En pleine révolution technologique et réglementaire, la banque de détail va poursuivre en 2019 sa transformation. Voici les 5 nouveautés qui marqueront l’année à venir.

Paiement instantané : décollage imminent

Cette fois, ça y est ! Depuis la fin novembre, les banques françaises, les principales en tout cas, sont entrées dans l’ère du paiement instantané. Avec leur raccordement, fin novembre, à TIPS (1), le service de règlements paneuropéen développé par la Banque centrale européenne (BCE), elles sont désormais capables de proposer à leurs clients, particuliers, professionnels et entreprises, des virements jusqu’à 15 000 euros, crédités en moins de 10 secondes, 24h sur 24 et 365 jours par an, dans l’ensemble de la zone SEPA (2).

Dans les faits toutefois, le paiement instantané est encore loin d’avoir fait son coming out. Certes, quelques enseignes, notamment la Caisse d’Epargne et la Banque Populaire, ont discrètement intégré ce nouveau moyen de paiement à leurs offres. Mais le vrai lancement grand public sera pour 2019. Côté particuliers, cette adoption devrait largement s’appuyer sur « Paylib entre amis », le service de virements par SMS développé par les banques françaises. Une banque a d’ailleurs déjà franchi le pas : Arkéa, qui a déployé le paiement instantané entre particuliers dans les Crédits Mutuels de Bretagne, du Sud-Ouest et du Massif Central.

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Tarifs : la pression sur les banques

Rappel : les banques, entreprises privées, fixent leurs prix comme elles l’entendent. Ces derniers temps pourtant, elles ont subi une pression sans précédent pour modérer leurs appétits tarifaires. En réponse au mouvement des Gilets jaunes, qui réclament notamment des gains de pouvoir d’achat, le président de la République en personne a obtenu du patronat bancaire un gel des tarifs bancaires en 2019 - dont l’impact sur le niveau de vie des Français sera toutefois limité - et un plafonnement à 25 euros par mois des frais d’incidents facturés aux 3,6 millions de Français qui se trouvent en difficultés financières récurrentes. Des engagements qui arrivent après d’autres, pris début septembre, et destinés plus spécifiquement aux bénéficiaires de l’offre clients fragiles (OCF).

La pression est aussi du côté des institutions européennes. A compter du 31 juillet 2019, les banques, mais aussi les établissements de paiement, devront ainsi faire preuve d’un peu plus de transparence en publiant un document d’information tarifaire standardisé. Elles pourraient également devoir limiter leurs marges sur les taux de change appliqués aux devises européennes.

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La Banque Postale se met à la néobanque

Il y a eu Eko en 2017, Enjoy en 2018, il y aura Ma French Bank en 2019, sans doute au 1er semestre. Après le Crédit Agricole et la Caisse d’Epargne, c’est en effet au tour de la Banque Postale de lancer sa réponse à Nickel, C-Zam et autres Orange Bank.

La Banque Postale, toutefois, semble vouloir faire les choses différemment. Là où Eko et Enjoy apparaissent comme de simples extensions d’entrée de gamme, Ma French Bank s’annonce comme une véritable néobanque 100% numérique, plus proche d’Orange Bank dans son approche. Distincte de l’offre traditionnelle de la Banque Postale, elle proposera notamment dès son lancement du crédit conso et du crowdfunding. Objectif, sur un marché déjà passablement encombré : capter un million de clients, des jeunes principalement, en 5 ans.

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L’heure de la banque ouverte a sonné

En 2019, l’image de la banque coffre-fort va prendre du plomb dans l’aile. C’est en effet au plus tard le 14 septembre prochain - mais probablement avant - que les banques françaises devront avoir publié des interfaces de programmation (ou API) permettant à des acteurs tiers d’accéder aux données de paiement de leurs clients, avec bien sûr l’autorisation de ces derniers.

Cela peut paraître un peu technique, mais c’est une évolution majeure, impulsée par les institutions européennes dans le cadre de la directive révisée sur les services de paiement (DSP2). L’accès sécurisé à ces données va en effet permettre à des fintechs dûment agréées - des agrégateurs de compte comme Bankin’ ou Linxo, des initiateurs de paiement comme l’Allemand Sofort qui pourrait s’ouvrir à la France - de proposer une multitude de nouveaux services autour des comptes bancaires - des outils avancés de gestion de compte, de l’épargne automatique, de l’assurance, etc. - de nature à ringardiser les interfaces des banques traditionnelles.

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Cashback : les commerces pour lutter contre les déserts bancaires

Certes, la Banque centrale européenne va cesser, en 2019, de produire des billets de 500 euros. Mais les espèces - toujours impliquées dans 2 paiements en magasin sur 3 en France - ont encore de beaux jours devant elles. L’accès au cash est justement en train de devenir un problème dans certaines parties du territoire, en zone rurale particulièrement, où les distributeurs automatiques ont tendance à disparaître, faute de rentabilité. Un phénomène devenu suffisamment sensible pour alerter le Parlement, qui envisage de légiférer sur le sujet.

Une partie de la réponse à ce problème tient en un mot, d’origine anglo-saxonne : le « cashback », ou retrait d’argent liquide en caisse. Soit la possibilité pour des commerçants, de fournir des espèces à leurs clients, au moment d’un paiement par carte. Un pratique courante dans nombre de pays d’Europe, mais encore peu répandue en France, faute de cadre légal. Cela va changer en 2019 : le parlement a en effet adopté en juillet dernier l’ordonnance de ratification de la DSP2, qui fait notamment rentrer le cashback dans la loi. Ne manque plus que le décret d’application, promis avant la fin de l’année 2018, qui fixera notamment le montant maximum pouvant être distribué.

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(1) TARGET instant payment settlement. (2) 28 pays membres de l'Union européenne et les 4 États membres de l’Association européenne de libre-échange (AELE), à savoir l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse, Monaco et Saint-Martin.