Fournir un moyen de paiement sécurisé aux 30 millions de Français qui achètent entre particuliers : c’est l’ambition d’Obvy. Entretien avec Charles-Henri Gougerot-Duvoisin, CEO et cofondateur de la fintech bordelaise.

Charles-Henri Gougerot-Duvoisin, comment vous est venue l’idée d’Obvy ?

Charles-Henri Gougerot-Duvoisin : « D’une expérience personnelle. Il y a quelques années, j’ai répondu à une petite annonce pour acheter une table d’architecte. Au moment de la transaction, le vendeur n’avait pas la monnaie, nous avons donc convenu que je le paierai plus tard. Et au final, j’ai oublié de le faire, et je m’en suis voulu. Il existe des milliers d’histoires comme cela, dont certaines tournent parfois au drame, et pour cause : il n’existait pas de solution de paiement spécifique pour ces achats-ventes entre particuliers, qui concernent tout de même 30 millions de Français et 70 millions de transactions chaque année. »

Quelle solution nouvelle apporte Obvy dans ce cas de figure ?

« Pas de fausse monnaie, pas de chèque en bois »

C-H.G-D.: « Elle est très simple. Imaginons que je veuille vous acheter une télé. Je vous contacte après avoir vu votre annonce et je vous demande votre identifiant Obvy, qui me permet dans l’application de faire une demande d’achat. L’argent de la transaction est alors sécurisé, via votre carte bancaire ou un prélèvement, sur un compte séquestre. On se rencontre, et si la télé me convient, je vous présente un QR code à scanner sur mobile, ce qui déclenche instantanément le paiement. Dans le cas contraire, la transaction peut être annulée jusqu’au dernier moment. Pas de monnaie à rendre, pas de risques de fausse monnaie ou de chèque en bois. »

Obvy nécessite toutefois d’installer une appli et de prévoir une remise du bien en main propre…

C-H.G-D. : « Dans l’immédiat oui, mais nous travaillons à une version web. En ce qui concerne les expéditions, nous y réfléchissons, avec la volonté de trouver des solutions nouvelles pour limiter les risques de fraude. »

Combien coûte une transaction ?

« Gratuit pour le vendeur »

C-H.G-D.: « Cela dépend de son montant. Le service est complètement gratuit pour le vendeur. L’acheteur, lui, paye une commission de 3,5% s’il utilise sa carte bancaire, et de 2,5% s’il opte pour le prélèvement, avec dans ce cas un plafonnement à 29 euros de frais au-delà de 1 200 euros. Nous réfléchissons également à permettre au vendeur de prendre en charge la commission. »

Obvy semble proche, dans son fonctionnement, de solutions comme Depopass ou Paycar, spécialisées dans le paiement de voitures d’occasion. Quelle est votre spécificité ?

C-H.G-D. : « Elle tient en deux mots : notre application est universelle et neutre. Elle fonctionne pour tout type de transactions, des achats-ventes de biens - du t-shirt au bateau ou à la voiture [avec un montant maximum de 50 000 euros, NDLR] - mais aussi de services à domicile. Et nous ne sommes rattachés à aucune plateforme de petites annonces, ni à aucune banque. »

Cette indépendance est-elle une décision ferme ? Ou seriez-vous prêts à céder aux sirènes de banques, comme l’ont fait Depopass (BPCE) et PayCar (BNP Paribas) ?

C-H.G-D. : « Ce n’est pas aujourd’hui notre terre promise. Nous en sommes encore à la première étape : faire naître de nouveaux produits financiers. Ensuite, tout dépendra de nos besoins, en cash notamment, et des opportunités : si une banque partage notre vision et veut prendre une participation, pourquoi pas. »

Ne craigniez-vous pas que le virement SEPA instantané, qui va débarquer très prochainement en France, ne prive Obvy de tout intérêt ?

C-H.G-D. : « Au contraire, nous l’attendons avec impatience. Notre offre de services dépasse largement la sécurisation du paiement : nous permettons à nos usagers de laisser des avis, de tracer et d’historiser leurs transactions. Nous effectuons également des vérifications sur l’acheteur, au-delà de certains montants. »

Quels sont vos projets, à court et plus long terme ?

« Un bouton Obvy sur les pages de petites annonces »

C-H.G-D. : « Il y a une multitude de services incroyables à développer dans le domaine des achats entre particuliers. La prochaine échéance importante est l’intégration d’un bouton sur les pages d’une quinzaine de plateformes de petites annonces, qui permettra de choisir directement Obvy comme moyen de paiement. »

Le Bon Coin en fera-t-il partie ?

C-H.G-D. : « Le Bon Coin développe son propre système de paiement. Mais là encore, nous ne sommes pas inquiets : le fait que le numéro 1 de l’annonce entre particuliers se lance va permettre d’éduquer la population à ce nouveau type de services. »

Fiche d'identité : Obvy
ActivitéTiers de confiance pour les achats et ventes entre particuliers
Site webwww.obvy-app.com
Date de lancementFévrier 2018
Clientèle viséeParticuliers
Marché viséFrance puis international
AgrémentPartenaire de MangoPay, établissement de monnaie electronique
Capital105 000 €
Chiffre d'affairesNA
Nombre de clients1 500
Effectif actuel7