Crédit Agricole SA, l'entité cotée du groupe bancaire mutualiste, a subi en 2017 divers vents contraires d'ordre fiscal qui ont ralenti la progression de ses bénéfices, en dépit d'une activité au beau fixe dans la plupart de ses métiers.

L'an dernier, « CASA » a dégagé un bénéfice net annuel de 3,65 milliards d'euros, en progression de 3% comparé à 2016 mais légèrement inférieur aux attentes du consensus d'analystes compilé par Bloomberg, qui tablait sur un résultat à 3,69 milliards.

Ce résultat a été pénalisé - à hauteur de plus de 300 millions d'euros - par la surtaxe exceptionnelle sur les grandes sociétés mise en place dans l'urgence par le gouvernement au dernier trimestre pour compenser un manque à gagner de 10 milliards d'euros dû à l'annulation de la taxe sur les dividendes.

Les comptes portent par ailleurs la marque d'une baisse du taux de l'impôt sur les sociétés en France et aux Etats-Unis, qui doit à terme profiter au groupe en réduisant son ardoise fiscale mais qui, paradoxalement, s'est traduite en 2017 par des charges : si la loi réduit le taux d'imposition des sociétés, elle les force aussi à revoir à la baisse les déductions dont elles comptaient bénéficier.

Une fois le poids de ces effets fiscaux et de divers autres éléments exceptionnels gommé pour donner une meilleure représentation de l'activité réelle, le bénéfice net ajusté ressort en hausse de 23%.

Dynamisme commercial

Le produit net bancaire, équivalent du chiffre d'affaires, ressort quant à lui à 18,6 milliards d'euros, en amélioration de plus de 10% sur un an et de 7,2% en données ajustées.

« Nous considérons que ces résultats sont très bons parce que tous nos résultats publiés, qu'il s'agisse du quatrième trimestre ou de 2017, qu'il s'agisse du groupe Crédit Agricole ou de Crédit Agricole SA, sont en forte hausse », s'est félicité Philippe Brassac, le directeur général de CASA, lors d'une conférence de presse.

La hausse des recettes est tractée par tous les pôles à l'exception de la banque de proximité qui, en dépit d'« un fort dynamisme » commercial, continue à souffrir de l'environnement de taux bas qui complique la tâche de faire fructifier les dépôts ou incite les emprunteurs à renégocier à la baisse le taux de leur crédit.

Retour à la normale chez LCL

Bonne nouvelle toutefois, chez LCL, filiale où sont regroupées les activités de détail en France, « il n'y a plus de renégociations, il n'y a plus de remboursements anticipés, ou en tout cas on est revenu à des niveaux complètement normalisés », a souligné Jérôme Grivet, le directeur financier.

Ailleurs, le groupe a tout particulièrement profité de l'intégration en milieu d'année par sa filiale de gestion d'actif Amundi de Pioneer Investment, racheté à l'italien Unicredit et qui a déjà apporté une solide contribution à l'activité. La banque a en outre bénéficié d'une baisse marquée de son coût du risque, qui tient compte entre autres des provisions passées pour faire face à d'éventuels défaut de remboursement sur les crédits. À l'échelon du bénéfice net, tous les métiers - banques de proximité comprises - affichent une progression.

Acquisitions « possibles »

Fort de ce bilan, Crédit Agricole SA a « décidé de ne pas tenir compte de la surcharge d'impôt (...) et d'immuniser les actionnaires contre cette charge » en proposant un dividende de 63 centimes par action, soit un niveau de distribution supérieur à l'objectif fixé dans son plan stratégique « Ambition 2020 ».

Ce plan, dévoilé en 2016, « est bien avancé », a souligné Philippe Brassac, affirmant avoir « bon espoir » d'atteindre tous les objectifs fixés dans le cadre de cette feuille de route. À court terme, « la priorité absolue (est) à la croissance organique », même si des acquisitions sont « possibles » sur les métiers de la gestion d'actifs, de la banque privée et dans la banque de détail en Italie, où le groupe ambitionne de muscler davantage ses activités, a ajouté Philippe Brassac.

L'ensemble du groupe Crédit Agricole, réunion des caisses régionales du géant mutualiste et de CASA, affiche également des résultats solides, avec un bénéfice net ajusté en hausse de 8,9% pour un produit net bancaire en progression de 2,3%.