La France fait figure de leader européen dans un secteur de la Fintech, celui des agrégateurs bancaires, avec quatre acteurs de premier plan. Qui sont-ils ? Que font-ils ? Tour d’horizon.

On les appelle aujourd’hui les « agrégateurs ». Peut-être y ferons-nous référence, à l’avenir, en utilisant la terminologie européenne officielle : « services d’information sur les comptes ». Toujours est-il que Bankin’, Linxo et les autres sont ces temps-ci sous les feux des projecteurs.

La France brille en effet dans ce secteur de la Fintech - ces jeunes sociétés technologiques spécialisées dans les services financiers - avec quatre acteurs de premier plan qui collectent des données bancaires, les catégorisent et tentent de les valoriser sous forme d’analyse des dépenses, d’alertes préventives ou de planification d'objectifs. Le tout afin d’aider les utilisateurs à mieux gérer leur argent. Des services que les banques traditionnelles commencent à peine à proposer.

D’où viennent Bankin’, Linxo, Fiduceo et Budget Insight ? Que font-ils ? Nous avons fait le tour du marché, en nous appuyant sur les données publiées par le cabinet Wavestone dans sa newsletter d’avril 2017.

Bankin’, le leader

C’est sans doute la marque la plus connue parmi les agrégateurs français. C’est aussi, par l’intermédiaire de son CEO, Joan Burkovic, le principal porte-voix des intérêts des acteurs du secteur. Lancé en 2011 avec un capital de 8 000 euros, Bankin' revendique aujourd’hui 1,5 million d’utilisateurs. La société a récemment levé 7 millions d’euros, mais n’accueille toujours aucune banque à son capital.

Le cœur de son activité réside dans son application mobile, disponible sur iPhone et Android. Une appli opérationnelle sans nécessité de payer, mais qui propose, sur un modèle dit freemium, deux versions payantes - Plus, dès 2,49 euros par mois, et Pro, dès 8,33 euros - permettant de bénéficier de fonctions avancées. Ce n’est toutefois qu’un pan du modèle économique de Bankin’. L’entreprise utilise aussi les données de ses utilisateurs pour mieux les cibler et les orienter vers des partenaires commerciaux, notamment des banques en ligne.

Bankin’ est également devenu récemment le premier agrégateur européen à proposer à ses usagers d’effectuer des virements entre leurs comptes directement depuis l’application, grâce à une technique, le web scraping, dont la sûreté est critiquée par les banques, dans le cadre de la révision de la directive européenne sur les services de paiement.

Bankin’ en bref

  • Fondé à Paris en 2011
  • 1,5 million d’utilisateurs en Europe
  • Compatible avec 350 banques
  • Présent en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Espagne
  • Services : centralisation et catégorisation de données bancaires, virements depuis l’application…

Linxo, l’outsider

Principal concurrent de Bankin’, Linxo a fait les choses légèrement différemment. Certes, la fintech distribue également une application mobile gratuite, qui compte 1,2 million d’utilisateurs, et dispose d’une offre freemium, avec un accès aux fonctions avancées facturé 29,99 euros par an, ou 3,49 euros par mois. Mais Linxo a aussi choisi de travailler en partenariat avec les banques, en les accueillant à son capital et en leur fournissant ses services en marque blanche.

Le Crédit Mutuel Arkea est ainsi un partenaire de longue date de Linxo, qui a notamment développé l’application Fortuneo Budget pour la banque de ligne du groupe bancaire breton. Le Crédit Agricole l’a rejointe au capital en janvier 2016, à l’occasion d’une levée de fonds de 2 millions d’euros. Linxo est également installée, depuis avril 2016, au « Village by CA », la pépinière parisienne de la banque verte. HSBC France, de son côté, utilise la plateforme Linxo pour proposer un service d’agrégation de compte à ses clients.

Linxo est désormais en train d’ouvrir une « place de marché » de services financiers. Directement dans l’application, ses utilisateurs peuvent, en un clic, souscrire à des services tiers. Deux sont actuellement proposés : Birdycent, qui permet d’épargner les arrondis des dépenses cartes, et Grisbee, un coach financier.

Linxo en bref

  • Fondé à Aix-en-Provence en 2010
  • 1,2 million d’utilisateurs en France
  • Compatible avec 150 banques
  • Services proposés : centralisation et catégorisation de données bancaires, solde prédictif, place de marché de services financiers...

Fiduceo, l’agrégateur de Boursorama Banque

Face à l’émergence des agrégateurs, les banques peuvent adopter plusieurs attitudes : entrer à leur capital ; les utiliser comme fournisseur de services ; ou les racheter. La banque en ligne Boursorama, filiale de la Société Générale, a pris la troisième option en acquérant, en mars 2015, Fiduceo. Un rachat qui a permis au leader du marché de la banque en ligne de prendre un temps d’avance sur la concurrence en intégrant dans son espace client web des outils de gestion budgétaire gratuits : agrégation de comptes et de factures, catégorisation, solde prédictif et depuis peu virements sur comptes externes.

L’expérience de Boursorama Banque a été également été profitable à la maison-mère, la Société Générale, et à une autre filiale du groupe, le Crédit du Nord, qui ont toutes deux intégré ces nouvelles fonctionnalités dans leurs applications.

Fiduceo en bref

  • Fondé à Paris en 2011
  • Racheté par Boursorama en 2015
  • Compatible avec 170 banques
  • Services proposés : Centralisation et catégorisation de données bancaires, agrégation de comptes et de factures, virements sur comptes externes, coffre-fort numérique…

Budget Insight, le spécialiste de la marque blanche

C’est le moins connu des 4 agrégateurs français. Logique, car Budget Insight n’opère pas, à destination du grand public, sous son propre nom. Son application mobile, disponible sur iPhone et Android, est en effet distribuée sous la marque Budgea. Mais l’essentiel du business de ce spécialiste des interfaces de programmation (API) de connexion bancaire est ailleurs, dans la vente de ses technologies en marque blanche à des tiers : banques, assureurs, experts-comptables ou même fintechs.

Budget Insight en bref

  • Fondé à Paris en 2012
  • Présent dans 4 pays (France, Grande-Bretagne, Allemagne, Espagne)
  • Services proposés : centralisation et catégorisation de données bancaires, agrégation de comptes, de contrats et de factures, coffre-fort numérique, virements sur comptes externes…

BPCE a fait le choix d’un agrégateur interne

Depuis décembre 2016, le groupe BPCE (Banque Populaire - Caisse d’Epargne) propose à ses clients Banxo, une application bancaire mobile qui intègre des fonctionnalités d’agrégation de comptes et de gestion budgétaire. Une application qu’elle a choisi de développer en interne, plutôt que de s’adresser à un des quatre acteurs français du secteur.

Lire à ce propos : Caisse d'Epargne : Banxo, une appli pour « maintenir un lien » avec le client