Inquiétude grandissante pour l'emploi, manque accru de temps et de moyens : l'enquête 2017 du Syndicat national des banques sur les risques psychosociaux, dévoilée mardi, montre une détérioration des conditions de travail dans les banques, atténuée par une forte solidarité entre collègues.

Après 2011 et 2014, la troisième enquête nationale sur « les risques psycho-sociaux, le stress et la souffrance au travail » a été menée par un collectif universitaire à partir d'un questionnaire rempli anonymement par plus de 6.700 personnes travaillant dans les banques, sociétés financières et de crédit (hors Crédit Agricole et Caisse d'Epargne). Elle met en lumière « la problématique de la charge de travail », en augmentation, et surtout celle « de l'insécurité de l'emploi » qui fait une percée, a décrypté lors d'un point presse Régis Dos Santos, président national du SNB/CFE-CGC.

Trois quarts des répondants (76%) assurent avoir « une quantité excessive de travail » (contre 73,6% en 2014) et plus de deux tiers affirment ne pas avoir le « temps nécessaire » pour faire « correctement » leur travail (69% contre 63,6%). Et même si l'autonomie en matière de prise de décision a légèrement augmenté, selon le ressenti exprimé, elle ne s'accompagne pas des moyens humains et techniques adéquats.

« La responsabilité augmente, mais pas les possibilités de gérer »

Pour un chef d'agence par exemple, qui n'a pas la maîtrise de ses effectifs, « la responsabilité augmente, mais pas les possibilités de gérer », décrypte l'ergonome et psychologue du travail, Xénophon Vaxevanoglou, qui a piloté l'enquête.

Plus inquiétant, l'enquête démontre une crainte grandissante pour l'emploi. Ainsi, 37% des répondants pensent que leur « sécurité d'emploi est menacée », un chiffre en hausse de 8 points (28,9%) par rapport à 2014 et de 14 points (23,1%) par rapport à 2011. Il y a un « sentiment d'insécurité qui émerge tout d'un coup de manière explosive », alors « qu'on était dans un secteur protégé » jusqu'à présent, prolonge Xénophon Vaxevanoglou.

« Une peur très rationnelle »

Les effectifs diminuent de manière constante, sans plan massif de licenciements mais avec des « micro-réorganisations » perpétuelles, appuie le chercheur qui évoque un métier en pleine transformation. « Les salariés qui sont en première ligne se disent où on va ? », dit-il. C'est « une peur très rationnelle », surtout pour les conseillers clientèle qui voient leur métier menacé par les développements informatiques, avance Régis Dos Santos.

Malgré tous ces points noirs, le personnel des banques peut compter sur des « collectifs de travail forts », ce qui atténue son mal-être, relève Xénophon Vaxevanoglou. Il y a « une solidité des collectifs de travail qui font tampon dans l'équation qui conduit des risques psychosociaux aux problèmes de santé », affirme-t-il. « Vous enlevez ça, on a une nouvelle épidémie », prévient-il néanmoins.