Pas de miracle au programme chez BPCE : le géant mutualiste bancaire français, qui voit ses revenus s'éroder légèrement en 2017, prévoit que la déprime persiste cette année dans la banque de détail.

Le groupe, né du mariage entre Banques populaires et Caisses d'épargne, a annoncé jeudi que son bénéfice net avait chuté de près d'un quart à 3,02 milliards d'euros. Le produit net bancaire, équivalent du chiffre d'affaires, s'est quant à lui effrité d'un peu moins de 2% l'an dernier à 23,7 milliards d'euros.

Certes ces reculs sont relativisés par le fait que le groupe avait bénéficié en 2016 de la cession de titres Visa pour presque 800 millions d'euros. Sans les éléments exceptionnels, le bénéfice net stagne et les revenus progressent même un peu. Reste que BPCE enregistre « des résultats contrastés selon les métiers (...) dans un contexte de taux qui est objectivement très défavorable », a résumé le président de son directoire, François Pérol, lors d'une conférence de presse.

Conséquence de la politique très interventionniste de la Banque centrale européenne (BCE), le bas niveau des taux d'intérêt pèse sur les activités de détail des grands établissements en rendant difficile de faire fructifier les dépôts des clients et en poussant ces derniers à renégocier leurs crédits. Ces activités, qualifiées de « banque de proximité » par BPCE, comptent beaucoup dans les revenus du groupe puisqu'en y ajoutant l'assurance, elles y contribuent pour plus de 70%.

Malgré « une très bonne activité commerciale », mesurée par une nette hausse du nombre de nouveaux crédits alloués, la « traduction financière (...) se trouve limitée » et les revenus y déclinent, a regretté M. Pérol, qui a confirmé la prudence du groupe pour 2018 alors même que l'ensemble des acteurs s'attendent à un début de rebond des taux. « La traduction en terme de revenus sera lente », a-t-il prévenu. « On anticipe une baisse de nos revenus en banque de proximité de l'ordre de 2% à 3%. »

BPCE paye également le prix d'une vaste restructuration en inscrivant une charge de 180 millions d'euros, due en majorité à la transformation de ses réseaux de banques de détail avec de multiples fusions entre Banques populaires ou Caisses d'épargne régionales.

Natixis florissante

Comme l'essentiel des grandes banques, le géant mutualiste est aussi engagé dans une adaptation de longue haleine au numérique, axe principal d'un plan stratégique présenté en novembre pour l'horizon 2020.

A ce titre, BPCE, qui mettait l'accent début 2017 sur l'acquisition de la banque en ligne allemande Fidor et comptait la lancer dans l'année, se montre maintenant plus prudente : elle a reporté son lancement et ne compte pas pour l'heure l'exploiter comme banque de plein exercice mais comme seul « prestataire de services de paiement ». « En fonction des résultats de cette expérience, nous considérerons ou non la possibilité d'utiliser un véritable statut bancaire », a expliqué M. Pérol, revendiquant une approche « pragmatique » et « progressive ».

Hors la banque de détail, BPCE signe, en revanche, une excellente année grâce aux performances florissantes de sa filiale cotée Natixis, spécialisée dans la banque de financement et d'investissement. Elle affiche un bond de plus de 20% de son bénéfice net annuel à 1,7 milliard d'euros et une hausse de presque 10% de ses revenus à 9,5 milliards. Dans les deux cas, c'est mieux qu'anticipé par les analystes. « C'est une année (...) marquée par une croissance très soutenue de l'activité et de la rentabilité de tous les métiers », s'est félicité son directeur général, Laurent Mignon.

La filiale de BPCE a profité de bonnes performances sur ses principales activités : gestion d'actifs comme banque de grande clientèle, même si elle a enregistré dans ce dernier cas un ralentissement fin 2017 face au calme des marchés.

Natixis a profité de l'occasion pour annoncer l'acquisition de Comiteo, fournisseur de services comptables aux comités d'entreprise. Le montant n'est pas précisé, M. Mignon évoquant une « petite société ». Cerise sur le gâteau, contrairement à ses principales concurrentes présentes aux Etats-Unis, Natixis a inscrit un gain à la suite de la réforme fiscale de Donald Trump : 100 millions d'euros.

Si la loi réduit le taux d'imposition des banques, elle les force aussi à revoir à la baisse les déductions dont elles comptaient bénéficier. Mais Natixis avait déjà concrétisé la plupart d'entre elles.