Réunis en comité central d’entreprise, les représentants du personnel d’Arkéa se sont prononcés contre le projet d’indépendance vis-à-vis du Crédit Mutuel, tel qu’il est préparé actuellement par la direction de la banque bretonne.

« (…) Le projet porté par les dirigeants demeure dans un flou juridique et ne lève aucune incertitude sur le devenir économique et social du groupe. » Voici, résumé dans un communiqué de l’intersyndicale CFDT-SNB-UNSA du Crédit Mutuel Arkea, le verdict des instances centrales représentatives des salariés du groupe bancaire - Comité central d’entreprise (CCE) et Commission professionnelle consultative sur l’hygiène, la sécurité et les conditions de travail (CPC-HSCT).

Après des années de conflit ouvert, la direction d’Arkéa a annoncé en janvier dernier avoir engagé une procédure de désaffiliation du groupe Crédit Mutuel, chapeauté par la Confédération du Crédit mutuel (CNCM). Réunis ce matin dans le cadre du processus d'information et de consultation sur ce projet, les représentants du personnel ont exprimé leur inquiétude pour l’emploi, s’étonnant de « ne bénéficier pour leur analyse économique que de scénarii résolument optimistes mais ne tenant pas compte de paramètres essentiels comme le coût de refinancement, la possible dégradation de la notation bancaire, les incertitudes concernant les besoins en fonds propres ou encore la concurrence de nouvelles agences Crédit Mutuel ».

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Une « dégradation du dialogue social »

Favorables à la préservation de l’autonomie d’Arkéa vis-à-vis de la CNCM, les syndicats avaient néanmoins déjà pointé par le passé les risques de fragilisation d’Arkéa dans le cadre de la stratégie de divorce adoptée par son président, Jean-Pierre Denis.

Cette fois, ils ont également dénoncé une « dégradation sensible du dialogue social » au sein de la banque bretonne. « Les attaques répétées du collectif de salariés [Vent Debout pour l'emploi, NDLR], dénigrant le travail des instances représentatives du personnel, avec les moyens que la direction leur a largement octroyés, (…) ont renforcé le clivage entre salariés », estime l'intersyndicale, qui déplore également que « l’outil Twitter [ait été] largement utilisé (…) de manière outrancière et univoque par la communication de l’entreprise pour appuyer son projet d’indépendance ».

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Le projet de scission se poursuit

L’avis du CCE n’étant que consultatif, il ne remet pas en cause la mise en œuvre opérationnelle du projet d’indépendance. Dans un communiqué, la direction d’Arkéa a ainsi pris acte de l’opposition des instances représentatives, tout en confirmant la poursuite de cette mise en œuvre. « Pour cela, des échanges réguliers se tiennent avec les régulateurs en vue de finaliser le schéma technique qui sera ensuite soumis au vote des caisses locales » explique Arkéa, qui rappelle que « selon le rapport d’expertise du cabinet Syndex, mandaté par les [instances représentatives du personnel], il ressort qu’une très large majorité des salariés consultés affirment leur confiance dans la direction pour mener à bien le projet d’indépendance du groupe ».

Ce projet de scission a également recueilli un large assentiment des administrateurs et sociétaires des caisses locales d'Arkéa, lors d'un « vote d'orientation » en mars et avril dernier. Une nouvelle consultation de ces mêmes caisses locales est prévue au cours des prochains mois. En attendant, l’intersyndicale demande à la direction d’Arkéa « de faire parvenir à tous les administrateurs des caisses locales (…) les avis complets des instances (…) sans chercher à assurer la promotion d’une voix unique comme cela a toujours été le cas jusqu’à présent ».

Une mission sur l'emploi lancée en septembre

Face à cet avis défavorable du CCE, la Confédération nationale du Crédit Mutuel a réaffirmé dans un communiqué « qu'elle [continuerait] à défendre l'unité du groupe », « seule option pour assurer la protection des sociétaires, des clients, des salariés ». La CNCM entend « exercer l'ensemble de ses prérogatives » dans cette perspective. L'organe central du groupe Crédit Mutuel a précisé également que la commission paritaire confédérale pour l'emploi, constituée après le déclenchement d'un droit d'alerte social par l'intersyndicale du groupe, rendra « ses premières conclusions dans quelques semaines ». Cette commission, créée en septembre, avait pour mission de réfléchir à des solutions à d'éventuels problèmes d'emplois lié à une restructuration.