Les syndicats de La Poste ont réagi jeudi en ordre dispersé à la décision du gouvernement d'unir La Banque Postale et CNP Assurances, SUD et la CGT pointant des risques de privatisation quand la CFDT et FO approuvaient l'opération avec « vigilance ».

« Il n'y a aucune incompatibilité entre un rapprochement entre la CNP et La Poste, l'Etat pouvant rester majoritaire sans aucune difficulté, sous réserve que ce dernier augmente le capital de celle-ci », a observé SUD PTT dans un communiqué jeudi, qualifiant l'idée d'un « groupe financier public » avancée par l'Etat de « supercherie ».

En pratique, l'opération va passer par le concours de la Caisse des dépôts et consignations, bras financier de l'Etat, qui détient 26% du capital de La Poste depuis 2011 et environ 40% des parts de CNP Assurances, l'un des géants du secteur en France. « C'est la Caisse des dépôts qui désormais aura la majorité dans La Poste. (...) Après l'opération qui sera dans la loi de la croissance et transformation des entreprises que je présenterai à partir de la semaine prochaine, la CDC aura plus de 50% de La Poste », a annoncé jeudi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

Entre menace de privatisation et mesure de bon sens en fonction des syndicats

« La montée au capital de la part de la Caisse des Dépôts n'est en rien une garantie », a expliqué SUD PTT, 3e syndicat du groupe. « Par ailleurs, tout investisseur public qu'elle est, la CDC exige un retour sur investissement conséquent. Sa montée dans le capital de La Poste se traduira donc par une augmentation des suppressions de postes », a poursuivi le syndicat.

« C'est la CDC qui va quelque part prendre la gouvernance, il y a ceux qui décident, ce ne sera plus en tant que tel l'Etat mais la Caisse des dépôts », a indiqué jeudi à l'AFP Christian Mathorel, secrétaire général de la CGT-FAPT, premier syndicat du groupe. « Pour nous c'est quand même une nouvelle porte qui s'ouvre vers la privatisation », a-t-il poursuivi en remarquant que les finalités de La Poste étaient « de plus en plus tournées vers la rentabilité financière ».

« Le projet commun, industriel et commercial, n'aura pas d'incidences majeures sur le statut de La Poste qui restera une entreprise 100% publique », a de son côté souligné jeudi dans un communiqué la CFDT, deuxième syndicat de La Poste.

Force ouvrière (4e syndicat de La Poste) a observé dans un communiqué que l'annonce du gouvernement « allait dans le bon sens » en permettant à La Banque Postale de devenir « une vraie banque-assurance », même si « la vigilance s'impose » pour « garantir de manière pérenne les missions de service public ».