massif Central, a indiqué que sa demande de désaffiliation auprès de la CNCM interviendrait après le vote de ses caisses locales sur « les modalités et les conséquences de la séparation qui [serait] engagée lorsque le dossier complet de séparation [serait] finalisé ». Ce dernier développement est « négatif », du point de vue de l'agence Moody's, car il « traduit un désaccord majeur entre les deux parties, indique l'opposition persistante du groupe Crédit Mutuel au plan de séparation du Crédit Mutuel Arkea et renforce le risque de litiges supplémentaires entre les deux parties », explique l'agence de notation dans un communiqué.

La CNCM demande 1,7 milliard à Arkéa

Depuis plusieurs années, la CNCM, chargée d'assurer la cohésion et la solidarité entre les différentes fédérations régionales, est en conflit avec son affilié Arkea, qui a annoncé en janvier 2018 le lancement d'une procédure de désaffiliation pour voler de ses propres ailes. Avant cette décision, les relations entre les deux entités ont été agitées par de nombreux litiges devant les tribunaux, souvent lancés puis perdus par Arkéa. Et la bataille judiciaire se poursuit : Arkéa a engagé depuis plusieurs mois une procédure pénale pour prise illégale d'intérêt contre Nicolas Théry, le président de la CNCM, et plusieurs autres dirigeants de la Confédération.

Le renoncement à ces poursuites, ainsi qu'à de futurs contentieux, est l'une des exigences formulées par la CNCM. Il est également demandé à Arkéa de renoncer aux marques, logo et slogans Crédit Mutuel, de ne pas engager de plan social pendant cinq ans, de faciliter le transfert de clients souhaitant rester au sein du Groupe Crédit Mutuel et surtout de verser une compensation de 1,7 milliard d'euros pour recréer un réseau en Bretagne et Aquitaine et compenser les coûts liés à la séparation. « Des prétentions fantaisistes des dirigeants de la confédération », a jugé Arkéa dans son dernier communiqué en date du 9 janvier, qui toutefois « renouvelle son entière disponibilité pour engager des discussions sérieuses et de bonne foi ».