Arrivée d'Orange Bank, loi Macron... Rien n'y fait, les prix des services bancaires continuent à monter en 2018. Mais derrière cette tendance générale, à l'œuvre depuis des années, se cachent des écarts marqués entre clients, régions et établissements.

« Malgré le développement des offres alternatives, (...) nous constatons quand même une hausse des prix » bien que « limitée », a résumé jeudi Jean-Yves Mano, président de CLCV, lors d'une conférence sur une étude annuelle sur le sujet. L'association de défense des consommateurs manifeste sa déception. Elle ne cache pas qu'elle comptait sur l'arrivée en novembre d'Orange Bank, offre bancaire du géant des télécoms, pour bousculer le secteur et pousser à une baisse des tarifs ou, du moins, une stabilisation.

CLCV juge également limitées les conséquences de la loi Macron. Entrée en vigueur début 2017, à la suite du passage au ministère de l'Economie de l'actuel président de la République, ce dispositif simplifie les démarches des clients souhaitant changer de banques. « La mobilité bancaire reste encore faible et (les banques) en profitent », estime Jean-Yves Mano, pointant une explosion des frais pour transférer certains produits d'épargne comme le PEL d'un établissement à l'autre.

Lire aussi : Changement de banque : ce qu'il vous reste à faire malgré la loi Macron

« Les petits clients sont les mal-aimés du secteur bancaire »

Dans le détail, CLCV étudie les tarifs au 1er février de 130 banques, jugeant séparément chaque caisse régionale d'établissements comme le Crédit Agricole. Contrairement à d'autres études sur le sujet, elle n'indique pas d'évolution générale, mais calcule des tendances séparées pour plusieurs types de clients, classés cette année en quatre catégories - cette démarche ne lui permettant pas d'évaluer Orange Bank dont l'offre n'est pas jugée encore assez large. Si les tarifs moyens augmentent partout, la progression est minime pour les profils « moyen » et « gros consommateur », qui correspondent à des couples à l'usage plus ou moins intensif de services bancaires.

Par contraste, « les petits clients sont les mal-aimés du secteur bancaire », regrette le président de la CLCV. Dans les deux catégories qualifiées « petits consommateurs », soit un célibataire utilisant un nombre limité de services, les tarifs montent de 2,28% ou de 1,25%, selon, respectivement, que le client consulte son compte sur internet ou par serveur téléphonique. Ces évolutions s'entendent pour les banques « physiques » basées en France métropolitaine. CLCV, qui note par ailleurs une stabilité générale des tarifs de banques en ligne comme Boursorama, regrette des hausses encore plus marquées dans l'outre-mer.

De façon générale, l'association met l'accent sur les écarts tarifaires d'une banque à l'autre, estimant que pour les petits consommateurs, l'écart peut aller du simple au quadruple pour un service équivalent. Ces évolutions - hausse générale des tarifs et écarts marqués entre les prix - vont dans le sens d'autres études publiées fin 2017 et début 2018 par des comparateurs privés et des associations de consommateurs.

Frais bancaires : +2,2% en 2018 selon l'UFC-Que Choisir

Une autre association de consommateurs, l'UFC-Que Choisir, regrettait début janvier que « la guerre des prix (n'ait) pas eu lieu », évaluant à 2,2% la hausse moyenne des tarifs bancaires par rapport à l'année précédente sur la base d'un comparatif entre une vingtaine de banques, soit la sixième année consécutive de progression selon l'association.

Elle fait état d'écarts encore plus marqués que l'étude de CLCV : de un à six pour les profils haut de gamme et les seniors, de un à 17 pour un actif ou une utilisation standard de compte et de un à dix pour un usage intensif du compte, notamment en cas de dépassement du découvert autorisé. Ce dernier point reste dénoncé en priorité par les différentes associations de consommateurs, même si la loi plafonne déjà depuis plusieurs années certains frais « d'incident » facturés dans ce cadre - comme lorsque le client se voit rejeter un paiement.

60 Millions de consommateurs, magazine de l'Institut national de la consommation (INC), avait, à ce titre, dénoncé fin 2017 une « bouée de plomb » pour les personnes en difficulté, conduisant le gouvernement à confier une mission au Conseil consultatif du secteur financier (CCSF), organisme regroupant des représentants des consommateurs comme des entreprises du secteur. « Cela montre qu'il y a une certaine sensibilité du gouvernement face à certaines pratiques », conclut Jean-Yves Mano, de la CLCV.

Pour aller plus loin : le palmarès cBanque des banques les moins chères