Le coût de traitement d’un chèque est environ 50 fois supérieur pour une banque à celui d’un virement ou d’un paiement par carte, selon des chiffres estimés par PPI, une société de conseil bancaire allemande.

7,5 milliards d’euros : c’est le coût total annuel du traitement des opérations financières par les banques européennes selon PPI. Une somme impressionnante, mais aussi une source potentielle d’économies, estime la société de conseil. Pour alléger la facture, il suffirait par exemple de réduire les moyens de paiement avec « justificatifs physiques ». Notamment les chèques.

Démonstration : quelque 68,7 milliards de transactions électroniques - des paiements par carte, des virements, des prélèvements - ont été réalisées dans l’espace SEPA en 2015. Le coût de leur traitement pour les banques a été de 1,47 milliard d’euros, soit environ 2 centimes en moyenne par transaction. Qu’en est-il du chèque ? Toujours selon les estimations de PPI (1), le traitement des 2,66 milliards de transactions effectuées par ce moyen a coûté aux banques 2,68 milliards d’euros. Soit plus de la moitié des coûts totaux pour un moyen de paiement qui représente seulement 3,6% des transactions : le traitement d’un chèque coûte environ 50 fois plus cher que celui d’une transaction électronique, par virement ou par carte !

La France, le « pays du chèque »

Tous les pays ne sont pas exposés de la même façon à ces coûts de traitement. PPI rappelle ainsi que le chèque a disparu, ou presque, de la plupart des marchés européens. Mais pas en France. « Le marché français du paiement constitue une exception en Europe : la part des paiements par carte y est d’une part extrêmement forte (un peu plus de 50% des transactions sont effectuées par carte) et les transactions sont donc très largement automatisées. Mais dans le même temps, la France est le pays du chèque : au supermarché, pour régler leur prime d’assurance ou encore pour payer leurs impôts, les Français sortent souvent plus volontiers leur chéquier », détaille Hubertus von Poser, membre de la direction de PPI, dans une tribune.

Ainsi, en 2016, un peu plus d’un paiement sur 10, hors espèces, s’est encore fait en chèque dans l’Hexagone. L’année précédente, selon les statistiques de la Banque centrale européenne, 84% des chèques émis dans la zone euro l’étaient en France. Une fidélité qui s’explique évidemment par l’habitude, mais aussi par la gratuité. « En France, (…) les petites entreprises et les professions libérales s’y accrochent encore », poursuit Hubertus von Poser. « Les groupements d’indépendants et d’artisans déplorent par exemple des coûts de location et des frais courants élevés pour les terminaux de paiement. »

Un poste de dépenses qui pourrait être massivement réduit

Cela pourrait toutefois changer. L’Etat s’est en effet engagé depuis 2015 dans une nouvelle stratégie nationale des paiements, destinée à renforcer l’industrie française dans ce secteur. Parmi les chantiers engagés, le développement des alternatives au chèque : paiement par carte sans contact, virements entre particuliers, virement référencé en temps réel pour les entreprises, etc.

L’enjeu est d’importance, selon PPI : « [Les transactions en euros représentent] un poste de dépenses conséquent qui pourrait être massivement réduit en quelques années par quelques mesures telles que la réduction des justificatifs physiques ainsi qu’une plus grand efficacité pour les très coûteux paiements SWIFT. La France est en bonne position avec une part élevée de paiements efficaces par carte et une infrastructure de compensation centralisée, mais c’est surtout là que les chèques constituent un potentiel d’optimisation des coûts. »

(1) Estimation basée sur une étude comparative sur les opérations financières SEPA en Allemagne. PPI a estimé sur cette base le coût total des opérations financières pour toutes les banques de l’espace SEPA, dont la France.